Les coachs de La Voix font un bilan de mi-saison
Samuel Pradier
Alors que les directs de La Voix et les dernières phases d’élimination sont sur le point de commencer, Marjo, Corneille, Marc Dupré et Mario Pelchat nous ont confié leurs impressions. À mi-chemin de cette neuvième saison, c’était pour eux l’occasion parfaite de faire le point sur leurs équipes et leurs candidats.
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Équipe Marjo
Marjo, quel bilan faites-vous de cette mi-saison?
C’était une belle expérience, que je suis prête à poursuivre. Quand on embarque, on ne sait pas du tout où on s’en va. Il s’agit d’une première fois pour moi. C’est un gros bateau qu’il faut suivre et c’est très demandant, autant physiquement que mentalement. On doit être très à l’écoute.
Avez-vous aimé coacher des jeunes?
Je suis très à l’aise là-dedans. Je suis une personne très humaine et je n’ai aucune difficulté à être très près d’eux. Je suis prête à continuer. De leur côté, j’imagine que la situation doit être assez stressante. Je n’ai jamais vécu ce genre de chose, mais je l’imagine.
Avez-vous l’impression d’avoir montré une autre facette de vous?
Je pense que les gens savaient déjà que j’étais très généreuse. Comme je suis plus souvent à la télévision, ils le découvrent encore plus.
Comment définiriez-vous votre équipe pour les directs?
Ce sont tous des artistes en tant que tels. Je les vois tous en finale. Philippe Plourde, qui s’accompagne au piano, est un gars qui connaît très bien la musique et qui sait ce qu’il veut. Nathael Young est vraiment jeune, il a tout à apprendre, mais il a une belle sensibilité. Il aime ça, et on voit qu’il veut s’impliquer. Christopher Therrien m’a beaucoup surprise. Julie St-Pierre est une fille qui veut beaucoup et dont le rêve est d’être sur scène. Mélanie Haché veut chanter, elle gagne déjà sa vie comme ça. Will a plein de trucs cachés au fond de lui: c’est un trésor à découvrir.
Avez-vous eu du mal à faire des choix durant les différentes étapes?
Je n’étais pas à l’aise durant les auditions à l’aveugle. D’abord, j’étais néophyte là-dedans. Choisir des gens et faire couler les mots avant de les connaître était plus difficile pour moi. C’est loin de ma vérité, mais il fallait commencer par le début. Tout au long des étapes, ç’a été une expérience hors de l’ordinaire.
Qu’avez-vous appris à travers ce rôle?
Moi qui suis une vraie solitaire, j’ai appris que j’étais capable de travailler avec d’autres personnes, en équipe. Je n’ai aucune difficulté avec ça, mais c’est vraiment l’envers de ma médaille. Habituellement, j’avance toute seule. Cela dit, je suis contente de vivre ça, c’est la raison pour laquelle je me suis permis d’aller là-dedans.
Équipe Mario Pelchat
Mario, comment avez-vous vécu cette première partie de la saison?
Ç’a été un tourbillon d’émotions, de découvertes et de rencontres avec des artistes talentueux, autant dans mon équipe que dans celles des autres. Je capote sur le talent de tous ces artistes différents! J’aime tout! C’est un beau problème. Quand on fait mon métier et qu’on est interpellé par toutes les formes de musique, c’est intéressant, car on ne fait jamais de surplace. C’est toujours nouveau. J’aurais été incapable de faire un travail routinier. La Voix est le contraire de la routine. Les conseils que je donne à l’un ou à l’autre sont différents, car ils n’ont pas les mêmes choses à travailler. Ça nous pousse à nous interroger. Je ne suis pas professeur de chant dans la vie. J’y vais avec mon instinct et ce que j’ai mis en application dans les 42 dernières années
Vous êtes le coach qui s’est le plus souvent retourné aux auditions à l’aveugle. Est-ce que tout vous intéresse?
Je pense que les gens l’ont deviné au cours des dernières années. J’ai produit Nadja, une artiste de R’n’B, 2Frères, qui sont plus folk, ou Paul Daraîche, qui est dans le country. Plein de choses m’interpellent. Pour moi, quand c’est bon, c’est bon! Quand ça me fait de l’effet, je me dis que ça va provoquer le même effet chez les autres.
On vous a aussi vu très émotif. Avez-vous toujours la larme à l’œil?
Mes proches savent que j’ai la larme facile. Les Pelchat sont comme ça. Mais je n’ai jamais eu honte de ça. Les larmes viennent, et ça fait un bien immense de laisser aller ses émotions. C’est drôle parce qu’avant, quand je regardais ce genre d’émission et qu’un coach pleurait, j’avais l’impression que c’était pour le show. Je me suis fait prendre à mon propre jeu! Mais quand on est interpellé, on braille. J’aurais dû me rappeler comment je suis fait et à quel point il m’arrive souvent d’être ému.
Quand on est coach à La Voix, il faut surtout faire des choix. Comment l’avez-vous vécu, ça?
