«Ça change tout pour moi»: cette jeune maman atteinte d’un cancer du cerveau a encore de belles années devant elle grâce à un nouveau traitement
Ce médicament qui cible spécifiquement sa tumeur lui évite les effets toxiques de la chimiothérapie


Hugo Duchaine
Une jeune mère de Terrebonne atteinte d’un cancer du cerveau incurable peut espérer vivre encore plusieurs années en santé grâce à un nouveau médicament tout en évitant les toxiques effets secondaires de la chimiothérapie.
«Ça change tout pour moi, pour mon avenir. Ça m’enlève un stress», confie Cindy Robitaille, âgée de 31 ans et mère de deux jeunes enfants de 2 et 5 ans.
Depuis cet automne, elle prend un nouveau médicament, le Voranigo, qui cible spécifiquement les cellules cancéreuses dans son cerveau. Il est donc plus précis que les traitements traditionnels de chimiothérapie et de radiothérapie, sans comporter de lourds effets secondaires.
«C’est une percée majeure, lance la neuro-oncologue du Centre universitaire de l’Université Montréal Sarah Lapointe. C’est le premier traitement depuis plus de 20 ans pour ce type de tumeur.»
En pleine grossesse
Cindy Robitaille a découvert qu’elle avait une tumeur au cerveau en janvier 2022 en faisant une crise d’épilepsie alors qu’elle était enceinte de cinq mois.
Elle avait un gliome de grade 2 présentant une mutation particulière. «Autant c’est rare, autant c’est grave puisque c’est incurable et difficile à traiter», ajoute la Dre Lapointe, l’une des rares neuro-oncologues du pays.

Ces tumeurs, qui touchent plus d’une cinquantaine de Québécois par année, sont plus fréquentes chez les jeunes adultes et malheureusement mortelles, poursuit-elle.
Cindy Robitaille a attendu trois mois après son accouchement pour passer sous le bistouri. «Ils ont enlevé le plus gros, mais ils ne pourront jamais tout retirer, car les risques de séquelles sont trop grands», dit-elle.

Elle a dû rester éveillée pendant les huit heures de l’opération, justement pour éviter d’être paralysée ou de perdre certaines facultés. Elle devait par exemple lever le bras ou parler à certains moments pour guider les chirurgiens.
La tumeur est comme une pelletée de sable dans l’herbe, illustre la Dre Lapointe. Il est possible d’en retirer une partie, mais il en restera toujours.
De 11 à 28 mois
Elle suit une dizaine de patients avec le nouveau médicament, approuvé au Canada l’automne dernier. Un traitement très dispendieux, admet la médecin.

Bien que récent, les études évoquent une progression au moins deux fois plus lente du cancer, explique-t-elle. Plutôt que 11 mois sans le retour de la tumeur, les patients peuvent espérer aller chercher jusqu’à 28 mois.
Et surtout, une plus grande qualité de vie, plaide-t-elle.
Pour Cindy Robitaille, cela signifie des mois précieux, alors qu’elle peut même continuer sans problème à travailler en comptabilité.
«Je ne veux pas trop anticiper l’avenir, mais pour l’instant, ça va bien, et je me concentre sur ma famille et mes enfants», se réjouit-elle.

C’est quoi, un gliome de grade 2?
Les gliomes représentent le deuxième type de cancer le plus fréquent chez les Canadiens de moins de 40 ans.
Ils se propagent dans tout le cerveau et se mêlent au tissu normal, ce qui peut les rendre difficiles à enlever par chirurgie.
Ils ont tendance à envahir lentement les régions voisines du cerveau, mais ils peuvent devenir plus agressifs.
Les gliomes diffus avec mutations d’IDH sont incurables actuellement.
La radiothérapie ou la chimiothérapie peuvent suivre la chirurgie, lorsque la tumeur ne peut pas être enlevée complètement, ou devenir le traitement principal, si la chirurgie est impossible.
Source: Société canadienne du cancer
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