On a demandé à des politiciens s'ils sont écoanxieux
Élizabeth Ménard
Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, ne se dit pas écoanxieux, contrairement aux trois porte-paroles des groupes d’opposition en la matière.
Les quatre politiciens étaient invités à réagir à un sondage Léger commandé la semaine dernière par le 24 heures.
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Les résultats du coup de sonde révèlent que plus de la moitié (59%) des répondants affirment être écoanxieux et que le quart d’entre eux disent que leur niveau d’écoanxiété a augmenté dans la dernière année.
Mis au courant de ces résultats, le ministre affirme avoir de «l’empathie» pour les personnes écoanxieuses, sans toutefois ressentir lui-même cette nouvelle forme d’anxiété face aux changements climatiques.
«En fait, c'est plutôt le contraire», souligne-t-il en entrevue au 24 heures.
«Je pense que la crise actuelle nous apporte de formidables défis et je suis confiant qu'on saura les relever», poursuit le député de Deux-Montagnes.
Benoit Charette assure qu'il comprend les inquiétudes que certaines personnes peuvent avoir vis-à-vis du climat. Il ajoute avoir une vision «très lucide» du sérieux de la situation et des possibilités qu’elle nous offre.
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Cavalier seul
Benoit Charette fait cavalier seul parmi ses collègues parlementaires en environnement.
Questionnés par le 24 heures, les trois porte-paroles des groupes d’opposition en la matière ont soutenu être parfois écoanxieux.
«Moi, je suis mère de deux enfants [...] le problème actuellement, ce n'est pas juste une crise climatique, c'est une crise pour l'humanité. Alors oui, je suis écoanxieuse à mes moments, lorsque je trouve que ça ne va pas suffisamment rapidement», confie la libérale et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement, Isabelle Melançon.
La solidaire Émilise Lessard-Therrien, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en environnement, affirme elle aussi s'inquiéter pour ses enfants.
«Quand je pense à l’avenir de mes filles [...], ça m’angoisse profondément, mentionne-t-elle. Quand j’entends ma petite fille de quatre ans qui me dit qu’elle veut avoir des enfants... hé boy! Dans quel monde ces enfants-là vont vivre? Et si j’y pense trop fort, trop loin, je remettrais en question pourquoi j’ai eu des enfants.»
Le péquiste Sylvain Gaudreault affirme lui aussi ressentir une «certaine anxiété».
«Ça m'arrive, moi-même, de vivre ça, c'est clair», avoue le porte-parole du troisième groupe d’opposition en environnement.
«Quand on voit ce qui se passe, par exemple, les catastrophes, les feux, les incendies de forêt, les inondations en Europe, les canicules comme il y a eu dans l'Ouest canadien cet été, je peux avoir une certaine anxiété par rapport à ça.»
Pas surprenant
Aucun des quatre politiciens n’a été surpris par les résultats de ce sondage qui conclut qu’une part importante de la population québécoise affirme ressentir de l’écoanxiété.
«Un peu plus de la moitié des Québécois manifestent un sentiment d’anxiété ou une inquiétude face aux changements climatiques», explique le vice-président affaires publiques et communication chez Léger, Sylvain Gauthier, questionné à savoir ce que ces résultats signifient.
La question qui a été posée était la suivante: «Au cours de la dernière année, diriez-vous que votre niveau d’écoanxiété a augmenté, est resté stable, a diminué ou vous ne faites pas d’écoanxiété?»
Les jeunes plus écoanxieux
Les résultats du sondage révèlent que le sentiment d’écoanxiété est plus élevé chez les jeunes. Pas moins de 73% des 18-34 se disent écoanxieux. Plus du tiers (38%) d’entre eux affirment aussi que leur niveau d’écoanxiété a augmenté dans la dernière année.
«Ça c’est une donnée qui n’est pas négligeable», souligne M. Gauthier.
Celui-ci mentionne toutefois que le niveau d’anxiété générale des jeunes, outre l’écoanxiété, a augmenté dans la dernière année, notamment à cause de la pandémie et des confinements qui en ont découlé.
Méthodologie: sondage réalisé du 24 au 26 septembre auprès de 1000 Québécois âgés de 18 ans ou plus. À titre comparatif, la marge d'erreur maximale pour un échantillon de 1000 répondants est de plus ou moins 3,1%, 19 fois sur 20.