C’est très difficile. J’ai eu beaucoup de peine à laisser aller Lunayla, Mélisane et d’autres. Je m’étais retourné pour eux, ils m’avaient choisi, mais à un moment donné, c’est ça le jeu. À La Voix, les candidats n’ont pas beaucoup de temps pour mettre en application les conseils qu’on leur donne et progresser. Il y en a qui avancent plus vite, et c’est vers eux qu’on va parce que, dans les étapes suivantes, ça va aller encore plus vite. Ce métier est aussi fait de choses comme ça.
Comment définirez-vous les membres de votre équipe?
Je suis impressionné par leur talent. Ils ont récemment enregistré un album, ils ont chanté trois chansons de mon répertoire, et j’ai été complètement estomaqué. Ils les ont amenées ailleurs. Ils me les ont fait redécouvrir et aimer à nouveau. J’étais très fier du résultat. Pour les directs, chacun est arrivé avec des choix de chansons qui leur vont super bien. Je les appuie du mieux que je le peux, mais la suite leur appartient, d’autant plus que, très vite, c’est le public qui aura le verdict à la fin. Mais je suis très fier de chacun des six candidats de mon équipe.
Qu’avez-vous appris sur vous à travers ce rôle?
Je n’ai jamais suivi de cours de chant et je n’ai jamais eu de coach dans la vie. J’ai appris à tâtons et tout seul. La Voix me permet de transmettre et de donner des conseils qui vont leur épargner des années de tâtonnements. Ce que je leur donne, c’est ce que j’aurais voulu qu’on me transmette au fil de ma carrière. Mes six candidats sont tout ouïe, ils veulent apprendre et se parfaire. Ils ont soif de s’améliorer, et je trouve ça beau. Ça me nourrit artistiquement. J’ai juste hâte de remonter sur scène, parce que ce qu’ils me renvoient est extrêmement nourrissant.
Équipe Corneille
Corneille, quel serait votre bilan de mi-saison?
Je savais que j’allais prendre énormément de plaisir à vivre ce rôle de coach, mais je dois dire que c’est allé au-delà de mes espérances. Je ne m’attendais pas à la dimension humaine de l’exercice. Je ne pensais pas que j’allais autant apprendre sur moi et que j’allais autant m’attacher à mes candidats. Je me suis surpris à prendre ça beaucoup plus à cœur que je le pensais au départ. J’avais sous-estimé ce que ça allait m’apporter sur le plan humain.
Le public a aussi été surpris de votre justesse et de votre pertinence tout au long des premières étapes. En êtes-vous conscient?
Les gens me parlent souvent de la pertinence et de la justesse de mes propos. On dirait qu’ils découvrent que j’ai écrit et composé chacune de mes chansons depuis le début de ma carrière, il y a plus de 20 ans. Je pensais que le public savait que j’avais ces compétences de créateur, mais en fait, il ne m’avait jamais vu sous cet angle-là. Je me rends compte que le public ne me connaissait pas si bien que ça, et c’est le fun. C’est un beau cadeau pour un artiste d’être découvert après 20 ans. Ça donne un nouveau souffle à ma carrière.
Comment avez-vous aimé les différentes étapes de La Voix jusqu’à maintenant?
J’ai adoré les auditions à l’aveugle, même quand on était face à un candidat déçu parce qu’il n’avait pas été sélectionné. Ça ne me confrontait pas trop sur le plan émotif; c’est le chemin que tous les artistes prennent. J’ai essuyé énormément de refus dans ma carrière. Par contre, j’ai eu du mal avec les duels. J’étais déjà attaché à mes 12 candidats et j’aurais voulu tous les garder jusqu’à la fin. Les candidats et moi, on s’est choisis, et on a passé de très beaux moments durant lesquels on a été assez candides les uns envers les autres. Ç’a été difficile de trouver une chanson qui fonctionnait bien pour les deux voix et, au final, les choix étaient extrêmement difficiles. Ç’a été la même chose pour les chants de bataille. Je pense toutefois que je vais commencer à réellement triper à partir des directs. On va pouvoir travailler beaucoup plus étroitement.
Comment définiriez-vous les membres de votre équipe?
Ce que je vois, parfois mes candidats ne le voient pas encore. Et je ne pense pas que le public va pouvoir le voir tout de suite. Dans mon équipe, j’ai de véritables artistes, des jeunes qui sont exceptionnellement doués sur le plan technique, qui ont une identité propre et qui savent où ils s’en vont. Je pense que les six peuvent faire carrière, et pas seulement au Québec, mais aussi à l’international.
N’est-ce pas plus difficile de coacher des gens qui ont une identité propre?
