Charlotte Flair : amener la lutte féminine à un autre niveau
Patric Laprade
La championne féminine de SmackDown, Charlotte Flair, n’a pas la langue dans sa poche et l’auteur de ces lignes l’a appris à ses dépens cette semaine.
La discussion était entamée depuis quelques minutes déjà lorsque j’ai demandé à Charlotte, qui va avoir 36 ans le mois prochain et qui célèbre ses 10 ans dans le monde de la lutte, si elle avait des plans pour son après-carrière et combien de temps elle croyait être capable de continuer à performer à ce niveau.
« Si l’opportunité arrive, je ne dirais pas non à un film, a-t-elle répondu. Mais je crois qu’avec des femmes comme Lita et Trish Stratus qui reviennent et toutes les autres lutteuses ici et à NXT, j’ai encore de bons matchs à avoir. En fait, je trouve ça un peu fou quand on me demande si je pense à la retraite. »
S’en ait suivi une discussion fort intéressante.
- Je voulais surtout savoir si tu avais des plans à plus long terme, si tu pensais si loin en avance
- Oh non, pas vraiment!
- Parce qu’il est rare de voir des femmes continuer leur carrière après 40 ans.
- Mais ça, tu vois, c’est un problème. Pourquoi une femme ne pourrait pas continuer après 40 ans?
- Bon point.
- On ne demanderait pas ça à un homme
- En fait, je l’ai demandé à Kevin Owens la dernière fois que je lui ai parlé.
- Ah! Ben c’est cool ça!
Une disparité hommes-femmes
La discussion a repris dans la bonne entente, je vous rassure. Néanmoins, c’est un échange que j’ai trouvé fort fascinant et qui m’a fait réfléchir. Alors j’ai fait quelques recherches.
Sur 22 lutteuses actives en ce moment à Raw ou SmackDown, seulement deux sont âgées d’au moins 40 ans. Chez les hommes, on parle de 16 sur 57, soit trois fois plus que chez les dames.
Pourquoi donc?
J’ai communiqué avec la Québécoise LuFisto, en Allemagne cette fin de semaine pour un des plus gros tournois de lutte sur la scène internationale, le 16-carat Gold. J’étais curieux d’avoir son avis sur le sujet.
« Le plus gros problème est qu’il y a vraiment un double standard lorsqu’on parle d’âge, croit celle qui est une pionnière dans le monde de la lutte féminine. Un homme de 40 ans et plus sera décrit comme expérimenté. La femme elle, sera qualifiée de vieille. Un athlète, homme ou femme, devrait être jugé par ses performances et ce qu’il ou elle peut apporter à la promotion.
« Personnellement, je trouve que mes combats aujourd’hui sont meilleurs que ceux du passé, ajoute-t-elle. Je travaille plus intelligemment, je sais guider mon adversaire si elle a moins d’expérience, j’ai une notion du temps et une connaissance de mon environnement qui s’apprend seulement avec l’expérience. J’apporte beaucoup plus au domaine à 42 ans qu’à 20-25 ans. »
Les matchs mixtes, pas une priorité
Une des choses pour laquelle LuFisto a été connue est d’avoir été l’une des premières sur le circuit indépendant à lutter de façon régulière contre des hommes. Récemment, l’ancien lutteur Jeff Jarrett mentionnait qu’il verrait Charlotte Flair défier le Québécois Sami Zayn pour le titre Intercontinental, titre que Zayn a perdu d’ailleurs vendredi dernier à SmackDown face à Ricochet.
Toutefois, les matchs mixtes – homme contre femme – ne sont pas permis à la WWE. En fait, on permet à une femme de faire une prise à un homme, mais pas l’inverse.
Habituellement, l’opinion des lutteuses varie à ce sujet. J’ai donc demandé à Charlotte ce qu’elle pensait des propos de J-E-double F, J-A-double R-E-double T.
« Ce que Jeff a voulu dire, je pense, c’est que j’ai les capacités voulues pour affronter un homme dans l’arène. C’est tout un compliment, très flatteur. Toutefois, ce n’est pas quelque chose que j’ai déjà fait et bien qu’il ne faut jamais dire jamais, mon focus présentement est sur la division féminine et amener celle-ci à un autre niveau. »
Parlant d’amener la division à un autre niveau, Flair défendra son titre face à Ronda Rousey à WrestleMania, dans un match qui pourrait très bien être la finale de la première soirée de WrestleMania, qui sera tenu sur deux soirs cette année. Et Charlotte a beau avoir été championne à 13 reprises, un match contre celle qui est surnommée la femme la plus redoutable de la planète est quelque chose qui l’enchante grandement.
« Je ne veux pas sonner clicher, mais ça va être tout un moment pour moi. Il s’agit d’un match de rêve pour moi. Je suis comme, est-ce que ça arrive vraiment? Ça ne m’a pas encore frappé. C’est juste trop fou! Lorsqu’on s’est affrontées au Survivor Series en 2018, ce n’était qu’une infime partie de ce qu’on pouvait faire. J’y vais vraiment avec la mentalité de voler le show! »
Ronda Rousey a influencé la WWE
Plusieurs créditent Rousey pour le changement d’attitude de la WWE envers sa division féminine. Lors de son passage en arts martiaux mixtes, avec l’UFC, Rousey
faisait régulièrement les finales et a attiré à elle seule, plus d’un million de ventes à la télé à la carte à trois reprises. Voyant son succès, la WWE, plus particulièrement Stephanie McMahon et son conjoint Paul Levesque (Triple H), ont décidé de donner plus de place à certaines de leurs lutteuses à NXT.
