Bilan des JO: soupir de soulagement pour le Canada
François-David Rouleau
Sept mois après Tokyo, le défi était énorme de répéter le même exploit à Pékin, dans une dictature sanitaire extrêmement rigide. À quelques heures de la cérémonie de fermeture, hier, le Comité olympique canadien (COC) a poussé un long soupir de soulagement.
Le compteur était alors figé à 26 médailles et surtout, à aucun cas positif à la COVID dans sa délégation durant les Jeux.
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Le plan serré, méticuleusement concocté depuis deux ans, a tenu la route malgré les problèmes rencontrés aux portes de la Chine vers la fin de janvier.
Le COC a répertorié une demi-douzaine de cas avant la cérémonie d’ouverture, mais le bilan est ensuite rapidement tombé à zéro parmi ses 550 membres. Les dirigeants ont pu se concentrer sur les performances des athlètes.
Soulagement
« C’est un grand soulagement, a admis le chef des sports du COC, Éric Myles, les traits tirés en matinée de la dernière journée de compétition, hier. Ce fut un long marathon. En incluant les Jeux de Tokyo l’été dernier, c’est un ultra-marathon.
« Si on m’avait dit l’hiver dernier qu’on disputerait deux olympiades en remportant possiblement un total de 50 médailles, je n’aurais jamais osé y penser, a-t-il ajouté.
Tard hier soir, l’équipage canadien de Justin Kripps, en bobsleigh a procuré du bronze au Canada soit la 26e médaille du pays.
« Mais au-delà des médailles, je pense surtout à l’aspect de la santé. Personne n’est tombé malade et aucun athlète n’a manqué sa compétition», a précisé Myles.
En fait, selon lui, c’est dans cette colonne que le Canada a gagné sa plus belle breloque.
« C’est notre plus grosse médaille. Elle vaut de l’or. »
Contribution québécoise
Le directeur des sports du COC n’avait pas partagé ses attentes au tableau des médailles à l’ouverture des Jeux. Mais à quelques pas, son patron David Shoemaker a indiqué que le potentiel de 26 médailles tombait directement dans leurs objectifs.
Les athlètes québécois sont directement impliqués dans cette récolte puisque 21 d’entre eux sont rentrés ou rentreront au pays avec un précieux souvenir au cou.
Du lot, les planchistes Max Parrot et Eliot Grondin en comptent chacun deux et le patineur Steven Dubois, trois, pour en nommer que ceux-là.
Myles a salué leurs performances, d’autant plus que la situation sanitaire n’a pas aidé leur cause.
« Leur contribution est importante. Les athlètes québécois ont été bien supportés. Je crois beaucoup aux structures sports-études dans notre province, a affirmé celui qui réside dans Lanaudière. Les centres régionaux de l’INS aident énormément. Tout part des clubs en remontant vers le niveau national. J’espère que ce modèle va grandir partout au Canada. »
Devant les États-Unis
Quand le tableau des médailles a figé à 26 à la veille de la dernière journée de compétition, le Canada figurait au 11e rang en vertu de ses quatre breloques dorées. Mais dans l’autre tableau accepté par le CIO, le Canada apparaissait au troisième échelon derrière la Norvège (35) et le Comité olympique russe (31).
Devant les États-Unis, le Canada était fier. Un cas rarissime.
« Je crois que nous avons longtemps souffert du complexe nord-américain. On a toujours porté attention aux Américains, a souligné le chef de la direction du COC, Shoemaker. Tu veux toujours les battre. Cette victoire au hockey féminin fut très satisfaisante. Et s’apercevoir devant les États-Unis au tableau est aussi très agréable. »
Vers Paris
Tous les membres du COC et les athlètes reviennent au pays.
Les regards sont déjà portés vers Paris, en 2024.
« Avant, nous prendrons une pause qui fera grand bien », a lâché Myles, sûrement avec un large sourire derrière son masque.
Le rendez-vous est lancé, dans un contexte fort différent de celui de Tokyo et Pékin. Espérons-le.
Valieva : dossier à suivre
Bien que ces Jeux de Pékin tirent sur leur fin, le Comité olympique canadien suivra un dossier chaud au fil des prochains mois. Celui qui a explosé au grand jour avec le scandale entourant Kamila Valieva. Une médaille 26e ou une 27e médaille serait à sa portée.
En terminant au pied du podium à l’épreuve par équipe en patinage artistique, le Canada pourrait hériter du bronze si le Comité olympique russe (COR) devait être dépouillé de l’or.
Une enquête fera la lumière sur le dossier de dopage de la jeune Russe âgée de 15 ans. Rappelons d’ailleurs que la cérémonie du podium ne s’est jamais déroulée.
Prônant un sport propre, le COC, qui n’a pas été autorisé à s’impliquer dans la procédure d’appel du Tribunal arbitral du Sport, a réitéré qu’il protégera les intérêts de ses athlètes.
«On a vu une alliance forte autour du dossier. Il faudra attendre les résultats de l’enquête, a rappelé Éric Myles, chef du sport du COC. On va continuer de suivre le dossier de près. Les signes m’encouragent. Je crois que le processus doit être fait correctement.
Du même souffle, Myles a rappelé l’énorme tristesse de cette affaire rocambolesque. Il espère ne plus jamais entendre une histoire aussi sordide et cruelle. «Ça fait mal. Tu ne veux jamais voir un athlète et un pays dans une affaire de dopage. Au Canada, c’est impensable.»
D’ailleurs, selon les athlètes et un récit de la porte-drapeau Isabelle Weidemann, le COC a mis le paquet pour s’assurer que ses membres seraient bien soutenus mentalement dans leur quête pékinoise.