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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Biden tente de souder l'Amérique derrière l'Ukraine et Israël

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Agence France-Presse, TVA Nouvelles

2023-10-19T15:12:36Z
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Dans la lancée de sa visite à Tel-Aviv, Joe Biden tente de souder les Américains derrière la défense d'Israël et de l'Ukraine afin d'arracher le consensus politique dont il a besoin pour financer ces deux causes.

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Le président américain, en campagne pour un second mandat, s'est adressé solennellement à la nation à 20h, depuis le Bureau ovale, sur la «réponse (des États-Unis) aux attaques terroristes du Hamas contre Israël et à la brutale agression de l'Ukraine par la Russie».

Il a notamment annoncé qu'il allait demander dès vendredi au Congrès américain de financer «en urgence» l'aide des États-Unis à Israël et à l'Ukraine, mentionnant également que son payz serait «en sécurité pour des générations» s'il aide ces deux pays.

Après son voyage à Tel-Aviv mercredi, périlleux sur le plan sécuritaire autant que diplomatique et politique, le démocrate de 80 ans voulait aussi renvoyer aux électeurs l'image d'un homme d'action et de décision, presque d'un chef de guerre.

Joe Biden est après tout le seul chef d'État à s'être rendu dans une zone de conflit qui ne soit pas sous contrôle de l'armée américaine, et même à deux reprises: à Kyïv en février, et donc à Tel-Aviv.

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«Je l'ai obtenu»

Dans l'avion du retour, le président, dont les échanges impromptus ne sont pas le fort, a fait une rare visite aux journalistes voyageant avec lui, pour bien appuyer ce message.

«Je suis venu pour obtenir quelque chose, et je l'ai obtenu», a-t-il dit en référence à l'accord d'Israël et de l'Égypte pour commencer à faire rentrer un peu d'aide humanitaire à Gaza.

Selon une source proche des discussions, la Maison-Blanche veut réclamer au Congrès une énorme enveloppe de 100 milliards de dollars pour l'Ukraine, Israël, Taïwan et la crise migratoire à la frontière avec le Mexique.

Si les adversaires républicains de Joe Biden sont hésitants sur l'aide militaire à l'Ukraine, qui pourrait se tarir rapidement faute de fonds supplémentaires, ils sont les premiers à réclamer un appui massif à Israël, une posture musclée sur l'immigration et une attitude ferme face à la Chine.

Mais les conservateurs sont aussi accaparés par leurs querelles internes. Le Congrès de la première puissance mondiale est paralysé, parce que la droite dure essaie d'imposer l'un des siens comme chef de la Chambre des représentants.

Joe Biden prend un risque: s'il n'arrive pas à rassembler suffisamment de voix au Congrès, où il ne contrôle que le Sénat, les États-Unis vont droit à la paralysie budgétaire, au «shutdown», le 17 novembre.

Jeunesse

Le positionnement de Joe Biden sur Israël lui vaut certes des louanges jusque dans les sphères conservatrices. Richard Haas, ancien conseiller diplomatique dans l'administration de George W. Bush, a qualifié de «magistral» son discours à Tel-Aviv, dans lequel le démocrate a demandé au pays de ne pas se laisser «consumer par la rage».

Mais de là à rallier des élus républicains, à un an ou presque des élections, quand son grand rival Donald Trump est favori pour l'investiture du parti... La droite dure a par exemple déjà commencé à étriller l'annonce d'une aide humanitaire américaine de 100 millions de dollars pour la bande de Gaza.

À l'inverse, le positionnement très ferme du président américain, qui a parlé du «devoir» d'Israël de se défendre, crispe l'aile gauche du parti démocrate.

Les jeunes Américains non plus ne s'y reconnaissent pas forcément. Selon un sondage de l'université Quinnipiac, les électeurs américains de moins de 35 ans sont majoritairement hostiles (à 51%) à des livraisons d'armes à Israël, alors que les électeurs plus âgés y sont majoritairement favorables.

En 2020, c'est entre autres grâce à la forte mobilisation de jeunes électeurs que Joe Biden l'avait emporté.

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