Babygirl: voici ce qui fait jaser à propos du nouveau film osé de Nicole Kidman
Amélie Hubert-Rouleau
Qu’ont en commun les sorties récentes de films comme The Substance, le quatrième chapitre des aventures de Bridget Jones (Mad About the Boy) ou encore Lonely Planet? Ces longs métrages mettent en vedette des femmes matures qui remettent en question les normes sociétales et reprennent le pouvoir sur leur corps, leur vie ou leur sexualité.
Avec Babygirl, la cinéaste et actrice néerlandaise Halina Reijn propose une histoire dans la même veine, dans laquelle la protagoniste libère des pulsions enfouies loin au fond d’elle en entretenant une liaison torride avec un homme beaucoup plus jeune qu’elle.
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Apprivoiser la bête en soi... ou la laisser exister
Romy (Nicole Kidman) est PDG d’une grosse compagnie de haute technologie. Elle a une vie digne d’Instagram: un mari aimant (Antonio Banderas), deux filles adolescentes qu’elle adore et une carrière florissante. Un jour, elle rencontre Samuel (Harris Dickinson), l’un des stagiaires embauchés par son entreprise. Au fil de leurs échanges, ce dernier semble saisir certains des désirs cachés de Romy. Une idylle s’amorce entre la femme d’âge mûr et le jeune homme dans la vingtaine, dans le cadre de laquelle Romy réalise ses fantasmes les plus débridés. Elle éprouve un malin plaisir à laisser Samuel prendre le contrôle de leurs ébats et lui dire quoi faire. Les deux partenaires s’adonnent à des jeux de pouvoir, et plus Romy flirte avec danger, plus elle est allumée. On s’en doute: cette brûlante aventure aura un impact sur sa famille et sa vie.
Un peu d’histoire
Avec Babygirl, Halina Reijn offre son troisième long métrage – et son deuxième en anglais, après Bodies Bodies Bodies (2022). Ce n’est pas la première fois qu’elle aborde la thématique de la sexualité dans un contexte où les deux partenaires sont séparés par des interdits sociaux ou moraux. Son premier film, Instinct (2019), raconte l’histoire d’une psychologue d’expérience qui s’amourache d’un délinquant sexuel alors qu’elle le traite dans un pénitencier.
En entrevue avec un journaliste d’E! News en décembre dernier, la réalisatrice affirmait à propos de Babygirl: «Je souhaitais créer une histoire dans laquelle une femme se libère. En fin de compte, c’est un hommage à la joie et à la liberté», résume-t-elle. Pour elle, le film ne porte pas tant sur l’aventure entre les deux personnages que sur le fait de ne pas hésiter à réclamer ce qu’on veut et ce dont on a besoin. «Ce film invite simplement à être soi-même en tant que femme qui prend de l’âge. Nous sommes toutes conditionnées à penser que nous devons être fertiles ou en avoir l’air. Tant que nous le sommes, nous avons de la valeur et nous pouvons être choisies par les hommes. Nous devons nous libérer de tout ça», expliquait-elle au magazine britannique Dazed & Confused.
Pourquoi tout le monde parle de Babygirl?
Le film a enfin pris l’affiche au Canada à Noël, mais bien avant, il avait déjà créé le buzz. Qu’est-ce qui fait que ce thriller érotique pique la curiosité et alimente autant les conversations?
1. L’intensité de Nicole Kidman
Les grands festivals de films donnent toujours une bonne idée des longs métrages à garder sur son radar. L’actrice australienne a gagné la Coupe Vulpi de la meilleure actrice à la Mostra de Venise lorsque Babygirl y a été présenté en août dernier. Elle a aussi été encensée par de nombreux critiques, qui louent son jeu intense, nuancé et imprégné de vulnérabilité.
2. La réalisation de Halina Reijn
Contrairement à des films qui mettent en scène la sexualité de façon très idéalisée, presque théâtrale, comme Fifty Shades of Grey (2015), Babygirl jouit d’une réalisation plus crue, plus brute; certains la qualifient même de «clinique». Halina Reijn représente notamment l’orgasme de toutes sortes de façons dans le film et, en général, de manière plus réaliste.
3. Le rapport au pouvoir et au désir
Le film explore notre relation aux dynamiques de pouvoir et de manipulation, plus spécifiquement dans un milieu de travail corporatif. Il remet en question la validité d’une relation entre une personne haut placée dans l’entreprise et une autre qui en est à ses débuts. Est-ce que cette situation est plus acceptable ou valide parce que la personne en situation de pouvoir est une femme? Et, plus que tout, Babygirl aborde les frontières et interactions entre désir et contrôle.
4. La sexualité d'une femme mature
Dans la filmographie récente, il est plutôt rare qu’une œuvre se penche sur la vie sexuelle d’une femme d’un certain âge. Dans Babygirl, Romy semble être assez active sur ce plan avec son mari, mais une partie d’elle-même n’arrive pas à lui exprimer ses désirs les plus profonds. Sa relation interdite avec Samuel lui permet d’explorer à fond sa sexualité et d’accéder à des fantasmes profondément enfouis en elle, notamment par l’entremise du BDSM.
5. La musique de Cristobal Tapia de Veer
C’est le Montréalais Cristobal Tapia de Veer qui a composé la musique de Babygirl; le multi-instrumentiste, compositeur et réalisateur d’origine chilienne a par ailleurs créé la musique d’une série du réseau HBO plutôt connue... The White Lotus!
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