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Culture

Benjamin Gratton parle du spectacle de ses parents auquel il participe

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Photo portrait de Louise Deschâtelets

Louise Deschâtelets

2024-06-03T10:00:00Z
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Le matin de ma rencontre avec Benjamin, le fils de mon amie Patricia Paquin et de son ex-conjoint Mathieu Gratton, je me suis levée avec quelques questionnements. Comme Benjamin était différent à sa naissance, ses proches ont tout fait pour le stimuler et lui donner les moyens de s’épanouir. Aujourd’hui, on peut dire que c’est mission accomplie puisque le jeune homme a conquis le coeur du public!

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Grâce à toute l’attention dont il a bénéficié, Benjamin s’est développé de façon spectaculaire, comme d’autres enfants classés dans le spectre de l’autisme qui ont aussi cette chance. Le jeune homme est en train de devenir rien de moins qu’un artiste de scène ainsi qu’une coqueluche télévisuelle! Ce qui a de quoi émerveiller n’importe quel spécialiste du domaine. Comme les autres enfants autistes, Benjamin fait partie de ces humains dont on comprend encore mal les mécanismes de fonctionnement. Alors qu’on pouvait entrevoir pour lui un horizon d’adulte limité, il vient brouiller les pistes d’analyse avec tout ce qu’il est en train d’accomplir.

Trop de lieux communs perdurent sur l’impossibilité, pour ce type d’enfant, de faire son chemin dans la vie, ce qui rend la situation d’autant plus difficile pour les parents, qui peinent à garder espoir que leur rejeton puisse un jour vivre une vie relativement autonome.

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J’avais beau être consciente des efforts déployés par les parents de Benjamin, Patricia et Mathieu, pour l’aider à évoluer, jamais je n’aurais pu imaginer me retrouver face à un garçon de 22 ans aussi dynamique et empathique que celui que j’ai rencontré en entrant dans le studio de la photographe!

Comme on l’avait averti de ma venue, il m’a spontanément saluée des deux bras, et ce, sans tourner la tête, et il a prononcé mon nom d’une voix forte. Celles que, dans notre métier, on appelle affectueusement les abeilles — maquilleuse, coiffeuse, habilleuse et agente d’artistes — bruissaient. autour de lui, en présence de son père. Ils veillaient tous à créer une ambiance favorable afin de sécuriser Benjamin, alors qu’une musique rock, digne de celle qui est très présente dans les événements sportifs, envahissait l’espace. Et, la main sur mon coeur, il m’a même fièrement cité le nom des interprètes qui jouaient!

Aussitôt le maquillage et la coiffure terminés, planté sur ses deux grandes jambes de post-adolescent qui a poussé trop vite tant il lui semble urgent de passer à l’âge adulte, Benjamin a exécuté quelques pas de danse, avant de se prêter à l’essayage de vêtements, en vue de la séance photos. Une séance que j’ai suivie de près, tant le plaisir que vivait Benjamin à porter de beaux vêtements — qui lui allaient comme un gant! — semblait le remplir de fierté. J’ai été frappée et émue également du sérieux qu’il manifeste dans cette autre étape importante de sa vie d’artiste, alors qu’il s’apprête à faire la page couverture d’un des magazines artistiques les plus importants au Québec.

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Comment peut-il atteindre un si haut niveau de concentration? me suis-je demandé, lui qui arrivait difficilement à s’exprimer dans sa petite enfance... Comment peut-il accepter d’être touché par tant de personnes, quand jadis il préférait rester dans sa bulle plutôt que de participer à la vie collective?

Je ne vous cacherai pas que l’essaim d’abeilles présentes dans le studio m’a confirmé que cet impressionnant résultat est dû au travail constant et concerté de ses parents, de ses beaux-parents et de certains ami.e.s-collaborateurs.trices.

Effectivement, grâce à eux, Benjamin a réussi le tour de force de devenir ce qu’il est: un jeune homme capable d’interagir avec les autres de manière tout à fait naturelle.

Quand je suis entrée avec lui dans le petit bureau adjacent au studio, il ne me restait donc plus qu’à faire de mon mieux avec mes questions, pour lui permettre de vous transmettre son aplomb et son enthousiasme!

Benjamin, tu viens de faire une longue séance photos après être passé au maquillage, à la coiffure et aux changements de costumes. Il y avait plein de monde qui grouillait autour de toi et qui te touchait sans arrêt. As-tu aimé ça?

Ouais! (Il m’a lancé sa réponse dans un cri du coeur qui exprimait la satisfaction du devoir accompli.)

Est-ce que tu te trouvais beau habillé comme tu l’étais?

Ouais, assez beau! (grand rire sonore)

Tu étais en spectacle de rodage à Gatineau hier soir avec tes parents. Tu n’as dormi que quelques heures à l’hôtel avant de revenir à Montréal avec ton père, Mathieu, pour deux autres heures de travail avec l’équipe du magazine. Comment te sens-tu?

Oh, bien! Trop bien!

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Les parents sont souvent les initiateurs des carrières de leurs enfants. Dans ton cas, c’est toi qui le désirais ou eux?

J’étais d’accord pour faire ça. Je voulais ça!

Quand tu es sur scène avec tes parents, qu’est-ce qui te plaît le plus?

Quand ils me posent des questions.

Ça ne te fait pas peur?

Pas du tout, du tout! J’aime ça!

On m’a dit qu’à chacune de tes présences sur scène le public t’avait applaudi et s’était levé pour te faire une ovation debout. Savais-tu que ça pouvait t’arriver?

Non! Ça me rend heureux.

Est-ce que c’est intimidant de monter sur scène avec ses parents?

