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L'article provient de 24 heures

Besoin criant d’une piste cyclable sur Sherbrooke, selon des groupes de cyclistes

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Photo portrait de Félix Pedneault

Félix Pedneault

2023-09-20T19:21:55Z
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Plusieurs groupes citoyens et associations de cyclistes revendiquent que la rue Sherbrooke soit dotée d’une piste cyclable, un projet que la Ville de Montréal ne juge pas pressant, alors que ce serait essentiel au réseau de l’île, selon les militants. 

La rue Sherbrooke traverse la moitié de l’île, connecte les Pont Champlain, Jacques-Cartier et le pont-tunnel Tunnel Louis-H-Lafontaine, ce qui en fait une artère est-ouest névralgique de Montréal.  

C’est un argument suffisant pour considérer en faire une voie cyclable, selon Frédéric Bataille, porte-parole de la Coalition Mobilité Active Montréal. «Ce serait une belle signature, tout comme Saint-Denis pour l’axe nord-sud», croit-t-il.  

Lors des consultations publiques sur la planification du Réseau express vélo (REV) en 2018, la rue Sherbrooke était la plus demandée par les cyclistes pour accueillir une piste cyclable, soutient-il. Elle n’est pourtant apparue sur aucun plan.  

Ces jours-ci, la rue Sherbrooke est tout simplement dangereuse pour les cyclistes, selon lui.  

La Ville de Montréal a enregistré 50 collisions automobiles avec des cyclistes entre 2018 et 2021 (excluant 2020) sur cette artère.  

Dynamiser la rue  

La rue Sherbrooke pourrait bénéficier d’une piste cyclable selon Jacques Nacouzi, propriétaire du Code et Café, qui a longtemps milité pour la création du REV Saint-Denis.  

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Il a été l’un des premiers à constater une hausse d’achalandage dans son commerce grâce aux cyclistes. Encore aujourd’hui il se mobilise pour la mobilité active à Montréal.  

«Sherbrooke est l’une des plus belles rues à Montréal, mais on ne le voit pas. Des gens roulent à 80 km/h là-dessus, ce n’est pas paisible», déplore-t-il Selon lui, il faut ramener la rue à échelle humaine. «En ce moment c’est une autoroute en milieu urbain».  

Plusieurs institutions scolaires bordent Sherbrooke, comme l’université McGill, l’Université du Québec à Montréal et le Collège Dawson. Une piste cyclable serait un moyen sécuritaire pour que les étudiants s’y rendent, plaide M. Jacouzi. Il se dit persuadé que les commerces fleuriront sur Sherbrooke une fois qu’une piste cyclable sera aménagée.  

«En ce moment, les gens doivent se rabattre sur Maisonneuve, mais la piste cyclable est surchargée», souligne-t-il. 

Une évaluation du groupe citoyen Rue Sherbrooke à vélo estime à 8500 le nombres de cyclistes qui empruntent la piste cyclable sur De Maisonneuve chaque jour.  

«Il y a un potentiel énorme, c’est clair», lâche le commerçant. 

Prioriser d’autres liens est-ouest 

Et la situation ne changera pas avant au moins 2027, prévient Marianne Giguère, conseillère d’arrondissement du Plateau-Mont-Royal et porte-parole en mobilité active pour la Ville de Montréal. «On comprend que c’est un axe intéressant pour les cyclistes, mais c’est vraiment complexe», admet-elle. 

Réaménager la rue Sherbrooke demanderait de détourner les voies réservées pour bus, en plus de freiner la circulation autour des grandes intersections, explique l’élue. 

Elle pense, entre autres, aux coins des avenues De Lorimier et Papineau, qui desservent le pont Jacques-Cartier, ou à la circulation du centre-ville. 

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«Tant qu’il y aura le chantier du tunnel Louis-H.-Lafontaine, ce sera difficile de considérer la réaménager», dit-elle.  

Une partie de la circulation du pont-tunnel est condamnée à se rabattre vers le pont Jacques-Cartier, ce qui congestionne la rue Sherbrooke à toute heure du jour. 

La Ville ne prévoit pas de piste cyclable sur cette rue à «court ou moyen terme», indique Mme Giguère. Il faudra attendre la fin du Plan vélo 2023-2027 pour espérer voir le projet revenir sur la table. 

Le PDG de Vélo Québec, Jean-François Rheault, n’achète toutefois pas cette excuse et considère que la Ville pourrait commencer à réaménager la rue dès maintenant. «On pourrait commencer par l’est de la ville, qui a justement besoin d’être mieux desservi», suggère-t-il. 

Il rappelle que malgré la présence de pistes cyclables près de Sherbrooke, les cyclistes continuent d’utiliser la rue pour leurs trajets.  

Marianne Giguère, de la Ville de Montréal, n’exclut pas que des tronçons puissent être aménagés plus tôt par certains arrondissements.  

Elle note que d’ici-là, le Plan Vélo 2023-2027 prévoit créer des pistes cyclables est-ouest sur les rues Hochelaga, Jean-Talon et Henri-Bourassa.  

«Si on réussit à diminuer le nombre de voitures qui circulent, qu’on a un transport collectif plus structurant, ça pourrait être un plan», soutient-elle.  

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