Bientôt la fin du Publisac envoyé automatiquement?
Léa Ilardo
Fin 2019, une consultation publique tenue par la Ville de Montréal mettait en lumière le poids écologique de la distribution du Publisac. Un constat sur lequel elle a promis d’agir d’ici la mi-2021... voici un petit rappel des enjeux.
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Montréal s’est donné l’objectif de devenir une ville zéro déchet d’ici 2030, une démarche dont l’un des principes-clés est de réduire la production de déchets à la source. Dans le cas du Publisac, le système de distribution actuel encourage à l’inverse la surproduction de matériel publicitaire.
Deux mécanismes : le retrait ou l’adhésion
Actuellement, on reçoit automatiquement le Publisac, sauf si on appose sur notre boîte aux lettres un pictogramme de refus.
Le problème de ce système de consentement par défaut, c’est que l’on imprime énormément de matériel publicitaire qui n’est pas consulté, puis qu’il faut ensuite collecter et traiter. Parce que tout le monde ne prend pas le temps d’apposer ce pictogramme, ou que l’on reçoit quand même un Publisac malgré le logo de refus.
La principale recommandation formulée par la commission ayant mené la consultation publique à la fin 2019 était de passer de ce système de retrait à un système d’adhésion au Publisac, soit d’échanger le pictogramme de refus par un autre d’autorisation, afin de ne produire de Publisac qu’aux personnes qui désirent vraiment le recevoir.
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3 millions de sacs chaque semaine
Le Publisac, c’est 3 millions de sacs publicitaires distribués chaque semaine au Québec, dont presque le tiers sur l’île de Montréal. Cette distribution générerait environ 78 000 tonnes de matières résiduelles chaque année et représente, à Montréal, autour de 11 % des matières qui arrivent au centre de tri, selon le rapport déposé à la Ville de Montréal par la Commission permanente sur l'eau, l'environnement, le développement durable et les grands parcs.
L'entreprise propriétaire, TC Transcontinental, justifie son produit en indiquant que le papier et le sac en plastique sont entièrement recyclables, mais selon RECYC-QUÉBEC, le papier journal est difficile à recycler, et si on ne prend pas la peine de le séparer du sac de plastique avant de mettre le tout au recyclage, l’ensemble ne sera pas recyclé. Sans parler des Publisacs qui sont jetés à la poubelle...
Pas rentable
Si le système d’adhésion semble une solution logique qui rassemblerait les anti et pro Publisac - on ne l’interdit pas, mais on n’en produit que la quantité nécessaire -, TC Transcontinental avance que ce changement stopperait la distribution, qui ne deviendrait plus rentable économiquement. Et même s'il est possible de consulter le Publisac en ligne, une fracture numérique touche les groupes plus vulnérables comme les personnes âgées ou les familles à faible revenu, qui ont le plus besoin des aubaines qu’il offre.
La réglementation n’a toujours pas changé à Montréal, qui a pourtant indiqué dans son plan de gestion des matières résiduelles vouloir réduire l’impact de la distribution des circulaires selon les recommandations de la Commission d’ici la mi-2021. À suivre...
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