Le balado de François Legault, en a-t-on vraiment besoin?

Ça y est: François Legault a maintenant son propre balado, Bonjour tout le monde, dans lequel il recevra, toutes les deux ou trois semaines, une personnalité de différents milieux. Pourquoi le premier ministre se transforme-t-il en intervieweur? Est-ce que c’est réussi et qu’a-t-il à gagner avec ce balado? On fait le point. 

«Il y a une volonté, dans cette perspective-là, d’avoir un meilleur contrôle du message, un meilleur contrôle de son image», explique d’emblée le professeur au département de communication sociale et publique de l’UQAM Olivier Turbide. 

Comme sur ses réseaux sociaux, le balado permet au chef caquiste de se montrer sous un jour sympathique et proche des gens. C’est une manière de miser sur «cette facilité-là que François Legault possède de communiquer, de rentrer en contact». 

Dans ce nouveau format, on rencontre une autre facette de la personnalité de François Legault: il est à l’écoute, posé et curieux, remarque Olivier Turbide. «On est dans un mode qu’on n’est pas habitué de voir: le premier ministre en train d’écouter quelqu’un.» 

Aller chercher d’autres audiences 

Avec ce balado, la Coalition Avenir Québec (CAQ) cherche aussi à «s’approprier des médias [...] et donc [à] communiquer directement avec [son] public sans passer par le filtre traditionnel journalistique», poursuit le chercheur en communication.  

Le parti ne s’en cache d’ailleurs pas: l’objectif est d’aller chercher les adeptes de balado, qui se tiennent parfois loin des médias traditionnels et des réseaux sociaux fréquentés par le PM.  

C’est ce qu’a affirmé le directeur des relations médias et des communications numériques au cabinet du premier ministre, Manuel Dionne, en entrevue avec Le Devoir. Le cabinet du premier ministre a refusé notre demande d’entrevue.  

Le premier ministre compte d’ailleurs ratisser large avec son balado et rejoindre des gens aux champs d’intérêt variés: les arts, la culture, l’économie, la littérature, etc.  

Une occasion de passer un message? 

Dans le premier épisode, mis en ligne mercredi, François Legault reçoit l’ancienne présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Régine Laurent.  

Cette dernière lui donne des conseils pour régler la crise en santé et elle lui parle concrètement de ce que vivent les infirmières sur le terrain. 

Voilà justement à quoi pourrait servir le balado, selon Olivier Turbide. 

«Je trouve que c’est une occasion aussi pour les invités de passer un message [au premier ministre], indique-t-il [...] Ça peut être gagnant-gagnant et pas juste un outil de relations publiques.»  

Mais encore faut-il se faire inviter au fameux balado. Rappelons que la première invitée, Régine Laurent, a été choisie en 2019 par le gouvernement pour présider la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse. 

Des conseils pour améliorer le balado 

Une fois qu’on a dit tout ça: est-ce que c’est bon, Bonjour tout le monde?  

Dans l’ensemble, le directeur plateformes et contenus numériques de QUB radio, Etienne Roy, juge le balado réussi.  

«Je pense que ça s’écoute bien. C’est concis, le ton est direct, c’est assez convivial. On sent une ouverture sur les sujets», souligne-t-il.   

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Dans un décor pas tout à fait pro, on peut voir le premier ministre dans un contexte peu conventionnel. Assis dans un grand fauteuil de cuir noir, micro à la main, il pose des questions, écoute son interlocutrice et hoche de la tête.  

Le micro à main est un truc qu’Etienne Roy changerait. Selon lui, le premier ministre gagnerait à le remplacer par des micros sur table, que les invités ont plus tendance à oublier. Il lui suggère aussi de se procurer des micros avec des bonnettes pour éviter les bruits de bouches et les respirations.  

Etienne Roy aurait finalement aimé que, sur son compte Twitter, François Legault partage un lien qui mène vers une plateforme québécoise qui héberge son balado plutôt qu’un lien YouTube: surtout dans un contexte de crise des médias.