Boycott des produits américains: «Le portefeuille est à droite, et le cœur est à gauche»

La colère ressentie par la population québécoise envers les États-Unis ne se traduira pas nécessairement dans ses habitudes d’achat, selon le professeur émérite à HEC Montréal, Jacques Nantel.

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«Essentiellement, comme j'ai toujours aimé le dire dans ma carrière, le portefeuille est à droite, le cœur est à gauche», a-t-il dit lors d'une entrevue à LCN.

Pourtant, selon le dernier coup de sonde de la firme Léger publié mardi, 76 % des Québécois ont affirmé que l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui a menacé d’imposer des droits de douane de 25 % sur les importations canadiennes, les incitait à acheter moins de produits américains. 74 % des répondants se sont également dits moins enclins d’aller visiter les États-Unis.

Or, il y a une différence entre «l’action et l’attitude», selon l'expert.

«Ce que l’on a sondé ici, ce ne sont pas évidemment des actions. Ce sont des intentions d’action et ce sont des attitudes. Et on remarque dans le sondage que plus on devient concret, plus les Québécois sont un peu plus réticents à prendre des mesures coercitives», a-t-il affirmé.

«À 70-76 %, on dit “on est fâchés, on voudrait en acheter moins”. Lorsqu’on demande, vous maintenant, vous, est-ce que vous achetez d’Amazon ? Oui. [...] On est à peine à 39 % qui disent “j’en achèterais moins”. Et on est à peine à 19 % qui disent “je vais résilier mon abonnement”» a poursuivi M. Nantel.

La force du nombre

Si le poids des économies canadiennes et américaines est asymétrique, les choix des consommateurs peuvent avoir un impact sur la vitalité des commerces locaux, a martelé le professeur.

«Ce sont 10 milliards qui sont consommés par les Québécois chez Amazon par année. S’il y en a juste 10 % des Québécois qui décident de vraiment boycotter Amazon, c’est quand bien même un milliard qui revient par année, qui revient sur la table pour d’autres commerce. Les Simons, Canadian Tire, Renault-Brit, La Vie en Rose et autres. Ce n’est pas rien», a-t-il dit.

Rappelons qu’un sursis de 30 jours a été accordé lundi par le président Trump à la suite d’une discussion avec le premier ministre Justin Trudeau.

Voyez l'entrevue complète dans la vidéo ci-dessus