Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Assassinés, emprisonnés, exilés: le sort des opposants à Poutine

Partager

Agence France Presse

2024-03-17T04:42:55Z
Partager

Vladimir Poutine doit sans surprise remporter dimanche un nouveau mandat de six ans à l’issue de la présidentielle russe. Un scrutin sans aucune opposition marqué par la mort en prison mi-février d’Alexeï Navalny. Retour sur le sort qui a échu aux principaux opposants au maître du Kremlin. 

Mort en prison

Principal détracteur de Vladimir Poutine pendant plus d’une décennie, Alexeï Navalny a été harcelé, empoisonné et incarcéré. Il est finalement mort le 16 février à l’âge de 47 ans dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique, où il purgeait une peine de 19 ans de prison pour «extrémisme».

Ses partisans et de nombreux dirigeants occidentaux ont accusé Vladimir Poutine de sa mort, certains évoquant «un meurtre», après trois années de détention.

Ancien avocat moscovite, ce militant anticorruption avait été victime en 2020 d’un grave empoisonnement qu’il attribuait au Kremlin. À son retour en Russie en janvier 2021, il avait été immédiatement arrêté.

Après sa mort, Ioulia Navalnaïa, a promis de poursuivre le combat de son mari et appelé les Russes à «s’unir» contre Vladimir Poutine. Elle vit désormais en exil à l’étranger.

Publicité

Assassinés

Ancien vice-premier ministre, pressenti un temps dans les années 1990 pour succéder au président Boris Eltsine, Boris Nemtsov était devenu dans les années 2000 un détracteur de premier plan de Vladimir Poutine.

Moins d’un an après s’être opposé à l’annexion de la Crimée, il est assassiné en février 2015 de quatre balles dans le dos sur un pont de la Moskova à quelques centaines de mètres du Kremlin.

Ses soutiens ont accusé le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov d’avoir donné l’ordre de cet assassinat, ce que celui-ci nie. Cinq Tchétchènes ont néanmoins été condamnés pour ce meurtre, sans que le commanditaire soit officiellement identifié.

Dix ans plus tôt, en octobre 2006, Anna Politkovskaïa avait été abattue dans le hall de son immeuble à Moscou. Cette journaliste de Novaïa Gazeta, le principal média indépendant en Russie, avait documenté et dénoncé pendant des années les crimes de l’armée russe en Tchétchénie.

Emprisonnés

D’autres critiques se retrouvent derrière les barreaux, comme Oleg Orlov, 70 ans, une figure de la défense des droits de la personne et de l’emblématique ONG Memorial, condamné fin février à deux ans et demi de prison pour des dénonciations répétées de l’invasion de l’Ukraine.

Opposant de longue date, Vladimir Kara-Mourza, 42 ans, dit avoir survécu par le passé à deux empoisonnements. En avril 2023, il a été condamné à 25 ans de prison pour trahison et avoir diffusé de «fausses informations» sur l’armée russe.

En avril de la même année, Ilia Iachine, 40 ans, s’est quant à lui vu infliger huit ans et demi de privation de liberté pour avoir dénoncé «le meurtre de civils» dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kyïv, où l’armée russe a été accusée d’exactions, niées par Moscou.

Publicité

L’opposant nationaliste Igor Guirkine, 53 ans, l’ex-commandant des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine devenus critique des autorités russes, a été condamné en janvier à quatre ans d’emprisonnement.

Deux proches d’Alexeï Navalny, Lilia Tchanycheva et Ksenia Fadeïeva, purgent pour leur part des peines de prison pour «extrémisme».

Selon l’ONG Memorial, il y a plus de 250 «prisonniers politiques» en Russie actuellement.

En exil

La plupart des principaux opposants restés en Russie sont emprisonnés. Les autres ont fui ou bien se sont exilés, comme l’ancien champion d’échecs Garry Kasparov, récemment classé «extrémiste et terroriste».

Mikhaïl Khodorkovski, un ancien magnat du pétrole, a passé dix ans en prison après s’être opposé à M. Poutine au début des années 2000. Depuis sa libération en 2013, cet ex-oligarque est réfugié à Londres, d’où il finance des plateformes d’opposition.

Beaucoup de partisans d’Alexeï Navalny ont aussi quitté la Russie.

Moscou fait à cet égard monter la pression sur les dissidents vivant à l’étranger. Une enquête a ainsi été ouverte en février en Russie contre l’écrivain Boris Akounine, en exil depuis 2014 dans la capitale britannique, pour «diffusion de fausses informations» sur l’armée et «appel au terrorisme».

«Agents de l’étranger»

Les opposants risquent une autre punition: être officiellement qualifiés d’«agents de l’étranger».

Cette étiquette a été accolée à des centaines de personnes, militants des droits de la personne, opposants ou journalistes. Avant le milliardaire Oleg Tinkov ou Oleg Orlov, ce fut aussi le cas de l’ex-premier ministre qui s’est exilé, Mikhaïl Kassianov, et du rédacteur en chef de Novaïa Gazeta, Dmitri Mouratov.

Pilier de la défense des droits de la personne en Russie, l’ONG Memorial, colauréate du Prix Nobel de la Paix 2022, a été dissoute par la justice russe fin 2021 pour avoir violé la loi sur les «agents de l’étranger», qui impose de strictes contraintes administratives.

La justice russe a également ordonné la dissolution d’associations aux opinions critiques, comme le Centre Sakharov en août 2023 et précédemment le Groupe Helsinki de Moscou et le Centre Sova.

Publicité
Publicité