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L'article provient de Le Journal de Québec
Éducation

L’orthographe ne compte que pour 8% de la note en français à l’école

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Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

16 décembre 2022
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Alors que les difficultés de cégépiens en français font réagir, des enseignants plaident pour qu’une plus grande place soit accordée sur les bancs d’école à l’évaluation de la maîtrise de l’orthographe et de la grammaire, qui en règle générale ne comptent que pour 8% de la note finale des élèves en français.

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Dans les grilles d’évaluation ministérielles, à partir de la quatrième année du primaire jusqu’à la cinquième secondaire, la maîtrise de l’orthographe d’usage et grammatical ne compte généralement que pour 20% de la note en écriture, qui elle vaut 40% de la note finale en français. La compréhension en lecture (40%) et l’expression orale (20%) font aussi partie de l’équation. 

Dans ces circonstances, il ne faut pas s’étonner que des cégépiens remettent des copies bourrées de fautes à leurs enseignants, comme le rapportait Le Journal récemment, affirme Luc Papineau, prof de français depuis une trentaine d’années au secondaire. 

«Les élèves vont donner ce que l’on exige d’eux. Si on est plus exigeant avec eux, ils feront plus d’efforts», affirme-t-il. 

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D’autres enseignants du secondaire, avec qui Le Journal s’est entretenu, partagent ce constat, qui ne fait toutefois pas l’unanimité auprès des experts. 

Priscilla Boyer, professeure en didactique du français à l’Université du Québec à Trois-Rivières, affirme qu’il faut d’abord améliorer les pratiques d’enseignement et la maîtrise des notions de grammaire avant de penser modifier les grilles d’évaluation. «Augmenter la pondération accordée à la maîtrise de l'orthographe, c'est seulement nuire à davantage d'élèves sans leur offrir de meilleures conditions de réussite», dit-elle. 

Programmes plus exigeants

D’autres profs considèrent par ailleurs que les programmes d’enseignement du français ne sont pas assez exigeants.  

Il y a quelques semaines, le centre de services scolaire de Laval a fait circuler auprès des enseignants de français au secondaire un document leur rappelant quelles sont les erreurs à ne pas pénaliser en écriture selon le niveau de leurs élèves. 

Même si ces notions sont conformes à la progression des apprentissages prévue dans les programmes de français, elles ont fait réagir vivement certains profs.  

En première secondaire, il est notamment interdit de pénaliser un élève qui écrit «La foule ont applaudi», «Les chinois sont accueillants» ou encore «Les marches par la forêt sont relaxantes»

«Tout est pelleté vers la fin du secondaire. On devrait être plus exigeants dès le début. Si on enseigne une notion, mais qu’elle n’est pas évaluée, l’élève s’en fout pas mal plus», affirme une enseignante qui a requis l’anonymat, par crainte de représailles. 

En plus de ne pas accorder une grande place à la maîtrise de l’orthographe, les grilles de correction sont aussi très permissives, ajoute Luc Papineau. 

«En éducation, on peut cacher tous les cadavres que l’on veut», laisse-t-il tomber. 

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