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L'article provient de TVA Sports
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CH: Biondi, l'espoir transformé qui se voit «absolument» à Montréal

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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2022-03-18T11:04:50Z
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Blake Biondi se voit «absolument» enfiler l’uniforme des Canadiens de Montréal un jour. Cependant, ce n’est pas pour demain. L’espoir savait très bien qu’il s’engageait dans un plan à long terme lorsqu’il a pris, l’année de son repêchage, une décision avec des répercussions considérables sur son développement.

En 2019-2020, Biondi est confronté à un sérieux dilemme. Il en est à sa dernière année à l’école secondaire en tant que senior à Hermantown. Il compte terminer ce qu’il a entamé dans sa communauté, mais une invitation du prestigieux programme de développement américain le fait passablement hésiter. 

L’occasion de se développer avec la crème de la crème, les Jake Sanderson, Thomas Bordeleau et Matthew Beniers. La chance de jouir d’une grande visibilité lors de cette saison charnière. 

«Ce n’était pas facile, a avoué Biondi lors d’un entretien téléphonique avec le TVASports.ca. C’était la décision la plus difficile pour moi. Le repêchage compliquait ma réflexion.»

Biondi a finalement écouté son cœur et décidé de rester au Minnesota. Si l’on exclut les émotions de l’équation, la décision avait de quoi faire sourciller les recruteurs; il aurait pu après tout évoluer dans un contexte beaucoup plus compétitif pour stimuler sa progression. Les joueurs de l’école secondaire n’offrent pas l’opposition la plus féroce, et Biondi a récolté pas moins de 76 points en 25 matchs lors de sa dernière année à Hermantown, signe qu’il était trop fort pour la ligue. 

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Or, on ne peut exclure les émotions de l’équation. Tout jeune hockeyeur né à Hermantown rêve de gagner le tournoi de l’État du Minnesota. Biondi y est persque parvenu; son équipe s'est tragiquement inclinée en prolongation lors de la grande finale. 

«Je savais que la USHL était du plus haut calibre, mais même là, je me disais que je jouais pour quelque chose de plus gros que moi-même, je jouais pour ma communauté. Je jouais avec mes meilleurs amis, avec lesquels j’ai grandi. Je voulais gagner ce championnat pour ma ville et être nommé M. Hockey au Minnesota, c’est le rêve de tous les enfants ici.

«Si tu es assez bon et que tu as le potentiel et la volonté de devenir un excellent joueur, ça va finir par fonctionner quand même. J’ai eu une vision à long terme. Peut-être que je serais à un niveau supérieur [si j’avais choisi la USHL], mais je ne regrette rien.» 

Visiblement, les Canadiens croyaient à ce potentiel lorsqu'ils l'ont réclamé au quatrième tour (109e au total) de l'encan amateur de 2019. 

Les fruits du fameux plan           

Il fallait donc s’y attendre : la transition du hockey de l’école secondaire au hockey universitaire a été ardue pour Biondi à sa première année à l’Université Minnesota-Duluth, en 2020-2021. 

Le jeune attaquant s’est contenté de cinq petits points, dont deux buts, en 26 matchs. Un dur retour à la normale pour celui qui avait été couronné «M. Hockey» au Minnesota.

«La marche était énorme, a-t-il concédé, et la COVID rendait l’adaptation deux fois plus difficile. Je n’ai pas eu la saison que je voulais avoir, mais encore une fois, je pensais au plan à plus long terme. Traverser ces moments difficiles te rend plus fort et te donne une perspective différente, tant comme être humain que comme joueur de hockey.»

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Repêché lui aussi par le CH en 2019, Luke Tuch avait de son côté entrepris de se développer avec le programme américain et cela a paru lors de sa première saison dans la NCAA. Tuch a amassé 11 points, dont six buts, en 16 matchs en tant recrue avec Boston University. 

L’un était visiblement plus mûr et mieux préparé que l’autre pour faire le saut, mais cette saison, les rôles sont inversés. Biondi est sorti de sa coquille... et comment! Après 38 matchs, il vient au premier rang de son équipe au chapitre des points (27) et des buts (16) ainsi qu'au deuxième échelon au chapitre du différentiel (+13). Tuch, lui, en arrache passablement comme en font foi ses 10 points en 26 rencontres. 

Voilà qui nous aide à mieux comprendre les mérites de la fameuse vision axée sur le long terme de Biondi. Différents chemins mènent à Rome.

Cette saison, Biondi joue avec plus de confiance et, conséquemment, il obtient plus de temps de jeu et de meilleurs compagnons de trio. C’est un cercle vertueux. 

«J’ai assimilé les petits détails dans le jeu sans la rondelle et j’évolue désormais avec deux excellents joueurs en Dominic James et Quinn Olson, a noté le principal intéressé. Dans la zone offensive, je trouve des moyens de me libérer, je repère les petits couloirs et je m’y engouffre au bon moment. Je retire beaucoup de fierté dans l’exécution de cet art. J’ai travaillé beaucoup là-dessus.»

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Son ADN        

Biondi se décrit comme un patineur costaud qui joue avec beaucoup d'enthousiasme. 

«Je suis un gros bonhomme qui essaye de contribuer de plusieurs façons, a mentionné celui que l'on emploie à l'aile cette saison. J'amène beaucoup d'énergie positive sur la patinoire. J'essaye de survoler la glace d'un bout à l'autre et de créer des choses offensivement, de me libérer dans les endroits où je peux marquer des buts. Je me perçois comme un marqueur et c'est une grande partie de mon jeu.» 

L'expert du site web spécialisé Elite Prospects Mitch Brown y est allé de critiques assez acerbes au sujet du coup de patin de l'Américain, dont la mécanique afficherait des failles majeures. Mis au parfum de ces commentaires, Biondi s'est ardemment défendu. 

«Honnêtement, je ne suis pas d'accord, a mis au clair l'espoir du Tricolore. Dans la NCAA, tu joues contre des gars de 23-24 ans dont le corps est complètement arrivé à maturité. Quand j'aurai fini de développer mon corps et mes jambes, je n'aurai aucun problème. J'ai une foulée que certains qualifient d'inefficace. Je ne dirais pas qu'elle est mauvaise, les gens ont toujours tenu ces commentaires. Je suis en mesure de jouer le rôle que je veux occuper. Ça n'a jamais vraiment affecté mon jeu. Je suis en mesure de me déplacer correctement et de faire ce que je désire sur la patinoire. 

«Évidemment, tu veux travailler sur tout, ton coup de patin et ta vitesse, notamment; tu n'es jamais trop rapide. C'est quelque chose que je travaille, mais je ne dirais pas que c'est une faiblesse dans mon jeu, non. Puissance des jambes, vitesse des jambes, coordination... tout cela arrivera à point au fur et à mesure que je vieillis.» 

Lorsqu'il atteindra cet idéal, Biondi aimerait bien jouer à la manière de l'attaquant de puissance des Canadiens Josh Anderson. 

«J'aime vraiment son style, a confié Biondi. Il est plus imposant que moi, mais je crois pouvoir jouer comme lui en utilisant mon bon gabarit et ma vitesse. Il est certainement un marqueur, quelqu'un qui utilise son tir. Mon autre inspiration est Mark Scheifele en raison de la façon qu'il voit le jeu et le décortique sur la patinoire.» 

L'auteur de ces lignes a tôt fait de rappeler à Biondi qu'il ferait mieux de s'en tenir à Anderson s'il veut obtenir la faveur des partisans à Montréal. Une remarque qui a fait bien rire le principal intéressé. 

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