Non!

C’est eux qui t’ont demandé de faire partie de leur spectacle ou c’est toi qui l’as proposé?

C’est eux autres. Moi, je n’ai fait que dire oui!

Apprendre tes répliques, ç’a été difficile?

Ouais, mais pas trop.

J’imagine que le processus a été plus complexe quand on t’a attribué le rôle du fils de la Dre Isabelle Granger (Geneviève Schmidt) dans STAT...

Pas du tout, parce que j’aime ça faire ça.

Mais ça a dû t’inquiéter d’avoir à faire ta place dans une aussi grosse équipe et d’apprendre tes textes...

Non. Ils sont tous très gentils. Et les textes, c’est pas un problème pour moi.

Il est vrai que tu as une bonne mémoire! Je l’ai remarqué tantôt quand tu t’es mis à nommer les voitures qu’il y a dans le stationnement en face du studio.

Oui. Je connais toutes les marques d’auto et j’ai tout de suite reconnu la vieille Porsche 911 Carrera.

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J’imagine que tu espères en conduire une un jour.

Oh oui! Un jour!

Et tu aimes la vitesse en auto, puisqu’un espion m’a dit que tu fréquentais la piste de course à SANAIR.

J’adore aller voir le drag à SANAIR, avec mes amis Tommy, Renaud et Charles-Antoine.

Et tu as d’autres passions... On m’a dit que tu adorais assister à des matchs de hockey. Quelle est ton équipe préférée?

Ouh! Ça, c’est difficile comme question. Je dirais, les Maple Leafs de Toronto, mais il y en a beaucoup d’autres que j’aime aussi.

Parce que tu vois beaucoup de hockey?

Ouais! Autant des matchs de la LHJMQ (Ligue de hockey junior majeur du Québec) que de la LNH (Ligue nationale de hockey).

As-tu des joueurs préférés?

Je ne peux pas choisir, j’en ai trop que j’aime dans les deux ligues de hockey. J’adore aussi les beaux arénas.

Parmi les arénas américains, quels sont tes préférés?

Mes préférés, c’est l’UBS Arena, où jouent les Islanders de New York, et le Madison Square Garden, où jouent les Rangers. Quand je vais là, j’aime ça aller voir l’Hôtel Plaza, parce que je le trouve très beau. 

Tu aimes les endroits chics et chers à ce que je vois!

(Il répond à ma question en roulant des yeux, l’air de me dire que j’exagère quand même!)

Si on revenait au Québec, quels sont tes arénas préférés?

C’est sûr que mon premier préféré, c’est le Centre Bell à Montréal et le deuxième, la Place Bell à Laval, où j’ai vu jouer les Rockets de Laval dans une belle loge.

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Dans le spectacle d’humour que tu fais avec tes parents, quand tu es sur scène, est-ce que tu es conscient du public qui est devant toi ou tu l’oublies complètement?

Je suis très conscient des gens qui sont devant moi. 

Et quand tu fais tes blagues, j’imagine que tu sais que tu dois les faire rire...

Ben oui! (avec l’air de me dire: «C’est bien évident!»)

Te souviens-tu du soir de la première?

Bien sûr. On jouait au Cabaret Théâtre du Vieux-Saint-Jean, à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Avais-tu le trac?

Pas du tout, du tout!

Je sais qu’une autre de tes passions, c’est le cinéma, mais pas tant pour les films que tu y vois que pour la qualité des fauteuils de certaines salles!

Ce que j’aime, c’est les salles avec des fauteuils inclinables et pivotants. Je suis même allé avec mon père à Vancouver dans une salle où les fauteuils étaient chauffants en plus. J’ai adoré ça, en plus de pouvoir manger pendant le film.

Tu aimes manger?

Oui, et là, je rêve de manger le burger au poulet de chez Benny & Co., mais sans la mayonnaise.

Parmi les plats que te prépare le chef Louis-François Marcotte, le mari de ta mère, Patricia, qu’est-ce que tu préfères?

Je ne peux pas m’empêcher d’aimer toute la nourriture de Louis.

Tu as vécu quelques mois en appartement. As-tu aimé ça?

Pas beaucoup.

Qu’est-ce que tu as trouvé le plus difficile?

Je pense que c’était de penser à tous les repas et d’être obligé de les faire.

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Je sais que, pendant cette période, tu avais une blonde et que tu ne l’as plus maintenant. Ça te rend triste?

Pas vraiment, parce qu’elle n’aimait pas ça quand je jouais à mes jeux.

Ça te privait de ta liberté?

Oh oui!

Retourner vivre entre la maison de Patricia, Louis et leurs deux enfants, et celle de Mathieu, sa blonde et leur nouveau bébé, tu ne trouves pas ça compliqué?

Pas du tout.

Dans un grand bâillement de fatigue, chose normale après les 24 heures qu’il venait de vivre, Benjamin m’a signifié qu’il en avait assez et qu’il était temps que j’arrête. Et je l’ai parfaitement compris. 

Le bonheur avec les enfants qui diffèrent de la norme, c’est que, pour eux, le non verbal est aussi important que le verbal; il est essentiel d’en maîtriser les nuances si on veut bien les comprendre. Pour ce qui est de les aimer, ça vient tout seul tellement ils sont vrais, directs et sincères. Et croyez-moi, Benjamin n’échappe pas à la règle. On l’aime au premier regard!

Pour toutes les dates du spectacle de Patricia Paquin et Mathieu Gratton, Les EXséparables, auquel participe Benjamin, allez à musicorspectacles.com. On retrouvera Benjamin dans STAT dès l’automne à Radio-Canada. On peut le suivre sur sa page Facebook.

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