Avenue Maguire: le restaurant coréen Bab Sang ferme ses portes un an et demi après la polémique sur le service en anglais

C’est déjà la fin pour le restaurant Bab Sang de l’avenue Maguire. Plongé dans une vive polémique il y a un an et demi en raison de la difficulté à obtenir un service en français, l’établissement du secteur de Sillery, à Québec, a récemment fermé ses portes définitivement, a constaté Le Journal.

«Local commercial à louer», peut-on lire sur une gigantesque affiche placardée sur la vitrine du restaurant qui se spécialisait dans la cuisine coréenne traditionnelle. «Idéal pour restauration ou commerce alimentaire, équipement de cuisine inclus», est-il précisé.

Le Bab Sang avait fait les manchettes pendant deux semaines en octobre 2022 après qu’il eut été révélé qu’il était difficile, voire impossible par moments, d’y être répondu en français.

L’établissement qui venait d’ouvrir s’était défendu en pointant la difficulté de recruter des travailleurs. «Croyez-moi, c’est très difficile de recruter», avait confié le restaurateur d’origine coréenne dans une entrevue avec Le Journal.

Préférant ne pas témoigner à visage découvert et visiblement dépassé par les événements, il avait annoncé la fermeture de sa salle à manger en déplorant être victime d’intimidation.

Controverse

La controverse n’avait pas tardé à prendre une dimension politique.

Le maire Bruno Marchand avait rapidement prévenu que la pénurie de main-d’œuvre ne doit pas servir de «prétexte» pour négliger le français. Ses opposants à l’hôtel de ville l’avaient taxé de manquer de sensibilité envers un commerçant local «qui a besoin d’aide».

L’affaire avait toutefois connu une conclusion heureuse, par une véritable vague de solidarité. Citoyens et commerçants avaient offert leur aide pour travailler bénévolement et aider à traduire les menus. La réouverture de la salle à manger, deux semaines plus tard, avait été un succès. 

Au moment d’écrire ces lignes, il n'avait pas été possible de joindre un responsable de Bab Sang. La ligne téléphonique du restaurant est d’ailleurs inaccessible.

Déception

Selon la présidente de la SDC Maguire, Odile Bouchard, l’entreprise n’a jamais vraiment réussi à stabiliser la situation avec son personnel, bien que c’était «vraiment très, très bon».

«On n’a pas eu de contact avec ni le propriétaire du restaurant ni le locateur. On sait juste qu’il y avait des problèmes avec le staff», indique-t-elle.

Les activités auraient pris fin il y a deux ou trois semaines environ.

«On trouve ça triste, c’est sûr et certain qu’on n’aime pas avoir un local vide sur notre rue, puis en plus, c’était une excellente adresse pour manger», commente-t-elle.

Malgré tout, elle n’est pas inquiète que le local trouve preneur rapidement, car le taux d’occupation de la rue commerçante «est quasiment à 100%».

«Notre recherche en ce moment est en lien avec un autre exploitant de restaurant qui pourrait reprendre les locaux, les équipements, pour exploiter un restaurant selon ce qu’il veut. Tout est équipé, tout est prêt, il a juste à mettre ses couleurs puis à ouvrir», indique de son côté le courtier immobilier responsable de ce dossier, Bruno Lévesque.