Augmenter la population de certaines espèces d’animaux pour aider le climat
Andrea Lubeck
On sous-estime le rôle que peuvent jouer les animaux sauvages pour lutter contre le réchauffement climatique, et, pourtant, les bénéfices pourraient être énormes, conclut une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Climate Change.
• À lire aussi: Les arbres blessés par le verglas vont-ils survivre?
• À lire aussi: C’est notre «dernière chance» de sauver la planète, alerte le GIEC
Si on utilise déjà les plantes, les sols et les sédiments des écosystèmes pour capter et stocker le carbone dans l’air, les animaux peuvent aussi représenter «un élément clé des solutions climatiques naturelles qui peuvent améliorer la capacité de prévenir le réchauffement climatique au-delà de 1,5°C», écrivent les chercheurs.
Augmenter la population de neuf espèces d’animaux à l’état sauvage dans des endroits clés du monde représenterait 95% des efforts annuels nécessaires pour atteindre l’objectif de retirer 500 milliards de tonnes métriques de CO2 de l’atmosphère d’ici 2100.
Parmi ces espèces, on compte les éléphants de forêt d’Afrique, les bisons d’Amérique, les requins, les poissons, les loups gris, les loutres de mer, les baleines, les gnous et les bœufs musqués.
Il faut absolument réduire et éliminer les émissions de gaz à effet de serre si on veut limiter le réchauffement planétaire et éviter les pires conséquences du dérèglement climatique.
«Heureusement, nous disposons de la technologie nécessaire pour retirer le CO2 de l’atmosphère», a indiqué Oswald Schmitz, professeur à l’école d’environnement de l’Université Yale, en entrevue au média spécialisé en environnement Mongabay. «Elle s’appelle la nature.»
Comment est-ce possible?
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs se basent sur l’évolution de la population de gnous dans le Serengeti, un parc national de Tanzanie, en Afrique, et de ses effets sur le climat de la région.
Après que la population de gnous eut été décimée par une maladie au début des années 1900, on a remarqué une hausse de la fréquence et de l’intensité des feux de forêt dans le Serengeti en raison de la perte du pâturage naturel effectué par l’espèce. Cela a transformé la région en source de carbone, rapporte Mongabay.
Les efforts de gestion de la maladie ont fait augmenter le nombre de gnous dans le parc national, ce qui a du même coup restauré le recyclage de l’herbe et a redonné le statut de puits de carbone au Serengeti. Les feux de forêt y ont d’ailleurs diminué en fréquence et en intensité.
C’est qu’en cherchant de la nourriture et en creusant des nids, les animaux redistribuent les graines et les nutriments autour d’eux, ce qui renforce la biodiversité et fait pousser de nouvelles plantes qui permettent de capter davantage de carbone, en plus de prévenir le dégel du pergélisol et les incendies, notent les auteurs de l’étude.
Cohabitation avec l’humain
Le hic, c’est que l’humain empiète de plus en plus sur l’habitat naturel des animaux, ce qui les empêche de bien jouer leur rôle dans l’écosystème.
Pour cela, les communautés locales doivent participer à la planification et à la prise de décision entourant le réensauvagement des espèces afin de favoriser une cohabitation harmonieuse, lit-on dans le rapport.