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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Battu, menacé, seul: la maman d'un otage de 12 ans raconte le calvaire vécu par son fils à Gaza

Eitan Yahalomi au centre, a retrouvé sa maman le 28 novembre dernier.
Eitan Yahalomi au centre, a retrouvé sa maman le 28 novembre dernier. Photo AFP
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AFP

2024-03-28T15:06:22Z
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«Quand il pleurait, ils le menaçaient avec une arme», raconte Bat-Sheva Yahalomi, en égrenant les brimades et tortures psychologiques que son fils de 12 ans, Eitan, dit avoir endurées pendant ses 52 jours de captivité à Gaza.

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Dans un entretien téléphonique accordé à l'AFP, sa première interview à un média international depuis la libération de son fils, cette Franco-israélienne dont le mari Ohad est toujours otage, veut témoigner de «l'horreur» qu'à vécue son garçon à Gaza.

Une manifestation a eu lieu devant la résidence du premier ministre israélien à Jérusalem le 2 mars dernier pour demander la libération d'Ohad Yahalomi.
Une manifestation a eu lieu devant la résidence du premier ministre israélien à Jérusalem le 2 mars dernier pour demander la libération d'Ohad Yahalomi. Photo GIL COHEN-MAGEN / AFP

Eitan a été enlevé le 7 octobre avec sa mère et ses deux soeurs de 10 et 2 ans, dans leur maison du kibboutz Nir Oz, dans le sud d'Israël, mais Mme Yahalomi et ses filles ont réussi à s'échapper, à la faveur d'une chute de la moto de leur ravisseur.

Le garçon, lui, s'est retrouvé dans la bande de Gaza comme plus de 250 personnes capturées ce jour-là.

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«Il a reçu des coups quand il est arrivé, puis ils l'ont mis seul dans une cellule avec des barreaux et il est resté seul 16 jours sous la garde d'hommes armés du (mouvement islamiste palestinien) Hamas», raconte sa mère.

À sa sortie 52 jours plus tard, dans le cadre d'un accord de trêve qui a permis la libération de plus de cent personnes, en majorité des femmes et des enfants, Eitan a raconté son expérience à sa mère.

Environ 250 personnes ont été enlevées lors de l'attaque du Hamas qui a fait plus de 1160 morts du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Selon les autorités israéliennes, il reste 130 otages du 7 octobre à Gaza, dont au moins 34 seraient morts.

En représailles, Israël a lancé une vaste offensive militaire sur la bande de Gaza qui a fait 32 552 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement Hamas. Les destructions sont énormes et le nord du territoire menacé par la famine.

«Il m'a tout raconté», dit Mme Yahalomi, encore bouleversée par le témoignage glaçant de son fils.

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Isolé, affamé

«Il dormait par terre et était affamé tout le temps, il recevait une pita et un concombre par jour», se souvient-elle des confidences de son fils.

«Ils l'ont forcé à regarder des films qu'ils disaient avoir filmés le 7 octobre, et quand il pleurait, ils le menaçaient avec une arme», dit-elle, sans vouloir entrer dans le détail des images «atroces» auxquelles son fils dit avoir été exposé.

Placé sous surveillance constante d'hommes, isolé, il ignorait tout du sort de sa famille. Ses ravisseurs lui ont raconté des histoires contradictoires, plongeant l'enfant dans une «terrible incertitude».

Au bout de 16 jours, il a été emmené à l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, et enfermé dans une petite pièce avec dix autres otages dont cinq enfants, ce dont a témoigné, après sa libération, une femme ayant été détenue avec lui.

«Il s'est douché deux fois en 52 jours et n'a pas dormi une seule fois sur un lit ou un matelas», raconte sa mère.

À l'hôpital Nasser, il a pu enfin partager ses peurs avec les autres otages, mais sans rien apprendre du sort de ses proches.

Depuis son retour, il parle tout le temps de sa captivité, dort avec sa mère et n'a pas réussi à reprendre une vie normale.

«Il fait tout le temps des cauchemars, il est fort mais il ne va pas bien... Eitan est encore dans le 7 octobre», confie Mme Yahalomi.

L'enfant a célébré la semaine dernière sa bar-mitzva (cérémonie de passage à l'âge adulte à 13 ans dans le judaïsme), en famille mais «sans festivités» et surtout sans son père.

«Les enfants me posent des questions sur leur père, mais je n'ai aucune réponse», dit Mme Yahalomi, qui espère toujours le retour de son mari. Elle l'a vu la dernière fois le 7 octobre, blessé, devant leur maison.

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