Le groupe comprenait à l’époque Paige, Emma, Sasha Banks, Bayley, Becky Lynch et Charlotte Flair. Entre autres, un match entre Flair et Natalya, avec dans leurs coins respectifs le père de Charlotte, Ric, et l’oncle de Natalya, Bret Hart, avait été très bien reçu par la critique. Depuis, plusieurs lutteuses ont fait les frais de finales, dont deux fois à WrestleMania.
« Si Ronda Rousey n’a pas le succès qu’elle a obtenu avec l’UFC, je ne sais pas s’il y a une évolution de la lutte féminine à la WWE, opine Charlotte, qui avait affronté Rousey et Lynch dans la première finale féminine de l’histoire de WrestleMania en 2019. Elle a démontré qu’une femme pouvait être une vedette, faire des finales et que le genre ne faisait pas de différence. Elle a ouvert des portes pour bien des choses. »
Outre Rousey, dans un match en simple en finale de WrestleMania, Charlotte aimerait beaucoup affronter Lita, qui a fait un retour dernièrement. L’ancienne championne, qui avait elle-même été une des pionnières il y a une quinzaine d’années lorsqu’elle avait affronté Trish Stratus en finale d’un Raw, a lutté contre Becky Lynch lors de l’événement Elimination Chamber.
« J’adorerais affronter Lita, absolument! Elle a été une personne très importante pour moi à mes débuts. Dans ma première année, j’ai tellement appris d’elle, que si j’avais l’opportunité de l’affronter maintenant, ce serait super! J’ai beaucoup de similitudes avec Trish, alors je pense qu’on aurait une chimie naturelle. »
Ce soir à la Place Bell de Laval, Charlotte fera équipe avec Sonya Deville pour affronter Ronda Rousey et Noami, un combat pour lequel la championne suggère qu’on porte une attention particulière.
« Ça va être le match revanche d’Elimination Chamber, alors les gens peuvent s’attendre à de l’action d’un bout à l’autre du combat et un avant-goût de ce qui va se dérouler à WrestleMania », conclut-elle.
L’ancien champion de la WWE, Jinder Mahal, au match du CF Montréal
Jinder Mahal était l’invité du CF Montréal hier, lors du match d’ouverture disputé au Stade Olympique.
Très sympathique, j’ai eu l’opportunité de l’interviewer pendant l’avant-match. Pour ceux et celles qui ne sont pas au courant, Mahal provient de Calgary. Comme bien des jeunes canadiens, il a grandi en jouant à plusieurs sports, dont le soccer.
« Ça a été mon deuxième amour », m’a-t-il dit.
Mahal, de son vrai nom Yuvraj Dhesi, est d’origine indienne. Son oncle, Gama Singh, a entre autres lutté pour Stampede Wrestling à Calgary et à la WWE, avant d’être gérant à Impact. J’ai demandé à Jinder qui il encouragerait, si jamais un match, improbable, avait lieu entre le Canada et l’Inde à la Coupe du monde de soccer. « Je prendrais pour l’Inde, mais je voudrais voir le Canada bien faire aussi », dit-il, fier de ses deux origines.
L’ancien champion de la WWE habite maintenant à Tampa et c’est la première fois ce weekend qu’il mettait les pieds au Canada depuis le début de la pandémie. Sa famille l’avait visité en Floride, mais lui n’avait pas encore eu la chance d’aller les voir à Calgary.
C’est donc un retour à la maison pour Jinder alors que la WWE revient au Canada pour la première fois en plus de deux ans. L’organisation de Vince McMahon avait présenté un événement à Winnipeg en février 2020, tout juste avant le début de cette crise sanitaire. Quelques semaines auparavant, en décembre 2019, elle s’était arrêtée à Laval.
« J’ai très hâte de revenir dans l’arène en sol canadien, alors que je vais affronter Shinsuke Nakamura! » nous a dévoilé Jinder, en conclusion.
Carte complète de ce soir
Voici d’ailleurs la carte complète de l’événement, qui aura lieu ce soir à 19h, à la Place Bell de Laval.
· Le champion Universel Roman Reigns c. Drew McIntyre
· Ronda Rousey et Naomi c. Charlotte Flair et Sonya Deville
· Le champion Intercontinental Ricochet c. Sami Zayn
· Big E c. Sheamus, accompagné par Ridge Holland
· Les Viking Raiders c. Happy Corbin et Madcap Moss
· Jinder Mahal c. Shinsuke Nakmura, accompagné par Rick Boogs
· Natalya c. Shotzi
· Aliyah c. Shayna Baszler
Évidemment, la carte est toujours sujette à changement. Il reste des billets pour ce soir et ils sont en vente sur le site d’Evenko.