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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

«Bouette» de fin de session

Photo Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2021-12-09T10:00:00Z
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Signe que, malgré Omicron, c’est bien un retour à la normale que nous vivons, nos parlementaires rejouent actuellement un classique de fin de session : les dérapages verbaux.

Pour la journée d’hier, la palme du pire revient à Dominique Anglade, qui a demandé à François Legault, au Salon bleu, s’il était le seul, en mars 2020, « à ne pas être au courant qu’on allait à l’abattoir dans nos CHSLD ».

Pourquoi pas le camp d’extermination ou encore l’accusation de gérontocide, tant qu’à y être ?

Je sais bien que les oppositions doivent se montrer critiques et, autant que possible, implacables. Aussi, devant l’hécatombe dans les CHSLD, durant la première vague, leurs questionnements incessants sont légitimes et utiles.

Mais elles doivent savoir « jusqu’où aller trop loin ». Il y a déjà assez d’esprits « complotisés » dans notre société actuellement, nos élus devraient éviter, par des outrances, des raccourcis ou des hyperboles, d’en fabriquer des nouveaux.

Depuis son congrès de la fin novembre, on devine chez la cheffe libérale une volonté d’être plus directe.

C’est parfois heureux. Mardi, lorsqu’elle a dénoncé une éventuelle aide de Québec à la construction d’un stade de baseball à Montréal, elle ragea : « Quand je lis [...] “Ça va être à coût nul pour les Québécois” [...] on prend les gens pour des cons quand on dit ça. »

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Mais cela demeure un jeu risqué. Son « abattoir » d’hier était un deuxième faux-pas en une semaine. Lors du drame de Senneterre, elle a laissé entendre que Legault et Dubé étaient responsables de la mort de Richard Genest.

Certes, les décisions du gouvernement (ici de fermer l’urgence en dehors des heures ouvrables) peuvent avoir des conséquences terribles. Mais on dérape lorsqu’on conclut que chaque conséquence malheureuse découle forcément d’une intention de la voir se matérialiser.

Exemple : critiquant – légitimement – le comportement des représentants de l’État devant la coroner Géhane Kamel, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, est allé jusqu’à accuser le gouvernement d’« entrave » au travail de Kamel, de « fabrication de faux ». Autrement dit, des gestes criminels supposant une « mens rea ».

Le PM aussi

Dans l’opposition, François Legault était un as de l’indignation, des questions qui tuent. « Sur le plan parlementaire, il s’est révélé un adversaire de taille », avait déclaré Jean Charest en 2009, lorsque Legault avait quitté le PQ et son siège de Rousseau.

L’homme subit en quelque sorte, depuis qu’il est premier ministre, sa propre médecine. Et on comprend que, pour lui, dans cette joute, l’attaque est la meilleure défensive.

La stratégie ne fonctionne pas toujours. Hier, par exemple, afin de parer aux flèches de Gabriel Nadeau-Dubois sur une éventuelle aide publique au baseball, François Legault a tenté de dévier le débat sur le « ton » du chef parlementaire solidaire. Selon lui, GND n’est tout simplement « pas digne d’un chef de parti » puisqu’il a écrit, sur Twitter, « j’ai capoté » en apprenant que la CAQ songeait à mettre des « millions dans une demi-équipe de baseball pendant que les aînés mangent de la bouette ».

Puis, le premier ministre fit ce qu’il reproche à son adversaire en lançant : « Je n’ai jamais vu ça, de la bouette comme ça. »

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