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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Avalanche de condamnations après la proposition de Trump de contrôler Gaza

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AFP

2025-02-05T14:51:39Z
2025-02-05T18:13:15Z
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Le projet de Donald Trump de contrôler Gaza et déplacer ses habitants s’est heurté mercredi à une avalanche de condamnations, chez les Palestiniens et à l’étranger, au moment où doivent reprendre les délicates négociations sur la poursuite de la trêve entre Israël et le Hamas. 

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Les Palestiniens, les dirigeants arabes et de nombreux pays ont condamné la proposition de Donald Trump d’une prise de contrôle américaine de Gaza et d’un déplacement de sa population, le président américain insistant sur le fait que «tout le monde adore» cette idée.

Le Hamas a accusé le président américain de «jeter de l’huile sur le feu» avec ses déclarations qui ne «contribueront pas à la stabilité» du Moyen-Orient, au moment où doivent reprendre les délicates négociations sur la poursuite de la trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.

Donald Trump a fait cette annonce mardi après avoir reçu à la Maison-Blanche le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, selon qui cette proposition pourrait «changer l’Histoire».

MEGA/WENN
MEGA/WENN

«Nous ne permettrons pas que soient bafoués les droits de notre peuple», a rétorqué le président palestinien Mahmoud Abbas, rival du Hamas.

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Le projet semble cependant irréalisable tant il se heurte à toutes sortes d’obstacles, parmi lesquels l’attachement des Palestiniens à leur terre, l’opposition des États arabes et le droit international.

Donald Trump a répété mardi que les habitants de la bande de Gaza, en ruines après 15 mois de guerre, pourraient aller vivre en Jordanie ou en Égypte, malgré l’opposition de ces pays.

«Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza», a-t-il dit au côté de M. Nétanyahou, parlant du territoire palestinien comme d’un «chantier de démolition».

Le président américain a affirmé que les États-Unis allaient «aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits», afin de développer économiquement le territoire. Il a évoqué un projet «à long terme», répétant son vœu de faire de Gaza la «Côte d’Azur du Moyen-Orient».

«Tout le monde l’adore», a déclaré mercredi le milliardaire républicain à la presse alors qu’on l’interrogeait sur les réactions sur son projet.

«Vivre ou mourir ici» 

Mais beaucoup d’habitants du territoire assiégé, rentrés chez eux à la faveur de la trêve, témoignaient de leur volonté de reconstruire.

«Nous sommes revenus malgré les destructions massives (...) Nous sommes revenus parce que nous rejetons catégoriquement d’être déplacés», a indiqué Ahmed al-Minaoui, rentré dans la ville de Gaza.

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«Je suis Gazaoui, mon père et mon grand-père sont originaires d’ici (...) Nous n’avons qu’une seule option: vivre ou mourir ici», a ajouté Ahmed Halasa, un habitant de la même ville âgé de 41 ans.

En revanche pour Kfir Dekel, un Israélien de 48 ans qui vit dans la zone frontalière avec Gaza, «le plan de Trump a du sens. Gaza est complètement détruite et il est impossible de réparer tant qu’il y a des gens». «Laissons-les partir et construire leur vie ailleurs, et nous ferons vraiment de ce lieu un îlot de paix».

Donald Trump avait déjà suscité l’indignation internationale en proposant de faire «tout simplement le ménage» à Gaza et de transférer ses habitants dans des lieux «plus sûrs» comme l’Égypte ou la Jordanie.

L’Égypte, frontalière de Gaza, a appelé mercredi l’Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, à reprendre le contrôle du territoire, d’où elle avait été chassée en 2007 quand le Hamas y a pris le pouvoir.

Le roi Abdallah II de Jordanie a lui réitéré son refus de «toute tentative» de déplacer les Palestiniens, lors d’une rencontre avec Mahmoud Abbas.

Les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et la Ligue arabe ont aussi rejeté le plan américain.

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«Un futur État palestinien» 

La France a vu des déclarations «dangereuses pour la stabilité et le processus de paix», estimant que l’avenir de Gaza passe par «un futur État palestinien» et non par le contrôle «d’un pays tiers».

Pour le premier ministre britannique Keir Starmer, les Palestiniens de Gaza doivent pouvoir revenir «chez eux et reconstruire». Le territoire «appartient aux Palestiniens», a aussi affirmé Berlin.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a en outre rappelé que tout transfert forcé ou expulsion d’un territoire occupé étaient «strictement prohibés».

Opposé à l’accord de trêve, le ministre israélien d’extrême droite Bezalel Smotrich a promis mercredi de tout faire pour «enterrer définitivement» l’idée d’un État palestinien.

L’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem a elle qualifié le plan de Trump de «fou».

La rencontre à la Maison-Blanche a coïncidé avec l’annonce d’une reprise des négociations sur le cessez-le-feu à Gaza, dont une première phase de six semaines a débuté le 19 janvier, mais dont la suite reste incertaine.

Le Hamas a annoncé mardi que ces négociations avaient «commencé».

Israël a indiqué qu’il enverrait «en fin de semaine» une délégation au Qatar, l’un des trois pays médiateurs avec les États-Unis et l’Égypte, pour discuter de la poursuite de la trêve.

La première phase a permis jusqu’à présent la libération de 18 otages retenus à Gaza et d’environ 600 Palestiniens détenus par Israël, un afflux de l’aide humanitaire et le retour de plus d’un demi-million de déplacés dans le nord du territoire.

La deuxième phase doit permettre la libération des derniers otages et la fin définitive de la guerre, avant une dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza.

Au total, 251 personnes avaient été enlevées le 7 octobre 2023 lors de l’attaque du Hamas contre Israël, qui a entraîné la mort de 1 210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.

L’offensive israélienne menée en représailles dans la bande de Gaza a fait au moins 47.518 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

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