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L'article provient de Le Journal de Montréal

Obésité : une bombe à retardement pour le développement du cancer du foie

New Africa - stock.adobe.com
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Photo portrait de Richard Béliveau

Richard Béliveau

16 février à 17h
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On observe actuellement une hausse importante de l’incidence du cancer du foie, même chez les jeunes adultes. Une étude montre que la progression de ce cancer est fortement associée aux dérèglements métaboliques causés par l’accumulation de graisse hépatique chez les personnes obèses. 

La manifestation visible de l’obésité est l’accumulation excessive de graisse au niveau du tissu adipeux sous-cutané, principalement au niveau du ventre, des hanches, des cuisses et des fesses. 

Cependant, lorsque les adipocytes du tissu adipeux sous-cutané ne parviennent plus à augmenter suffisamment en nombre et en taille pour emmagasiner le gras excédentaire, celui-ci est alors redirigé vers le tissu adipeux viscéral, au niveau des organes de l’abdomen comme le foie. Il est maintenant bien établi que cette accumulation de gras abdominal crée des conditions d’inflammation chronique responsables de la majorité des effets négatifs de l’obésité, que ce soit en termes de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 ou de différents cancers.

Foie gras

L’accumulation excessive de graisse viscérale au niveau du foie (stéatose hépatique non alcoolique) est particulièrement dangereuse, car elle peut évoluer en stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique (MASH) et, ultimement, en carcinome hépatocellulaire, le type le plus courant de cancer du foie. 

On estime qu’environ 25% des personnes obèses sont affectées par une stéatose hépatique et que 20% d’entre elles vont développer une MASH et par conséquent être exposées à une hausse du risque de cancer du foie.

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Étant donné la proportion croissante de personnes obèses, il n’est pas étonnant que l’incidence du cancer du foie suive une trajectoire parallèle. 

Par exemple, on observe déjà une hausse de l’incidence de ce cancer chez les jeunes adultes (moins de 50 ans) et il est inévitable que le fardeau imposé par ce cancer très difficile à traiter va s’accentuer au cours des prochaines années avec le vieillissement de cette cohorte (1).

Accumulation de mutations

Une étude récente permet de mieux comprendre comment la stéatose hépatique peut progresser en carcinome hépatocellulaire chez les personnes obèses (2). 

Les chercheurs ont observé que l’excès de graisse crée une inflammation et un stress oxydatif qui endommagent l’ADN des cellules du foie (hépatocytes). En réponse à cette agression, les hépatocytes entrent en sénescence, c’est-à-dire un état où elles demeurent en vie, mais ne se divisent plus. En conditions normales, cette réponse est tout à fait normale et même souhaitable, dans la mesure où elle donne le temps au corps de réparer les dégâts ou encore d’éliminer les cellules irréparables avant qu’elles acquièrent des propriétés cancéreuses.

Ce n’est cependant pas ce qui se passe dans le foie gorgé de graisse: les chercheurs ont découvert que non seulement les hépatocytes endommagés n’étaient pas éliminés, mais qu’en plus ils acquéraient la capacité de continuer à accumuler des mutations dans l’ADN nécessaires à leur évolution vers un stade cancéreux.

Cette étude montre encore une fois à quel point l’excès de graisse modifie en profondeur le fonctionnement de nos organes, avec des effets négatifs qui se font sentir jusqu’au niveau de notre ADN.

(1) Danpanichkul P et coll. Increased MASH-associated liver cancer in younger demographics. Hepatolgy Comm. 2025; 9: e0629.

(2) Gu L et coll. FBP1 controls liver cancer evolution from senescent MASH hepatocytes. Nature 2025; 637: 461-469.

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