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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Biden s'oppose au rachat d'US Steel par le japonais Nippon Steel

AFP
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Agence France Presse

2024-03-14T15:12:36Z
2024-03-14T16:59:48Z
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Le rachat du grand nom de l'acier américain U.S. Steel par le japonais Nippon Steel, annoncé en décembre pour près de 15 milliards de dollars, a buté jeudi sur un obstacle de taille: le président Joe Biden, en campagne pour un second mandat, s'y oppose au nom de la défense des «travailleurs» américains.

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«U.S. Steel est une entreprise emblématique depuis plus d'un siècle, et il est vital qu'elle reste une société américaine, contrôlée et gérée depuis les États-Unis», a affirmé Joe Biden dans un communiqué.

«Il est important que nous maintenions des entreprises sidérurgiques américaines solides, opérées par des travailleurs américains. J'ai promis aux ouvriers de la sidérurgie américaine que je les soutiendrais et je n'ai qu'une parole», a-t-il ajouté.

L'inquiétude est particulièrement forte dans l'État de Pennsylvanie (nord-est), où se trouve le siège d'U.S. Steel et qui sera décisif lors de l'élection présidentielle en novembre.

Les deux groupes ont réagi peu après dans un communiqué commun, affirmant avoir «confiance dans le fait que (leur) partenariat (serait) un succès pour les emplois américains et pour la chaîne d'approvisionnement américaine, tout en renforçant la compétitivité de l'économie américaine et en forgeant une résistance contre les menaces de la Chine».

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Ils ont rappelé que le groupe japonais avait «clairement indiqué qu'il n'y aurait pas de suppressions d'emplois, pas de fermetures d'usines ni de transferts de production du fait de cette transaction».

Confiance

«Nous continuerons à défendre cette opération et nous sommes confiants dans le fait qu'un examen impartial et réfléchi aboutira à son approbation", ont-ils conclu.

Vers 16H00 GMT, l'action U.S. Steel perdait 0,69% à la Bourse de New York.

Cette annonce, susceptible de froisser Tokyo, intervient à l'approche d'une visite d'État du Premier ministre japonais Fumio Kishida à la Maison Blanche, prévue le 10 avril.

«Il serait compréhensible» que Tokyo «soit contrarié par le manque de soutien réciproque dans un contexte de pressions politiques internes», commente Thibault Denamiel, du Centre des études internationales et stratégiques (CSIS), relevant que Washington a besoin actuellement «de relations robustes avec ses partenaires».

Joe Biden, qui se présente en défenseur de l'industrie américaine, s'était déjà inquiété pour la «sécurité nationale» et la «fiabilité» de l'approvisionnement en acier lorsque le projet avait été dévoilé.

Le républicain Donald Trump --qui, sauf surprise, sera son adversaire en novembre-- a promis qu'il le bloquerait s'il retournait à la Maison-Blanche, selon des propos rapportés par la presse américaine.

MM. Biden et Trump «cherchent le soutien des syndicats puissants qui pourraient faire la différence dans les cruciaux "swing states"», pouvant pencher pour l'un ou l'autre camp, relève Thibault Denamiel.

Les protestations n'ont cessé de monter du côté des syndicats et de responsables politiques.

Face à ces craintes, les deux groupes ont soumis, dès fin décembre, leur projet à l'agence gouvernementale chargée d'évaluer le risque des investissements étrangers pour la sécurité nationale des États-Unis, le CFIUS.

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Si le CFIUS considère qu'il existe un risque, il en réfère au président des États-Unis, qui prend la décision finale (validation, interdiction, feu vert sous conditions).

U.S. Steel avait lancé une revue stratégique en août 2023 après avoir reçu plusieurs offres non sollicitées pour un rachat partiel ou total.

Attirance

L'entreprise a rejeté, à l'époque, une offre de son concurrent américain Cleveland-Cliffs, qui voulait une union totale pour former le seul sidérurgiste américain du Top 10 mondial en volume de production (31 millions de tonnes).

Cette offre était soutenue par le syndicat des métallurgistes USW, qui avait même affirmé qu'il ne soutiendrait personne d'autre.

Sollicités jeudi par l'AFP, le syndicat et Cleveland-Cliffs n'ont pas immédiatement réagi.

Le rachat par le géant japonais se ferait en totalité en espèces à 55 dollars par action, ce qui représente 14,1 milliards de dollars (14,9 milliards dette incluse). La finalisation était attendue, au plus tard, au troisième trimestre 2024.

U.S. Steel avait également reçu une proposition du conglomérat familial américain Esmark Steel Group. ArcelorMittal, numéro deux mondial, avait été cité par des médias parmi les prétendants.

L'attrait d'U.S. Steel découle, d'après des observateurs, en particulier du fait qu'il a achevé en 2023 un coûteux plan d'investissement comprenant notamment l'installation de fours à arc électrique (EAF) au lieu de hauts-fourneaux au charbon, pour réduire son empreinte carbone.

Le grand plan pour le climat de Joe Biden, en vigueur depuis l'été 2022, devrait entraîner à terme une baisse du coût de revient de l'acier américain et donc le rendre très compétitif par rapport à l'acier européen, avait indiqué en août à l'AFP une source du secteur.

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