Budget fédéral: «Avant de créer de nouveaux programmes, il faut financer ceux qu'on a déjà», lance Girard
Gabriel Côté | Agence QMI
Le ministre québécois des Finances, Éric Girard, digère mal la décision d’Ottawa d’injecter de nouvelles sommes pour les soins dentaires alors même que le fédéral ne finance selon lui pas suffisamment la santé.
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«Avant de créer de nouveaux programmes, il faut financer adéquatement ceux qu’on a déjà», a lâché M. Girard, mercredi matin, en mêlée de presse au parlement.
Le budget Freeland prévoit des montants pour continuer la mise en œuvre du programme de soins dentaires à toutes les personnes dont le revenu familial annuel est inférieur à 90 000 $ par année et qui ne sont pas couverts par un régime d’assurance public ou privé.
À Québec, la pilule passe mal, en raison du souvenir encore vif des transferts fédéraux en santé. Le Québec a obtenu 1 milliard $ supplémentaire par année, alors qu’il demandait 6 milliards $.
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«Le fédéral sous-finance la santé, et là on injecte des sommes supplémentaires pour les soins dentaires. Certainement, notre préférence, ça aurait été des sommes additionnelles en santé», a dit Éric Girard, visiblement déçu par cette mesure du budget fédéral.
Le coup est d’autant plus difficile à absorber que les formules de péréquation viennent d’être modifiées. «Ces formules retranchent de 300 à 400 millions $ par année pour le Québec en péréquation. On est d’accord avec ça», a remarqué le ministre des Finances.
«Mais il faut faire la somme de tous les transferts fédéraux, a-t-il aussitôt ajouté. Si vous nous donnez 1 milliard $ pour la santé et que vous nous enlevez 350 millions en péréquation, bien ça fait seulement 650 millions.»
Enfin, M. Girard a rappelé qu’un programme de soins dentaires est déjà en place au Québec, où plusieurs services sont couverts pour les enfants de 10 ans et moins. «Alors nous allons demander un retrait, avec compensation», a affirmé le ministre.
Transition énergétique
Néanmoins, Éric Girard a salué les sommes prévues dans le budget Freeland pour la transition énergétique et la décarbonation de l’économie. Il s’est réjoui du fait qu’Hydro-Québec sera éligible aux crédits d’impôt mis en place par le fédéral. «C’est très bon», a-t-il glissé.
Mais les 80 milliards $ que le fédéral investira sur 10 ans seront suffisants selon M. Girard pour faire contrepoids à l’Inflation Reducation Act, une loi votée en 2021 aux États-Unis pour la production d’énergie propre. Cette loi institue des subventions d’au moins 369 milliards de dollars américains d’ici 2032.
«L’effort est important, ça va aider», a commenté M. Girard.
Équilibre budgétaire
Le gouvernement Trudeau prévoyait jusqu’à récemment un retour à l’équilibre budgétaire d’ici 2027-2028. Ce n’est toutefois plus dans les plans, et le budget Freeland prévoit plutôt un déficit de 14 milliards $.
«Ça, c’est leur choix, a réagi prosaïquement Éric Girard. C’est certain qu’ils ont pris des décisions en fonction du fait qu’ils sont un gouvernement minoritaire et qu’ils ont une entente avec le parti néodémocrate.»
Le ministre québécois des Finances estime néanmoins que «le niveau de dette du gouvernement canadien n’est pas inquiétant».