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L'article provient de 24 heures

Black Lives Matter, ça vaut aussi en temps de guerre

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Photo portrait de Anne-Lovely Etienne

Anne-Lovely Etienne

2022-03-02T15:45:55Z
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BILLET - La guerre qui déchire l’Ukraine souligne encore une fois à quel point les personnes de couleur sont rapidement catégorisées comme des gens de seconde classe lors de conflits. Dieu merci, dans ce cas-ci, il y a les réseaux sociaux pour nous le rappeler.

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En regardant les images de la guerre au cours des derniers jours, j’ai été déchirée. Déchirée par l’impérialisme russe qui fait couler le sang de citoyens innocents, mais aussi déchirée par le racisme insidieux qui se manifeste grossièrement en temps de catastrophe. 

Avez-vous vu cette vidéo où on voit des étudiants d’origine africaine qui tentent de fuir l’Ukraine en tain? Les soldats les repoussent, les éjectent, les catapultent, les humilient... On ne veut pas d’eux dans le train, on ne veut pas d’eux à la frontière, on ne veut pas d’eux point.

Le reporter indépendant Alexandre Gigow a publié sur son compte Instagram le témoignage d’Aimé, un homme d’origine congolaise de plus de 60 ans qui habite l’Ukraine depuis 30 ans. «Transmettez au monde entier qu’il y a une discrimination ici et qu’on ne laisse pas passer les gens qui ont la peau noire», a-t-il lancé comme cri du cœur dans une station de train.

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BBC Afrique a interviewé un étudiant nigérian en Ukraine qui laisse carrément tomber : «Ils nous ont vraiment traité comme des animaux». 

Où est donc passé le mouvement Black Lives Matter, dont l’ampleur avait dépassé toutes les frontières? 

Dans ce contexte de guerre, est-ce que la vie des Noirs compte? Non. Comme l’histoire nous l’a si souvent appris, c’est dead...

Un homme en Ukraine attend de pouvoir passer la frontière vers la Pologne.
Un homme en Ukraine attend de pouvoir passer la frontière vers la Pologne. Photomontage Julie Verville / Photo AFP

L’histoire répète les mêmes erreurs  

L’histoire répète les mêmes erreurs: elle démontre que les personnes de couleur – parce que des traitements similaires ont été réservées à des ressortissants Indiens, notamment – sont catégorisées systématiquement dans une sous-classe. 

La Seconde Guerre mondiale l’illustrait bien sûr de façon extrêmement claire : les Afro-Allemands présentaient supposément une menace pour la pureté de la race germanique. 

Mais dans plusieurs conflits, comme celui en Ukraine actuellement, le racisme n’est pas nommé de façon aussi nette, mais se manifeste de façon insidieuse. Que ce soit par le traitement médiatique du conflit, l’aide internationale apportée ou encore l’accès aux ressources pour les personnes de couleur qui fuient un pays en guerre.

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D’ailleurs, les expertes qui ont parlé avec le 24 heures à ce propos ont été claires : la situation est choquante, mais pas étonnante

«La Pologne comme les autres pays limitrophes de l’Ukraine ont rapidement réagi à l’invasion par la Russie. Ils se sont montrés très ouverts envers le peuple ukrainien. Mais ce sont des pays avec des gouvernements conservateurs, voire populistes, voire fascistes. Ils entretiennent des politiques extrêmement violentes à l’égard des personnes migrantes. Nonobstant la situation actuelle en Ukraine, tout ça demeure», mentionne la directrice générale d'Amnistie internationale Canada francophone, France-Isabelle Langlois.

Ça dit tout.

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Blaq Sauce : des stories pour aider ses confrères et consœurs noirs

Heureusement, il y a les réseaux sociaux. On peut suivre des créateurs de contenu qui nous donnent l’heure juste et qui dépeignent un portrait de cette réalité raciste.

Je suis abonnée désormais à Blaq Sauc. C’est une créatrice de contenu noire qui habite l’Ukraine, suivie par plus de 56 000 abonnés sur TikTok et 20 000 sur Instagram. 

À travers ses vidéos, elle raconte sa fuite de l’Ukraine vers la Pologne. Ce qui est intéressant ce sont les informations qu’elle partage à la communauté POC (People of Color).

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Par exemple, elle publie sur Instagram différentes astuces pour fuir Kyiv. Elle raconte qu’il y a un train qui quitte la capitale à 5h40 du matin pour la ville de Przemyśl en Pologne. Elle y dit que là, les gens sont gentils avec les personnes de couleur et qu’on les accueille sans problème.

Elle relate aussi qu’il faut se bousculer pour accéder au train parce que personne n’est là pour aider les personnes de couleur et qu’elle a réussi en s’accrochant à une porte.

Autre détail qui m’a laissée bouchée bée : elle relate qu’il y a certains endroits qui repoussent les hommes noirs et qu’il faut plutôt considérer la ville de Przemyśl, pour être en sécurité. 

C’est un vrai reality check. Si j’étais en Ukraine, I would pray for my poor black ass. 

Ce Mois de l’histoire des Noirs se termine avec une grimace comme on ferait après avoir bu une shot trop forte de vodka russe.

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