Avortement: le gouvernement Trudeau veut «revoir le cadre légal»
Raphaël Pirro | Agence QMI
Le premier ministre Justin Trudeau a indiqué mercredi que son gouvernement s’apprêterait à «regarder» le cadre légal entourant l’avortement, pour éventuellement en «assurer» et même en «améliorer» l’accès.
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«Le libre choix d’une femme appartient à elle seule. Toutes les femmes au Canada ont le droit à un accès légal et sécuritaire à l’avortement et le Canada», a réitéré M. Trudeau.
Il aurait donc demandé à Jean-Yves Duclos, ministre de la Santé et Marci Ien, ministre des Femmes, de faire un état des lieux de la question au Canada, l’objectif étant d’en assurer l’accès «pas seulement maintenant, mais sous n’importe quel autre gouvernement dans l’avenir».
Le retour fracassant de la question de l’avortement fait suite à la publication par le média «POLITICO» d’une version inachevée d’une décision de la Cour suprême des États-Unis qui infirmeraient une décision historique de 1973 ayant mené à la légalisation de l’avortement.
L’idée d’en revoir le cadre légal était déjà inscrite dans la plateforme électorale des libéraux aux élections de septembre dernier.
Les libéraux envisageaient plus précisément la mise en place d’une norme nationale sur l’avortement. Les provinces qui dérogeraient à cette norme pourraient voir leurs transferts en santé être amputés.
Répondant à des questions avant son entrée au caucus libéral, M. Trudeau a affirmé que son gouvernement avait accordé 45 millions $ à des organismes à travers le pays pour «améliorer la santé reproductive».
Par ailleurs, des études sont en cours pour mieux saisir les subtilités entourant l’accès à l’avortement, qui diffère légèrement d’une province à l’autre.
La ministre fédérale des Familles, Karina Gould, a pour sa part indiqué que les femmes américaines désirant une interruption de grossesse pourraient avoir recours à la procédure au Canada.
Les conservateurs rasent les murs
Les députés conservateurs se sont faits plus que discrets avant leur entrée au caucus en matinée mercredi. Aucun d’entre eux ne s’était arrêté pour répondre aux questions des journalistes.
«Renversé qu’une histoire américaine fasse autant de tapage au Canada», le sénateur québécois Pierre-Hugues Boisvenu n’a pas gardé la langue dans sa poche.
«Pour moi, c’est comme ressusciter un mort. Pour moi ce dossier-là est mort, il est réglé, puis qu’il y ait des gens qui essaient de ressusciter ça... je ne crois pas aux miracles», a-t-il lancé.
M. Boisvenu s’est dit en faveur d’un «accès égal partout au Canada» et a dit espérer que le prochain leader du parti mettra un clou dans le cercueil de cette question délicate au sein du caucus.Le sénateur appuie ouvertement la candidature de Jean Charest dans la course à la chefferie et a offert un large sourire lorsqu’il a été questionné sur la position de M. Poilièvre.
Selon lui, le leader ne doit présenter aucune «zone grise» et afficher une «position claire».
«Si c’est M. Charest [qui est élu chef], ces fantômes-là vont rester dans le placard», a-t-il dit. Mardi matin, au lendemain de la nouvelle provenant des États-Unis, le bureau de la cheffe par intérim du Parti conservateur, Candice Bergen, a intimé les députés du caucus à ne pas se prononcer sur la décision à venir de la Cour suprême.
Le député Alain Rayes s’est prononcé sur le sujet aux alentours de midi, à la sortie du caucus.
La question de l’avortement est «extrêmement sensible, tactique, même», et le député déplore que les libéraux en fassent de la «politique partisane».
«Il y a des pro-choix, il y a des pro-vie dans notre organisation. Les gens le savent, puis la majorité de mes confrères et consœurs sont des pro-choix comme moi je le suis et on se respecte tous», a dit M. Rayes.
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