Budget Girard: «On est dans une situation difficile pour quelques années», affirme le vice-président du Conseil canadien des Affaires
Marie-Anne Audet
Le sentiment d’urgence lié à l’incertitude économique manque dans le budget déposé par le ministre des Finances Eric Girard, a estimé Robert Asselin, vice-président du Conseil canadien des Affaires.
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«D’un côté, il voit bien l’épée de Damoclès au-dessus de l’économie québécoise [en raison des tarifs douaniers américains]. Et de l’autre côté, un budget un peu mitoyen, je dirais, dans sa réponse économique. Oui, on pose des gestes [...], mais en général, on ne sent pas vraiment l’urgence que j’aurais peut-être aimé voir dans un budget comme ça», a-t-il statué lors d’une entrevue à LCN, mardi.
L’expert a également été surpris des prévisions du budget, qui prévoit une hausse de 1,1% du produit intérieur brut (PIB) prévue pour l’année 2025-2026.
«Moi, je me suis attendu autour de quelque chose au-dessus de zéro, peut-être pas au-dessous de zéro, qui donnerait une récession. Mais en tout cas, quelque chose d’un peu plus prudent. 1,1%, je trouve ça élevé dans les circonstances. Donc, les prémisses économiques sur lesquelles est basé ce budget-là sont relativement optimistes», a-t-il souligné.
Économie en décroissance
Le rythme des dépenses prévues au budget Girard de 2025 sera considérablement ralenti, a rapporté Robert Asselin.
La «décélération» de la croissance se traduira ultimement par des compressions dans de nombreux ministères, selon l’expert.
«Une décélération de la croissance, ça veut dire qu’il va falloir enlever des ressources dans plusieurs ministères. Il va falloir diminuer pour combler, évidemment, les besoins en santé et en éducation, qui sont criants, qui sont urgents», a dit M. Asselin.
«Ça va être des équilibres très difficiles à faire [dans une] économie, évidemment, qui ne croit pas à un rythme soutenu. La productivité n’est pas là. Et donc, structurellement, le Québec et le Canada, on est dans une situation difficile pour quelques années», a-t-il poursuivi.
Ce dernier aurait aimé voir davantage de mesures afin d'augmenter la productivité.
«Notre économie a vraiment besoin de résilience, puis je dirais d'investissements ciblés dans les secteurs stratégiques», a-t-il plaidé.
Voyez l'entrevue complète dans la vidéo ci-dessus