J’adore ça! Ça peut être confrontant, mais ça va avec ma personnalité. Je suis beaucoup plus à l’aise avec ce genre de candidat que d’autres qu’il faudrait que je fabrique. La manière dont je vois le mentorat — et c’est ce que j’essaie de faire comme parent —, c’est de partir de l’essence de
la personne que j’essaie de guider. Parfois, je leur propose des affaires, et ils me disent que ça ne fonctionne pas pour eux, et j’aime ça. Dans ce cas-là, on continue de chercher, et on finit par tomber sur quelque chose qui leur correspond et sur lequel on bâtit. C’est ce travail que j’aime faire. Mes six candidats des directs ont déjà chacun un style qui leur est propre.
Qu’avez-vous appris sur vous dans ce rôle?
Ça a confirmé ce que je veux faire. J’ai toujours pensé que je chanterais et que je ferais de la scène toute ma vie. Dans les cinq dernières années, je me suis aperçu que j’avais un autre appel: celui du mentorat et du développement d’artistes. La Voix m’a confirmé que j’aimais beaucoup ça. Mais il y a tout un travail psychologique, un échange, qui a eu lieu entre mes candidats et moi, et dont je ne soupçonnais pas l’importance dans le travail que je veux faire. C’est la grande leçon.
Équipe Marc Dupré
Marc, comment vivez-vous cette neuvième saison?
J’ai beaucoup de plaisir et je suis très content de mon équipe. J’ai l’impression que mes candidats n’arrêtent pas de me surprendre. Ils se sont tous améliorés depuis les auditions à l’aveugle. J’aime qu’il y ait une progression dans leur développement: j’ai l’impression de les aider à se découvrir et à prendre des forces au fur et à mesure qu’ils avancent dans leur parcours.
Voyez-vous une différence entre les candidats des premières saisons et ceux d’aujourd’hui?
La Voix reste une émission qui attire toutes sortes d’artistes, autant des gens qui n’ont jamais chanté en public que d’autres qui font beaucoup de scène. La jeunesse côtoie les gens d’expérience. C’est difficile de répondre à cette question parce que j’ai moi-même évolué au fil des ans. J’apprends énormément à leur contact. Il y a deux choses qui ressortent: la passion et le plaisir. Aux auditions à l’aveugle, je ressens la vérité et l’authenticité dans une voix, et c’est ce qui m’importe le plus.
Comment définiriez-vous les membres de votre équipe?
Je trouve ça beau de voir une jeune Gabrielle qui ne sait pas à quel point elle est talentueuse. Je trouve le fun d’avoir Audrey-Ann qui a de l’expérience, mais qui a quand même besoin d’être guidée. Dans la vie, Loïk ressemble à celui que j’étais plus jeune: il est plein d’énergie, il danse, il fait le fou, mais dès qu’il commence à chanter, il devient une autre personne, les deux pieds sur terre et profond. Adam est un électron libre, il change d’idée toutes les 12 secondes. J’aime ça, parce que je suis aussi comme lui. C’est la même chose pour Darren et Sorenne... Je me retrouve vraiment dans chacun de mes candidats.
Avez-vous l’impression de vous être compliqué la tâche cette saison?
Exactement. Plus c’est difficile, plus on est content et fier du résultat. Même pour eux, je ne veux pas leur rendre la tâche facile. Je ne veux pas forcément les sortir de leur zone de confort, mais je veux qu’ils repartent en se disant que ce métier n’est pas facile, qu’il faut constamment se renouveler et relever des défis à court terme.
Après deux ans de pause, qu’est-ce qui vous a manqué le plus?
Partager avec d’autres artistes. Partager ma passion, faire de la musique avec des gens, apprendre d’eux et donner des conseils. Quand on est ensemble, qu’on se tape dans les mains, que ce soit formidable ou difficile, ce sont des émotions importantes pour moi. J’ai besoin de me sentir en danger et de sentir que je sers à quelque chose. Ma carrière, c’est écrire des chansons et faire de la scène. Mais dans ma vie, j’aime voir les yeux des autres briller et voir la flamme monter. Ça, c’est ma vie, et ce n’est pas une job.
Finalement, transmettre votre savoir et accompagner de jeunes artistes, c’est une activité qui vous occupe depuis 10 ans!
Exactement. Je dis souvent que ce que tu apprends dans la vie, si tu ne le redonnes pas, ça meurt. Quand tu as du bonheur dans ta vie, il faut que tu en donnes. Quand la tristesse te tombe dessus, ceux à qui tu as donné du bonheur vont t’en redonner. Même chose pour les outils dans ce métier. Bien des artistes et des gens m’ont prodigué de nombreux conseils. J’ai reçu beaucoup d’eux. J’ai maintenant besoin de rendre tout ça à d’autres, et je veux faire en sorte que cette activité soit permanente dans ma vie. Même si j’arrêtais ma carrière, je continuerais à transmettre mon savoir.
Qu’attendez-vous de vos candidats pour les directs?
Qu’ils s’amusent! Rendu aux directs, que le meilleur gagne, mais que tout le monde ait du plaisir! Je leur ai dit de profiter des artistes qui seront là, et du fait qu’ils sont sur le plus gros plateau au Québec et que des millions de personnes vont les écouter. Je veux qu’ils gardent un super souvenir de ces moments.
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