Baseball: c'est le temps de penser aux jeunes
Benoît Rioux
En plus de 30 ans à la tête du programme sport-études de baseball à l’école secondaire Édouard-Montpetit, à Montréal, Stéphane Lepage a vu les Éric Gagné, Russell Martin, Abraham Toro et Otto Lopez, parmi tant d’autres, se développer sous ses yeux. Or, il n’est pas sans vivre certaines frustrations.
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Avec la pandémie de COVID-19, le sentiment s’est exacerbé. L’homme se montre clair : il souhaite de tout cœur que le projet de stade au centre-ville du Groupe Baseball Montréal, s’il voit le jour, vienne aussi servir les jeunes joueurs qui pratiquent ce sport. Y’en a marre qu’on quémande de l’argent aux contribuables sans que ça serve à l’ensemble de la population, dont les jeunes!
«Ça coûterait quoi d’avoir une annexe pour qu’on puisse s’entraîner à l’année à l’intérieur?, suggère-t-il, espérant que le tout déjà prévu dans le plan actuel. Les programmes sport-études comme le nôtre pourraient en profiter, mais aussi les jeunes de l’Académie de baseball du Canada, par exemple.»
«Ce serait en effet logique que Baseball Québec puisse bénéficier du plan de M. Bronfman et du Groupe Baseball Montréal, corrobore Maxime Lamarche, directeur général de la fédération, déployant pour sa part un élan d’optimisme. Il faut que les jeunes fassent partie de ce projet-là.»
Stade olympique non disponible
Si Lepage se montre incisif, c’est que le directeur du programme sport-études a récemment été découragé de voir qu’un événement qu’il planifiait au Stade olympique de Montréal ne puisse avoir lieu au printemps prochain. D’autant plus qu’il comptait sur un budget variant entre 250 000 $ et 300 000 $.
«J’ai eu l’impression dès le départ que c’était compliqué pour eux et qu’ils ne voulaient pas s’embarquer là-dedans», a dénoncé Lepage à propos des responsables du Parc olympique et de son projet de tournoi à six équipes, qui nécessitait le prêt et l’installation de la surface de baseball.
Sans doute inspiré par la présente programmation de «Ciné-Cadeau», Lepage a même comparé ses pourparlers avec les dirigeants du Stade olympique à «Astérix et la maison qui rend fou». Réserver l’endroit pour 16 jours en plus du temps requis pour installer un terrain de baseball, estimé à près de deux semaines, n’est effectivement pas simple.
«Bien que le projet d’accueillir le programme sport-études baseball semblait emballant, il n’a pu se concrétiser à cause d’événements confirmés et en réservation, a-t-on commenté par le biais des relations publiques du Parc olympique. Les dates prisées par le promoteur coïncidaient avec des dates déjà réservées au calendrier événementiel du Stade olympique, rendant la transformation du terrain impossible, selon les besoins de ce dernier.»
Il était impensable, semble-t-il, de glisser l’événement entre le match de soccer du CF Montréal prévu le samedi 5 mars et les gros camions du spectacle «Monster Spectacular», le samedi 9 avril. Tel que suggéré, changer un terrain de soccer en configuration baseball ne se fait pas non plus en criant ciseau.
Maudite pandémie...
Quoi qu’il en soit, Lepage dit avoir perçu un «manque de volonté», si bien qu’il a maintenant décidé de se tourner vers le Rogers Centre, à Toronto, pour mener son projet de tournoi printanier à terme. Les démarches sont entamées...
«Encore là, c’est compliqué», a toutefois reconnu le directeur du programme sport-études.
Il est à espérer pour M. Lepage et tous les jeunes joueurs de baseball du Québec que le grand projet de stade au centre-ville facilitera les choses. Il faut dire que la situation est particulièrement périlleuse en cette ère de pandémie alors que les athlètes du programme sport-études avaient l’habitude, avant 2020, de faire un voyage en Floride durant l’hiver. Pour le moment, à l’instar d’Astérix, on cherche encore le laissez-passer A38...
Des effets positifs, selon Baseball Québec
Par ailleurs, Maxime Lamarche, directeur général de Baseball Québec, ne se fait pas prier pour commenter les derniers développements entourant le vaste projet de stade au centre-ville de Montréal et cette idée de revitaliser un quartier au grand complet.
«Ce projet-là, depuis des mois, fait couler beaucoup d’encre sur le plan financier et le débat sur une possible participation des différents gouvernements. Je pense qu’il faudrait davantage parler des effets positifs que tout ça pourrait avoir sur la communauté, plaide-t-il. Au-delà de l’argent, le Groupe Baseball Montréal fait ça pour les citoyens... C’est important pour le groupe que l’arrivée d’une équipe ait un impact beaucoup plus gros que de présenter des matchs de baseball.»
Frôlant maintenant les 35 000 participants, le baseball québécois a connu une forte progression dans les 15 dernières années. Encore en 2009, ils étaient moins de 20 000 à pratiquer ce sport au Québec. Selon Lamarche, le projet de l’homme d’affaires Stephen Bronfman et de ses acolytes pourrait forcément contribuer à une nouvelle hausse impressionnante des inscriptions.