Bossy: un homme bon et incomparable
François-David Rouleau
«Chez nous, on disait que pour “potter” un but, Mike Bossy était difficile à battre.» De passage aux funérailles de l’un des meilleurs joueurs de la LNH, le premier ministre François Legault n’a pas tari d’éloges sur les diverses habiletés de l’athlète et de l’homme.
«Il a toujours la meilleure moyenne de but par match de l’histoire de la LNH, a exprimé Legault à propos de celui qui figure effectivement au sommet dans cette colonne. Avec ses 573 buts à ses 752 matchs en carrière, Bossy a conservé une moyenne de 0,76 but par rencontre et trône toujours en maître.»
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«Il a réussi neuf saisons de 50 buts et plus, a renchéri Legault. Quand [Bryan] Trottier lui donnait la “puck” proche du filet, il trouvait le trou pour la rentrer dans le filet. C’est probablement le meilleur “scoreur”, buteur, de l’histoire de la LNH.»
À cet égard, même si le chef du gouvernement québécois, amateur de hockey, a avancé plusieurs bonnes statistiques, cette dernière n’est pas tout à fait véridique. Dans l’histoire du circuit, Bossy vient au 22e rang avec ses 573 buts.
Il n’en demeure pas moins que l’attaquant québécois les a marqués en 10 saisons.
Figurant évidemment dans le palmarès des 100 meilleurs joueurs de l’histoire lors des célébrations du centenaire de la LNH en 2017, Bossy fut l’un des plus dangereux francs-tireurs de son époque.
Il jouait à la droite de Trottier et Clark Gillies et son unité offensive était surnommée le «Trio Grande».
Le rusé ailier avait le don d’échapper à la surveillance de ses adversaires pour déjouer le gardien. Ses exploits lui avaient permis d’entrer au Temple de la renommée en 1991, quatre ans après sa retraite.
Dans son allocution tout juste avant d’entrer au salon funéraire Goyer de Sainte-Thérèse, sur la Rive-Nord de Montréal, François Legault a applaudi les prouesses du hockeyeur qui a remporté quatre coupes Stanley de suite, de 1980 à 1983, avec la dynastie des Islanders de New York à l’époque.
«Avec les Trottier, Bossy, Denis Potvin et Billy Smith, c’était presque pas juste, cette équipe», a-t-il commenté en exposant la puissance des Insulaires.
«Un bon gars»
Legault n’a pas que souligné les prouesses du défunt sur la glace. Il a encensé ses qualités humaines.
Après sa carrière, Bossy s’est fait remarquer dans ses sorties publiques, à la télévision et à la radio, où il était analyste. Coloré et léger, il savait décrocher les sourires avec ses savoureux commentaires. Surtout lorsqu’il décernait ses «médailles certifiées».
«Je le trouvais tellement sympathique à la télévision. Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire. Même mon épouse qui regarde moins le hockey l’écoutait avec moi. On le trouvait l’fun.»
«Et surtout, surtout, c’était un humain sympathique et gentil, a renchéri celui qui l’a rencontré à quelques occasions. On pouvait parler de toutes sortes de choses : d’éducation ou d’aide aux personnes âgées. C’était un gars foncièrement bon. Comme on dit chez nous : un bon gars.»
Les deux hommes avaient d’ailleurs échangé leurs coordonnées. Dans la maladie, le hockeyeur avait témoigné au politicien son désir de vaincre le cancer qui le rongeait.
«C’était un battant. Il me disait qu’il se battrait et qu’il reviendrait.»
Honneur à venir
Accompagné de son épouse, Isabelle Brais, le premier ministre a offert ses condoléances à la famille Bossy et il a assisté à la cérémonie privée après l’exposition.
Le premier ministre réfléchit à une manière d’honorer sa mémoire. Sans dévoiler le fond de sa pensée, M. Legault a laissé un indice. «Avant de brûler le livre des records de la LNH, il avait fait la même chose dans le hockey junior à Laval. On regarde cela.»
CE QU’ILS ONT DIT
«Avec le départ de Guy Lafleur, on a perdu deux grands hommes avant tout, deux joueurs de hockey extraordinaires, deux légendes.»
– France Margaret Bélanger
Présidente, sports et divertissement du Canadien
«Mike a eu une influence sur moi pour atteindre la LNH. Je l’ai connu comme homme. Il était simple, gentil avec les plus jeunes. C’est un gars de famille, réservé. Il était attentionné.»
– Vincent Damphousse
Ancien capitaine du Canadien
«Mike fait partie de la famille de la LHJMQ. C’était une très grande vedette. Ses records sont incroyables.»
– Richard Martel
Ancien entraîneur-chef de la LHJMQ et député conservateur
«Des buts, j’en ai vu des centaines. C’était un joueur électrisant. Malgré tout ce qu’on pouvait dire, il n’avait pas peur. Il allait toujours à la guerre et ne se laissait pas intimider. C’est un marqueur naturel comme il ne s’en fait plus, ou peu. Il a marqué l’histoire de la LHJMQ à sa façon. Il a été reconnu. Son record de 309 buts ne sera jamais battu. On dit que les records sont faits pour être battus. Celui-là, il ne le sera pas. Sa vie, c’était de marquer des buts.»
– Marc Lachapelle
Ancien journaliste