Au moins vingt cadavres alignés dans une rue de Boutcha, ville venant d'être libérée
Agence France-Presse
Les cadavres d'au moins vingt hommes portant des vêtements civils gisaient samedi dans une rue de Boutcha, une ville au nord-ouest de Kiev que les soldats ukrainiens viennent de reprendre aux forces russes, a constaté sur place un journaliste de l'AFP.
• À lire aussi: EN DIRECT | 38e jour de l'invasion russe en Ukraine
• À lire aussi: «On voit tous les jours les militaires russes massacrer des humains»
• À lire aussi: «Retrait rapide» des forces russes du nord du pays
L'un des hommes avait les mains liées et les corps étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres.
On ne pouvait dans l'immédiat déterminer la cause de leur mort, mais une personne présentait une large blessure à la tête.
Ces derniers jours, les forces russes se sont retirées de plusieurs localités proches de la capitale après l'échec de leur tentative de l'encercler.
L'Ukraine a annoncé que Boutcha avait été «libérée», mais cette ville a été dévastée par les combats: les journalistes de l'AFP ont pu y voir des trous béants provoqués par des obus dans des immeubles d'habitation et de nombreuses carcasses de voitures.
Seize de la vingtaine de cadavres découverts dans une rue de Boucha se trouvaient sur le trottoir ou sur le bord du trottoir. Trois étaient au milieu de la chaussée et un autre dans la cour d'une maison.
Tous les hommes morts portaient des manteaux d'hiver, des vestes ou des hauts de survêtement, des jeans ou des bas de jogging et des baskets ou des bottes. Deux d'entre eux gisaient près de bicyclettes, un autre à côté d'une voiture abandonnée.
Certains étaient couchés sur le dos, tandis que d'autres étaient à plat ventre.
La peau des visages avait un aspect cireux, laissant penser que les cadavres étaient là depuis au moins plusieurs jours.
«Tous ces gens ont été fusillés», «ils (les Russes) les tuaient d'une balle dans la nuque», a de son côté assuré à l'AFP le maire de Boutcha, M. Anatoly Fedorouk.
Il a ajouté que parmi les habitants de sa ville ayant péri il y a «des hommes et des femmes de tous âges» ; «ce qui m'a le plus choqué c'est un garçon âgé de peut-être 14 ans».
Plusieurs personnes retrouvées mortes ont les mains attachées par une bande de tissu blanche, celle-là même qu'elles avaient utilisée pour montrer qu'elles n'avaient pas d'armes, a raconté M. Fedorouk.
«Dans la rue, il y a toujours des voitures avec des familles entières tuées : enfants, femmes, grands-mères, hommes», a-t-il affirmé.
Selon lui, certains «tentaient de passer par la Boutchanka (une rivière, ndlr), pour gagner le territoire» sous contrôle ukrainien.
«Tant que les démineurs ne sont pas passés pour les vérifier, il est déconseillé de les ramasser» car ils peuvent être piégés, a dit au téléphone M. Fedorouk, en parlant des corps, soulignant au passage que «ce sont les conséquences de l'occupation russe, des agissements» de l'ennemi.
«À Boutcha, nous avons déjà enterré 280 personnes dans des fosses communes, car il était impossible de le faire dans les trois cimetières de la municipalité, tous à portée de tir des militaires russes», a-t-il ajouté.