Ça veut dire quoi, être queer? On a demandé à 7 personnalités LGBTQ+
Julien Bouthillier
Quand Cœur de pirate a fait coming out en tant que queer en 2016, le terme était peu connu et peu utilisé au Québec, surtout chez les francophones. Six ans plus tard, de plus en plus de personnes issues de la communauté LGBTQ+ se revendiquent de ce terme. Et si queer était d’abord une réappropriation – surtout chez les anglophones – d’une insulte homophobe, il compte aujourd’hui autant de significations que de gens qui s’y identifient.
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Sept membres de la communauté LGBTQ+ ont accepté de nous donner leur définition du terme et de nous expliquer pourquoi il les représente si bien.
Chris Bergeron, vice-présidente créativité inclusive chez Cossette et autrice
«J’aurais aimé que ce mot soit plus connu ou utilisé dans ma jeunesse, au début de mes explorations identitaires. Parce que ce que j’aime dans cette notion de queer, c’est qu’elle permet beaucoup de liberté. C’est une étiquette qui est, je crois, volontairement floue, et ça ne limite pas à une seule version de la sexualité et de l’identité.
«C’est un mot qui est un petit peu plus romantique, même aspirationnel. Queer: les bizarres, les gens qui ne sont pas exactement comme les autres ou les uns comme les autres, ce qui est bien aussi, on est tous le queer de quelqu’un. Donc, moi je le vois comme ça, je le vois comme une sorte d’appropriation de – entre guillemets – la bizarrerie, et ce n’est pas plus mal que ça.»
Marie Gagné, créatrice de contenu et animatrice du balado Rainbows & Orgasms
«Les mots que j’utilise le plus pour décrire mon orientation sexuelle sont queer et lesbienne. Quand tu te considères queer, c’est que tu ne tombes pas dans l’hétéronormativité. Il s’agit d’un terme parapluie qui englobe plein d’identités différentes. La raison pour laquelle il se retrouve dans ma bio Instagram est parce que je le trouve inclusif et accueillant. Pour moi, dire que tu es queer, c’est comme dire que tu fais partie de la communauté LGTBQ+, donc il y a le sentiment d’appartenance qui vient avec.»
Zoé Duval, youtubeur et tiktokeur
«Pour moi, être queer, c’est quand ton orientation ou ton identité sexuelle ne correspond pas aux normes de la société. Je me considère queer, parce que je n’aime pas non plus mettre d’étiquette fixe sur ma sexualité, et on dirait que ce terme-là me le permet. Ça enlève une certaine pression, parce que, pour moi, la sexualité, c’est un concept qui peut tellement évoluer.»
Gabrielle Boulianne-Tremblay, autrice et actrice
«C’est un terme qui réconforte, qui englobe tout et qui nous permet aussi de ne pas mettre d’étiquettes sur les gens. [...] Ce que je trouve beau, c’est que tout le monde a sa propre définition. [...] C’est un terme accueillant, je trouve! De dire que je suis queer, ça m’aide à m’empuissancer [empowerment], à me réapproprier ma réalité au lieu de la subir.»
Moe Hamandi, président.e du conseil d'administration de Fierté Montréal
«Si on revient un peu à l’histoire du mot, c’était une insulte, en anglais, dans les années 80, de dire à une personne qu’elle était queer, donc bizarre, étrange. [...] Mais avec ma vision positive des choses, je dis que je suis peut-être différente, bizarre ou étrange aux yeux de certaines personnes, mais que c’est ce qui fait de moi une personne différente.
«Le mot queer, c’est le mot qui va nous permettre de sortir un peu de notre zone de confort habituelle sociétale. C’est de refuser d’être étiqueté en fonction de mon orientation sexuelle ou identité de genre.»
Maxence Garneau, créateur de contenu
«Avant, je me définissais vraiment comme gai. Mais, à un moment donné, je ne me sentais pas tant interpellé par les enjeux qui touchent les hommes gais [qui se reconnaissent davantage dans les normes de genres]. C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience du mot “queer’’ et que les enjeux que ce mot-là portait me touchaient plus.
«On dirait que dans la communauté queer, chaque personne est unique, et c’est ça qui fait que c’est beau! Pour moi, être queer, c’est être unique, être soi-même, et ne pas avoir peur non plus de se définir par soi-même. C’est la liberté d’être qui on a envie d’être et de projeter ce qu’on a envie de projeter finalement.»
Gabrielle Marion, youtubeuse, actrice et écrivaine
«Pour moi, être queer, c’est simplement faire partie de la communauté LGBTQ2A+. Je crois que le titre [queer] peut inclure les alliés [de la communauté LGBTQ2A+], mais aussi les possibilités illimitées de titres [orientations sexuelles et identités de genre] qui font partie de la communauté. Je me considère comme une personne queer moi-même. Je pense que le mot queer est un diminutif pour “Je fais partie de la communauté LGBTQ2A+”, sans mettre d’étiquette super spécifique.»