Baseball majeur: Alex Anthopoulos optimiste pour Montréal
Benoît Rioux
«C’est fou! J’en suis maintenant à ma 10e saison comme directeur général et à plus de 20 ans dans le baseball majeur, puis on dirait que je ne le crois pas encore.»
La Série mondiale remportée par Alex Anthopoulos et les Braves d’Atlanta en novembre dernier n’a pas changé le Québécois : il fait toujours preuve d’une grande humilité. Âgé de 44 ans, Anthopoulos garde les deux pieds ancrés au sol après être devenu le premier directeur général originaire du Canada à enlever les grands honneurs du baseball majeur.
Dans une entrevue accordée à l'aube de la nouvelle saison, Anthopoulos s’est d’ailleurs dit charmé de figurer au sommet du palmarès des Québécois les plus influents dans le monde du baseball.
«C’est un honneur incroyable, a-t-il réagi. C’est la première fois dans ma vie que je reçois un titre comme ça. Quand j’étais à l’école à Montréal, je ne pensais jamais que j’allais travailler dans le baseball, j’espérais seulement être engagé par les Expos et avoir un emploi. Maintenant, des années plus tard, c’est incroyable pour moi d’être reconnu comme ça.»
Le Québec gravé sur le coeur
Ayant grandi à Ville Mont-Royal, le directeur général des Braves a effectivement fait ses classes pendant quelques saisons dans les bureaux des Expos au début des années 2000, s’occupant d’abord du courrier des partisans, en plus d’être commissionnaire sur la galerie de la presse.
«Pour moi, c’est important de ne pas oublier d’où je viens», a souligné Anthopoulos, qui a aussi pris une pause du camp d’entraînement des Braves afin de participer au balado Les buts remplis, propulsé par TVA Sports et QUB radio, puis animé par Sylvain Rondeau et l’auteur de ces lignes. À écouter ici:
«Je sais que je ne ferai peut-être pas ce métier-là durant toute ma vie, a ajouté le DG. Le jour où je ne serai plus un directeur général [dans le baseball majeur], il va sûrement y avoir moins de gens qui vont vouloir me parler, m’offrir des honneurs et m’avoir sur leur podcast... J’ai beaucoup de gratitude face aux expériences que j’ai eues, mais le Québec a toujours une place spéciale dans mon coeur.»
Un retour des Expos?
Dans cette veine, Anthopoulos assure avoir suivi avec attention le projet des villes-sœurs impliquant les Rays de Tampa Bay, qui est toutefois mort dans l’œuf en janvier.
«C’est sûr que j’ai suivi les nouvelles entourant les Rays et Montréal, a-t-il convenu. Peu importe la chance qu’obtient la ville de retrouver le baseball majeur, je deviens excité. Même quand j’étais directeur général pour les Blue Jays [de 2009 à 2015] et qu’on avait commencé à jouer des matchs préparatoires au Stade olympique, à Montréal, c’était vraiment incroyable.»
«Je crois qu’un jour on va retrouver le baseball [à Montréal], car il y a tellement de partisans qui veulent ça, a poursuivi Anthopoulos. Je pense qu’avec un [nouveau] stade, ça va marcher, mais quand? Je ne suis pas sûr. Mais je vais toujours être là pour encourager quand ça va arriver un jour.»
De bons mots pour Toro
À propos de son attachement pour le Québec, le DG des Braves l’a également prouvé en formulant de bons mots à l’endroit d’Abraham Toro, porte-couleurs des Mariners de Seattle, qui occupe d’ailleurs la deuxième place du palmarès annuel.
«C’est intéressant de voir un gars comme Abraham Toro. C’est vraiment un bon joueur, a qualifié Anthopoulos. Après avoir été échangé dans la dernière saison, il a tellement bien joué pour les Mariners. Je sais à quel point les Québécois sont fiers des joueurs venant de la province, c’était la même chose pour Russell Martin... J’aimerais ça un jour aller le saluer et lui dire bonjour, c’est sûr.»
Pour y parvenir cette saison, Anthopoulos devra voyager jusqu’à Seattle, où les Braves d’Atlanta seront les visiteurs en septembre dans une série de trois matchs interligues. D’ici là, les champions de la Série mondiale entameront leur saison régulière à domicile, ce jeudi, contre les Reds de Cincinnati. Avant le match de samedi, Anthopoulos et les autres membres des Braves se verront remettre officiellement leur bague soulignant leur récente conquête.
