Le Mondial junior est annulé, mais...
François-David Rouleau
Au quatrième jour de compétition au Championnat du monde de hockey junior, l’inévitable a frappé. Avec la multiplication des cas d’infection à la COVID-19 dans au moins trois des dix équipes, la direction du tournoi a pris la difficile décision de l’annuler, mercredi après-midi.
En moins de 24 heures, quatre matchs ont dû être annulés alors que la COVID-19 s’est faufilée parmi les Américains et les Russes, à Red Deer, ainsi que les Tchèques à Edmonton. Ce n’était qu’un début, car tant les Tchèques que les Russes avaient déjà disputé deux matchs avant d’obtenir des tests positifs.
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Avec seulement neuf matchs complétés sur la trentaine à l’horaire jusqu’au 5 janvier, la pagaille était déjà installée. La Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG) a confirmé une cinquantaine de cas positifs dans l’environnement direct du championnat lors d’une conversion téléphonique avec Le Journal en fin de soirée. La situation laissait présager une fin de tournoi aussi rocambolesque qu’imprudente.
Sous les recommandations du comité médical de la Fédération, la santé et la sécurité de tous les participants ont primé sur le sport. Devant l’impossibilité de présenter une compétition équitable et les difficultés logistiques, la FIHG a décidé d’avorter la mission en Alberta pour l’intégrité du sport.
Évolution rapide
«Dès le début, on a vite compris que ce ne serait pas une compétition comme les autres. Nous avons vu l’impact du virus», a expliqué le président de la FIHG, Luc Tardif, qui a multiplié les réunions de la cellule de crise au fil des derniers jours.
«Les équipes ne pouvaient pas toutes obtenir la même chance de gagner, a-t-il ajouté. Personne n’était satisfait de la qualité de la compétition. Il fallait donc arrêter.»
Le comité voulait aussi éviter de perdre le contrôle dans la ronde éliminatoire, lors des matchs les plus importants. Et il souhaitait aussi assurer la sécurité des participants infectés dans leur guérison et leur route vers le retour à la maison.
Il s’agissait d’un premier événement international d’envergure, faut-il le rappeler, sous l’ère du variant Omicron. Selon les données préliminaires fournies par le gouvernement de l’Alberta, la province de 4,37 M d’habitants a enregistré entre 750 et 2500 nouveaux cas par jour depuis le 23 décembre. La transmission communautaire du nouveau variant était d’ailleurs bien implantée dans les régions de Calgary et d’Edmonton selon les données disponibles et limitées durant la période des Fêtes.
Plusieurs failles
Selon des informations rapportées par les collègues du site The Athletics, Corey Pronman, et de Daily FaceOff, Chris Peters, les mesures sanitaires à Red Deer, hôte des matchs du groupe B impliquant entre autres la Russie et les États-Unis, n’étaient franchement pas à la hauteur. Le protocole du second tournoi international en importance a montré plusieurs failles.
Plusieurs sources l’ont critiqué en exposant leurs observations et leurs inquiétudes quant à la proximité de gens de l’extérieur, notamment dans les établissements hôteliers où des fêtes avaient lieu.
Contrairement à l’an dernier, les organisateurs n’avaient pas créé de bulle, préférant opter pour des environnements contrôlés, à la demande des équipes, à un mois du tournoi.
Les organisateurs ont affirmé avoir corrigé les situations sanitaires problématiques, notamment à Red Deer. Malgré le resserrement des mesures et l’instauration de tests de dépistage quotidiens (7836 au total), le mal était fait. Le virus s’était vite faufilé en prenant les devants.
En plus des joueurs et membres du personnel des équipes touchées, une demi-douzaine d’officiels ont aussi contracté la COVID-19.
Dans une situation qui a évolué à grande vitesse, il était donc impossible d’aller jusqu’au bout.
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Une possible reprise du tournoi cet été?
Luc Tardif s’est mouillé, mais n’a pas voulu plonger. Le président de la Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG) a émis la possibilité que le Championnat mondial junior soit complété cet été.
«Cet événement est annulé, mais cela ne signifie pas que c’est la fin pour autant, a laissé entrevoir Tardif avec un brin d’optimisme dans cette triste journée, aujourd'hui. On doit réfléchir à une façon de compléter ce tournoi en 2022. Ce comité ne lâche pas. Il y aura peut-être une surprise à venir.»
Par surprise, il espère pouvoir livrer de bonnes nouvelles dans quelques semaines. Optimiste, il souhaite que les joueurs juniors puissent briller et soulever leur coupe internationale en 2022.
«C’est l’une des plus importantes compétitions pour les jeunes joueurs. Ce n’est pas fini. Nous leur devons ça.»
Étudier les options
Tardif et le comité organisateur évalueront toutes les possibilités dans le prochain mois. Dans le meilleur des mondes, une poursuite du tournoi après le Championnat du monde masculin qui doit avoir lieu en Finlande dès la mi-mai, serait envisageable.
Un bémol, c’est que le comité organisateur doit s’assurer de la logistique avec toutes les ligues impliquées, tant juniors que professionnelles. Car, aux dires de Tardif, tous les joueurs qui participaient à cette édition du Mondial junior seront admissibles l’été venu. Nonobstant leur âge puisqu’il y aura des exceptions.
Devant cette possibilité, il veut que les jeunes espoirs, entre autres, puissent utiliser cette vitrine internationale pour briller de tous leurs feux. Surtout ceux qui sont admissibles au repêchage de la LNH prévu les 7 et 8 juillet à Montréal.
Par ces indices, on peut déduire que le Championnat pourrait se poursuivre en juin. Tardif ne veut surtout rien promettre.
Autre raison
Mais il n’y a pas que les belles intentions pour les jeunes qui commandent dans la décision à venir. Il y a aussi le fric !
Selon Tardif, le Championnat mondial junior se veut le second tournoi en importance dans la liste de la FIHG. Il représente une véritable vache à lait pour la Fédération en plus de son organisateur, Hockey Canada. À ceux-ci s’ajoutent les détenteurs des droits de diffusion, Bell.
Évidemment que tous souhaiteraient pouvoir mettre un joyeux point d’exclamation final après une remise de médailles. Pour les jeunes... Et remplir des coffres plutôt que de vider des poches !