La crise du logement, bien plus qu’un enjeu électoral
![](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2Fc63fe328-af8b-45fd-b9a3-d1c10ffcd245_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Sacha-Wilky Merazil est étudiant à Montréal
Depuis plusieurs années, les partis politiques tous paliers confondus abordent la crise du logement dans leur prise de parole. L’an dernier, face à la crise sanitaire, les interventions sur ladite problématique se sont multipliées.
L’année 2021, quant à elle, coïncide avec les élections fédérales et municipales (au Québec) et la question n’y échappe pas. Entre les engagements des partis politiques en matière d’environnement, de reprise économique post-COVID et d’accès aux services de santé, la question de l’accès aux logements abordables et d’une issue pour contrer la crise du logement, vraisemblement, n’apparaît pas comme point central dans les joutes électorales en cours. Il arrive que les différents partis annoncent la création de milliers de logements mais au-delà d’engagements électoraux, de nombreuses familles sont dans une angoisse constante et vivent une situation urgente. Passant des étudiants aux aînées, dans les grands centres urbains, la crise du logement et les rénovictions font partie d’une réalité sociale.
Phénomène aggravé par la pandémie ?
Bien avant la crise sanitaire, on parlait déjà d’une pénurie de logements abordables. Cependant, la pandémie a accentué ce phénomène et a mis de l’avant une autre problématique: les rénovictions ou encore les expulsions illégales. Que ce soit à Côte-des-Neiges—Notre-Dame-de-Grâce, le Plateau—Mont-Royal, Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, Montréal-Nord, où dans divers autres secteurs de l’île de Montréal ainsi que dans d’autres municipalités du Québec, ce phénomène inquiétant ne se fait pas sans remous.
Selon une enquête du Comité logement de La Petite-Patrie, 85 % des évictions se seraient produites de manière irrégulière. Dans un monde complètement changé par la COVID-19, entre confinements et couvre-feu -au plus fort de la crise-, plusieurs personnes ont abandonné leur logement ou ont été expulsées de leur logement pour se diriger vers des ressources intermédiaires et d’autres se sont retournées vers la rue se retrouvant du même coup en situation d’itinérance.
L’inquiétude de certains est telle qu’il y a quelques mois, un septuagénaire s’est enlevé la vie, dans l’arrondissement Verdun à Montréal. Ce geste désespéré est celui d’un homme qui vivait depuis 40 ans dans son logement et qui préférait mourir que d’être évincé. Ce triste drame nous rappelle que la crise du logement apporte son lot de conséquences. Plus tôt cette année, c’est dans ce même arrondissement que les images saisissantes d’une longue file d’attente ont fait le tour des réseaux sociaux pour un 4 1/2 affiché à 975$.
Débattre ou légiférer sur la question ?
Quoiqu’à chaque élection, la question de l’habitation revient continuellement, c’est un éternel débat. Signe qu’il y a urgence d’agir sur la question, d’après le FRAPRU, au lendemain du 1er juillet 2021 (jour de déménagement au Québec), plus de 500 ménages étaient sans logement au Québec. Il y a des organismes qui ont des revendications et il y a des partis politiques qui veulent trancher sur la question mais relier les deux mouvances s’avère être difficile. Certains préfèrent débattre sur la crise du logement et de ses effets néfastes sur la vie de milliers de familles, cependant la préoccupation actuelle devrait être d’écouter les revendications apportées dans les débats en vue de légiférer sur les moyens d’enrayer ladite problématique.
Comme autre réalité, la pandémie nous a ouvert les yeux sur les villes que nous voulons demain. En somme, le fait d’avoir quelques milliers de nouveaux logements dans les grands centres urbains risque de créer une pression sur le prix des logements à proximité des nouvelles constructions car qui dit nouveaux logements dit plus grande valeur pour les quartiers et artères ciblés.
Au-delà des discussions, des solutions envisageables ?
Sachant que la liste d’attente en vue d’obtenir un HLM peut-être très long et décourageant, il faut envisager des solutions concrètes et tangibles.
Que ce soit avec l’achat des logements existants ou d’anciens bâtiments désaffectés, les principaux paliers gouvernementaux peuvent miser sur l’acquisition desdits immeubles et les rendre habitables pour les familles qui vivent dans des conditions parfois difficiles. Avec les projets immobiliers en cours à Montréal et le REM qui viendra relier les couronnes nord et sud de Montréal passant d’est en ouest, il serait intéressant de voir comment on peut éviter de tomber dans davantage de rénovictions et d’augmentation exponentielle des loyers.
Dans les plateformes des divers partis politiques ainsi que dans les villes, les logements de demain doivent allier des espaces verts et des commerces de proximité plutôt que de croire en la construction de minuscules appartements pour des jeunes familles qui achètent leur première propriété. Donnons-nous les moyens et dotons-nous des solutions d’avenir pour favoriser une dynamisation de nos quartiers en cas d’une prochaine pandémie mondiale.
![Photo courtoisie](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2FCapture_d_e_cran_le_2021_09_03_a_15.31.56137e366c-56e1-49b4-a07b-5457b01f551f_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Sacha-Wilky Merazil, Étudiant Montréal