«Ça aurait pu être fait de manière plus élégante» - Mario Cecchini
Philippe Asselin
Un mois après avoir été largué par les Alouettes, l’ancien président Mario Cecchini n’est pas amer, même si la fin de son association avec le club l’a pris par surprise.
Le 19 décembre dernier, «Le Journal de Montréal» a appris que les «Als» n’allaient pas renouveler le contrat du dirigeant. Encore à ce jour, l’organisation n’a pas publié de communiqué à ce sujet. Les propriétaires ont plutôt laissé l’odieux de confirmer la nouvelle au directeur général Danny Maciocia, au moment de présenter son nouvel entraîneur-chef Jason Maas aux médias le lendemain.
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Il ne faut pas s’en surprendre, mais les propriétaires n’ont pas été plus délicats dans leur manière de procéder avec Cecchini.
«Ma dernière conversation avec le propriétaire minoritaire [Gary Stern] était à la fin du mois de novembre. Après ça, on m’a dit de jaser avec les avocats de la succession. J’ai leur ai clairement dit que je voulais poursuivre», a-t-il raconté lundi, lors d’une généreuse entrevue.
«Finalement, je n’ai jamais eu de rencontres. Elles ont été continuellement repoussées et l’un des avocats m’a simplement dit ne pas être dans une position de renouveler mon contrat.»
Questionné à savoir s’il estimait le tout comme un manque de respect, Cecchini n’a pas voulu faire de vague.
«Mon objectif [avec cet entretien], c’est surtout de dire merci aux partisans. Cependant, j’aurais souhaité avoir minimalement le respect d’avoir des conversations.»
«Ça aurait pu être fait de manière plus élégante», a-t-il ajouté.
Remettre les pendules à l’heure
Cecchini en a également profité pour remettre les pendules à l’heure concernant une déclaration de Stern. Le 22 décembre dernier, en entrevue avec le réseau TSN, celui qui possède 25 % des Moineaux a déclaré que le départ du président constituait une décision mutuelle.
«Je tiens à corriger la chose, ce n’était pas du tout mutuel, a-t-il indiqué. Je ne suis pas du genre à abandonner en plein milieu de la partie.»
Cecchini a été embauché en janvier 2020, quelques jours après l’arrivée des nouveaux propriétaires, soit Sid Spiegel et son gendre Gary Stern. Le premier est décédé en juillet 2021 et ses parts dans l’équipe [75 %] sont devenues la propriété de sa succession, soit trois individus dont l’identité est inconnue.
Vous aurez compris que ce sont deux avocats qui discutent des affaires courantes avec les dirigeants des Alouettes, et non pas les nébuleux propriétaires majoritaires. C’est par ailleurs l’avocat avec qui Cecchini n’avait pas eu de contact depuis trois mois qui lui annoncé qu’il n’était plus dans les plans de l’équipe...
Voyez, dans la vidéo ci-dessus, une entrevue de Cecchini à l’émission de TVA Sports «JiC», mardi.
Travail inachevé
Dans l’un de ses rares échanges avec l’un des avocats, Cecchini lui a expliqué qu’il venait de conclure la première année d’un plan de cinq ans pour relancer les Alouettes. Elle suivait deux années où la pandémie a représenté un défi colossal avec l’annulation de la saison 2020 et la campagne écourtée de 2021.
En se fiant aux chiffres, le plan mis en place par Cecchini et son équipe fonctionnait. En 2022, les «Als» ont notamment connu une forte augmentation de leur moyenne d’assistance par rapport à la campagne précédente, passant de 13 063 à 17 683 spectateurs.
«Ce qui est le plus dommage dans ce qui est arrivé, c’est que je n’ai pas pu aller au bout du travail que j’ai entamé», a exprimé l’ancien président.
Cecchini a aussi tenu à préciser qu’il ne s’agissait pas d’un «one-man-show».
«Mon départ, je ne veux pas que les gens perçoivent ça comme un reflet du travail de l’ensemble. Les indicateurs étaient au vert et c’est dû au travail de plusieurs. Ils [les propriétaires] avaient le droit de vouloir emprunter une direction différente, mais nous devons être fiers du travail que nous avons accompli.»
«Malgré les défis, la COVID-19, le départ de M. Spiegel et tout ce que cela a amené comme changements, ce fut une expérience extraordinaire», a-t-il conclu avec sérénité.
Un homme du peuple
Il y a beaucoup de réalisations dont Mario Cecchini est fier de son passage comme président des Alouettes, mais rien n’égale la relation avec les partisans.
«Nous avons réussi à bâtir une proximité et j’en suis très fier», a-t-il souligné.
Lors des entraînements et des matchs, il n’était pas rare de voir Cecchini prendre de longs moments pour discuter, répondre aux questions et serrer les mains des amateurs. Il a également été l’architecte de plusieurs moments où les joueurs se sont impliqués dans la communauté, comme des visites à la Maison Bon Accueil.
«Une équipe sportive, ça touche les gens. J’avais sous-estimé l’impact que pouvait avoir la proximité avec quelqu’un de l’administration, a affirmé Cecchini. On m’a souligné comment la transparence et la meilleure communication possible étaient appréciées.»
Vague d’amour
Quand on a appris que les Alouettes ne retiendraient pas les services de leur président en décembre, les partisans ont été des centaines à exprimer leur incrédibilité sur les réseaux sociaux. Ils ont aussi témoigné beaucoup d’amour à Cecchini.
«Ça m’a touché d’une manière incroyable. Mais ces commentaires positifs, ils vont à toute l’équipe de direction des Alouettes. Ce n’est pas un "one-man-show". Nous avons tous travaillé dans le même sens.»
Des partisans ont même lancé une pétition pour que les «Als» réembauchent le dirigeant.
«J’étais assis à côté de ma femme et j'ai eu les larmes aux yeux», a raconté Cecchini à propos de sa réaction quand il a été mis au courant de l’initiative.
S’il est clair que les actuels propriétaires des Alouettes ne veulent plus de Cecchini, que surviendra-t-il si l’équipe est vendue et que les nouveaux venus veulent le réintégrer?
«Si ça change, je n’aurais aucune raison de ne pas écouter», a-t-il répondu.