Ces deux innovations pourraient permettre de prendre l'avion en respectant davantage l'environnement
Andrea Lubeck
Un avion propulsé au biocarburant s’est posé à Montréal le 18 mai dernier. Au même moment, la NASA effectuait des tests sur son avion électrique. Ces deux projets, qui visent à réduire l’empreinte carbone de l’industrie de l’aviation, sont-ils la solution pour voyager sans (trop) polluer?
Un premier vol long-courrier alimenté en partie par de l’huile de cuisson recyclée – 16% de biocarburant, pour être précis – a fait le trajet Paris-Montréal le 18 mai. Le vol Air France 342 a émis 20 tonnes de CO2 de moins que pour un vol propulsé uniquement par du kérosène, ce qui équivaut environ à 150 tonnes.
«C’était vraiment une étape importante pour nous en matière de décarbonation, mais aussi pour tout le secteur aérien en France et pas seulement. L’utilisation de biocarburant est un levier majeur pour pouvoir réduire drastiquement nos émissions et avoir une trajectoire conforme à l’Accord de Paris», souligne Vincent Etchebehere, vice-président développement durable et nouvelle mobilité chez Air France-KLM.
En entrevue avec le quotidien La Presse, le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau, a affirmé que «le carburant aérien durable est une avenue plus prometteuse à court et moyen terme» que les avions à hydrogène ou électriques.
«C’est un pas dans la bonne direction», a-t-il ajouté.
Un avion électrique bientôt?
La NASA a aussi l’ambition d’éliminer la pollution par le carbone de l’aviation en misant plutôt sur une nouvelle génération d’avions électriques.
L’agence a donc créé le X-57 Maxwell, un appareil biplace d’une autonomie d’environ 100 miles (160 km) et d’une vitesse de croisière de 172 miles par heure (276 km/h). L’avion dispose de 14 moteurs électriques. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces nombreux moteurs permettent de réduire le bruit de façon considérable.
Nasa leads push for electric planes in next frontier of cutting emissions https://t.co/ge0GAel7vj #EVs #auspol
— Peter Gardner (@PeterDGardner) May 19, 2021
L’agence réalise actuellement des tests de propulsion électrique près du désert de Mojave, en Californie, rapporte le quotidien anglais The Guardian. Jusqu’à maintenant, ces tests se sont avérés concluants. Mais on est encore loin du jour où un avion complètement électrique sillonnera le ciel avec des centaines de passagers à bord.
L’objectif de la NASA est ambitieux: elle veut progressivement offrir aux Américains des vols 100% électriques dans les 15 prochaines années. Elle souhaite aussi inspirer les avionneurs à se lancer dans l’aventure des avions électriques.
«L’industrie avait l’habitude de se moquer de l’idée des avions électriques, mais ce n’est plus le cas, elle s’y intéresse beaucoup», a déclaré Jim Heidmann, responsable des technologies avancées de transport aérien au Glenn Research Center de la NASA, au Guardian.
Plusieurs défis
Malgré toutes les bonnes volontés, d’une part comme de l’autre, plusieurs défis se posent auxquels il faudra trouver des solutions pour voir ces technologies être utilisées massivement.
En ce qui concerne les biocarburants, la faible production et les coûts quatre à cinq fois plus élevés que le kérosène empêchent leur utilisation à grande échelle pour l’instant.
«L’idée avec le premier vol long-courrier était de créer un cercle vertueux visant à promouvoir le bénéfice des [biocarburants], ce qui va engendrer des demandes et pouvoir faire développer des filières dans le but d’avoir plus de production et des prix plus compétitifs», affirme Vincent Etchebehere.
Par ailleurs, la technologie des avions ne permet pas, pour l’instant, d’utiliser plus de 50% de biocarburants. Le spécialiste en développement durable soutient cependant que les constructeurs d’avions «travaillent fort pour pouvoir augmenter ce maximum et avoir des avions qui opèrent avec 100% de biocarburants dans les années à venir».
Du côté de l’avion électrique, ce sont les lois de la physique qui s’imposent. En effet, pour alimenter un avion en électricité de la taille d’un Boeing 737, il faudrait une batterie aussi grosse que l’appareil lui-même, selon The Guardian.
Malgré ces embûches et sachant que la capacité maximale d’extraction et de production de pétrole devrait être atteinte dans les années 2070, il est impératif de trouver une solution durable au carburant traditionnel, dit Vincent Etchebehere.
«Il y a une ambition et une nécessité de remplacer le kérosène par une source renouvelable.»
D’ici là, il est rassurant de savoir que plusieurs initiatives sont en développement pour réduire la dépendance du secteur aérien aux énergies fossiles.