Ce qu’il a dit...
«Ça va aider le baseball au Québec d’avoir Abraham [Toro], parce que c’est un jeune joueur qui a maintenant une chance, avec les Mariners, de jouer avec les meilleurs du baseball majeur et ça vient démontrer aux autres jeunes Québécois qu’ils peuvent aussi le faire.»
«Je crois qu’on a une bonne équipe, mais c’est difficile dans notre division. Je ne pense pas que ça va être facile cette saison. L’important est de se rendre aux éliminatoires. Une fois rendu là, n’importe quoi peut arriver. Mon degré d’optimisme est bon, mais dans mon travail, je sens que je suis meilleur quand je suis inquiet et préoccupé.»
«Quand tu es directeur général, et lorsque que tu as une chance, tu dois faire tout ce que tu peux pour les joueurs, pour les employés de l’organisation, pour la ville et la communauté. C’est ton travail de faire ça.»
Alex Anthopoulos préfère s’inquiéter
Le Québécois Alex Anthopoulos sait fort bien qu’il sera difficile pour son équipe de défendre son titre de la Série mondiale en 2022. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle, car le directeur général des Braves d’Atlanta préfère travailler en ressentant une certaine pression.
«Je crois qu’on a une bonne équipe, mais c’est difficile dans notre division. Je ne pense pas que ça va être facile cette saison, vient noter Anthopoulos, qui se méfie particulièrement des Mets de New York et des Phillies de Philadelphie dans la section Est de la Ligue nationale. Mon degré d’optimisme est assez bon, mais dans mon travail, je suis meilleur quand je suis inquiet et préoccupé.»
Le départ du vétéran Freddie Freeman, qui s’est entendu avec les Dodgers de Los Angeles durant la saison morte, est notamment une lourde perte pour Anthopoulos et les Braves.
«C’est sûr qu’un joueur comme lui, c’est difficile de le voir partir. Il va être un membre du Temple de la renommée un jour et restera un membre des Braves pour toute sa vie. C’est un peu triste, quand même», a noté le DG à propos du joueur de premier but de 32 ans qui a profité de son autonomie pour obtenir un contrat de six ans et 162 millions $ avec les Dodgers.
Freeman avait récemment blâmé Anthopoulos pour ne pas avoir essayé davantage de le retenir à Atlanta, avant de s’excuser publiquement. Quoi qu’il en soit, l’heure est venue de regarder droit devant.
Un retour en mai pour Acuna fils
L’éventuel retour au jeu du voltigeur Ronald Acuna fils, qui a subi une intervention chirurgicale pour traiter une déchirure au ligament croisé antérieur l’an dernier, représente une nouvelle encourageante pour les Braves.
«C’est un joueur incroyable à voir évoluer à chaque jour, a qualifié Anthopoulos. Il y a vraiment de bonnes chances de le revoir dès la première semaine du mois de mai, mais nous ne sommes pas certains qu’il pourra jouer tous les matchs dès son retour. Nous sommes excités de le voir revenir.»
Peu importe ce qui s’en vient, les Braves pourront assurément compter sur Anthopoulos pour aller chercher du renfort avant la date limite des transactions si le club se retrouve en bonne position au classement. C’est d’ailleurs ce qu’il avait fait de façon spectaculaire, en 2021, en ajoutant à sa formation les voltigeurs Eddie Rosario, Jorge Soler, Adam Duvall et Joc Pederson, entre autres.
«Quand tu es directeur général et que tu as une chance [de gagner], tu dois faire tout ce que tu peux pour les joueurs, pour les employés de l’organisation, pour la ville et la communauté. C’est ton travail de faire ça, a-t-il tranché. Pour la nouvelle saison, l’important est de se rendre aux éliminatoires. Une fois rendu là, n’importe quoi peut arriver.»
Comme les autres équipes, les Braves ont une chance de plus de se qualifier en raison du nouveau format des séries qui rassemble désormais 12 clubs du baseball majeur, soit six dans la Nationale et autant dans l'Américaine.
La saison des Braves se mettra en branle, jeudi, lorsque les Reds de Cincinnati seront les visiteurs à Atlanta.