Décès de Richard Genest: «Aucun lien» avec la fermeture de l’urgence, Legault pointe les ambulances
Vincent Larin
Il n’y a «pas de lien» entre la fermeture de nuit de l’urgence de Senneterre et le décès de Richard Genest, maintient François Legault, qui pointe vers «peut-être un problème avec les ambulances».
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Le premier ministre et son ministre de la Santé, Christian Dubé, ont été accusés par les partis d’opposition, jeudi, d’être responsables en partie de cette mort pour avoir autorisé un plan de contingence qui ne prenait pas en compte le manque de ressources dans la région.
Or, «dès que c'est arrivé hier soir, le ministre de la Santé a parlé avec la P.D.G. du CISSS de l'Abitibi-Témiscamingue, et, selon elle, il n'y a aucun lien à faire entre la fermeture du CLSC [de Senneterre] et le décès de M. Genest», a affirmé le premier ministre, François Legault, jeudi, au Salon bleu.
Délais supplémentaires
Comme le CLSC de Senneterre ne disposait pas des «outils de diagnostic» nécessaires pour évaluer l’état de santé de Richard Genest, y aller aurait «engendré des délais supplémentaires» avant son transfert, a ensuite expliqué la P.D.G. Caroline Roy, en entrevue.
Plus tard, en conférence de presse, François Legault a pointé vers un problème potentiel avec la couverture ambulancière de la région.
Rappelons qu’au moment de l’appel de Richard Genest, l’ambulance qui desservait le secteur était déjà en route vers Val-d’Or, transportant un autre patient. C’est finalement le service ambulancier de Barraute, une municipalité qui se trouve à une vingtaine de minutes de route de Senneterre, qui a été déployé pour répondre à l’appel.
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À 10-15 minutes à pied
Richard Genest est donc décédé dans la nuit de mardi à mercredi après avoir attendu plus de deux heures pour recevoir de l’assistance médicale.
L’homme habitait pourtant à environ 10-15 minutes à pied du CLSC de Senneterre, mais il a dû faire 140 km en ambulance jusqu’à Amos puisque l’établissement est fermé 16 heures par jour depuis octobre, faute de personnel.
Choqués par cette tragique histoire, le Parti libéral du Québec, Québec solidaire et le Parti Québécois avaient pressé le Bureau du coroner de se saisir du dossier, ce qu’il a finalement annoncé qu’il ferait jeudi.
Selon la cheffe libérale, Dominique Anglade, Christian Dubé est responsable en partie du décès de Richard Genest puisqu’il a lui-même autorisé des découvertures ambulancières sur le territoire de la région.
Elle demande un plan pour la réouverture rapide des services d’urgence en région où le manque de main-d’œuvre force leur fermeture et rappelle qu'elle avait invité l'ancien maire de Senneterre à venir partager ses solutions à Québec il y a quelques semaines seulement.
«Il a eu droit à huit minutes d’échanges. Pour quel résultat? Aucun résultat. Au bout du compte, l’urgence est toujours fermée et M. Genest est décédé», a-t-elle déploré.
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Médecine de brousse
«Le trajet que le patient a dû faire, c'est comme partir de Montréal, aller virer à Joliette pour se faire dire que le spécialiste dont on a besoin est à Saint-Jérôme. Le patient est décédé dans l'ascenseur à quelques minutes du spécialiste qui aurait pu le sauver», a déploré la députée solidaire Émilise Lessard-Therrien.
Plusieurs questions devront être éclaircies par le coroner, notamment au sujet du plan présenté il y a quelques semaines par le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue qui prévoyait de dépêcher une ambulance supplémentaire pour justement éviter des découvertures ambulancières sur son territoire, rappelle-t-elle.
Pour le chef parlementaire du Parti Québécois, Joël Arseneau, cette situation relève carrément de la «médecine de brousse».