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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Avion russe abattu: interrogations sur la version de Moscou qui accuse l'Ukraine

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Agence France Presse

2024-01-25T13:24:21Z
2024-01-25T16:32:27Z
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De nombreuses incertitudes demeurent jeudi, au lendemain du crash d'un avion militaire russe près de la frontière ukrainienne: Moscou accuse Kyïv, sans éléments l'attestant, d'avoir sciemment abattu un appareil qui transportait, selon les autorités russes, 65 prisonniers ukrainiens.

• À lire aussi: Avion russe abattu: le Kremlin dénonce un «acte monstrueux» de Kyïv

Mercredi, un avion de transport Il-76 s'est écrasé près du village russe de Iablonovo, à 45 kilomètres de la frontière avec l'Ukraine dans la région de Belgorod, tuant ses 74 occupants, selon les autorités russes.

Selon elles, 65 prisonniers ukrainiens qui allaient être échangés s'y trouvaient, avec un équipage de six personnes et trois militaires russes.

L'armée russe assure que l'appareil a été détruit par les forces ukrainiennes qui «savaient» pourtant que les prisonniers seraient emmenés par avion à Belgorod.

Jeudi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a encore reproché à Kyïv un «acte monstrueux».

Cependant, la Russie n'a apporté aucune preuve sur l'identité des passagers, ni démontré que l'Ukraine savait qui était à bord de l'appareil.

Le commissaire ukrainien aux droits humains, l'une des personnes chargées des échanges de prisonniers, Dmytro Loubinets, a dès lors appelé jeudi l'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à aller «inspecter les lieux» du crash.

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Il s'est toutefois dit «convaincu» que Moscou n'autoriserait «personne (...) à voir le site».

Le CICR, se refusant à toute «spéculation», a affirmé «ne pas savoir ce qu'il s'est passé».

Kyïv n'a pas confirmé avoir abattu l'avion, mais a souligné sa volonté de continuer à frapper des cibles militaires en territoire russe.

Et le renseignement militaire ukrainien (GUR) a insisté sur le manque «d'informations fiables et complètes» concernant les passagers de l'avion. Volodymyr Zelensky, a lui demandé une enquête internationale.

Russie «responsable»

Le commissaire ukrainien aux droits humains a relevé que la Russie était dans tous les cas «responsable de la sécurité» des détenus, selon la Convention de Genève.

Dmytro Loubinets a aussi affirmé «que rien n'indique qu'il y avait autant de gens à bord».

Aucune image montrant les corps de victimes du crash n'a été publiée par les autorités ou sur les chaînes Telegram d'experts militaires russes.

Kyïv reconnaît qu'un échange de prisonniers était prévu, mais assure n'avoir «pas été informé» de la nécessité de sécuriser l'espace aérien dans la zone du crash.

Jeudi, les services spéciaux du pays (SBU) ont annoncé ouvrir une enquête sur le crash, mais toute investigation semble difficile, l'appareil se trouvant en territoire russe.

Les enquêteurs russes ont eux récupéré deux boîtes noires, a rapporté l'agence d'État Ria Novosti, citant une source au sein des services d'urgence.

Moscou, de son côté, a obtenu une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU à 22H00 GMT jeudi.

Signe de l'incertitude et des nombreuses interrogations, les réactions internationales ont été plutôt rares.

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Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, a dit ne pas être «en mesure de dire si les assertions russes sont vraies ou pas». «La Russie nous a habitués à mentir sur ces sujets», a-t-il ajouté.

MH17, Prigojine

La région de Belgorod, où a eu lieu le crash, est très régulièrement visé par des frappes ukrainiennes en représailles aux nombreuses attaques russes.

Kyïv a déjà revendiqué la destruction d'appareils russes qui jusqu'à récemment semblaient hors de portée des armements ukrainiens.

La semaine dernière, le pays a dit avoir abattu deux avions russes, ce que Moscou n'a ni confirmé, ni infirmé.

La Russie a été mêlée à plusieurs catastrophes aériennes dont les circonstances sont encore floues et où la version des faits russe suscite bien des questions.

Le cas le plus célèbre est celui du vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu au-dessus de l'Ukraine en 2014. Si tous les éléments pointent la responsabilité de combattants à la solde de Moscou, la Russie a multiplié les versions pour accuser l'Ukraine du drame qui avait fait 298 morts.

Un cas plus récent est celui de l'avion transportant le chef du groupe armé Wagner, Evguéni Prigojine, qui s'est écrasé en août 2023 lors d'un vol reliant Moscou et Saint-Pétersbourg.

Il a été tué dans ce crash, ainsi que ses principaux lieutenants, quelques semaines après une mutinerie avortée qui avait mis en rage le président russe Vladimir Poutine.

Les autorités russes ont démenti toute implication, estimant que l'avion a pu s'écraser parce que ses passagers ont fait exploser une grenade à bord.

Enfin en juillet 2022, Kyïv et Moscou s'étaient mutuellement accusés du bombardement d'une prison à Olenivka, dans l'Est de l'Ukraine occupé par la Russie, attaque au cours de laquelle plus de 50 prisonniers de guerre ukrainiens avaient péri.

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