Arrestations violentes au SPVQ: un policier accusé de voies de fait
Pierre-Paul Biron | Journal de Québec
L’agent Jacob Picard, policier du SPVQ impliqué dans des altercations violentes l’an dernier, a été officiellement mis en accusation après une enquête du Bureau des enquêtes indépendantes.
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Le policier de 27 ans est accusé de voies de fait et de voies de fait causant des lésions. Il comparaîtra le 28 novembre prochain au Palais de justice de Québec.
Accusations portées contre un policier du @SPVQ_police à la suite de deux enquêtes initiées en décembre 2021 par le BEI. https://t.co/WTNbJg5fWQ
— BEI Québec (@BEIQc) October 17, 2022
Les enquêtes concernaient l’événement du 17 octobre 2021 au resto-bar Le District Saint-Joseph du quartier Saint-Roch et une altercation survenue le 20 novembre dans le secteur de la Grande-Allée.
Le premier incident avait été médiatisé dans la foulée des vidéos d’arrestations violentes du SPVQ publiées sur le web. La victime dans cette affaire, Mathieu Gamache, avait choisi de raconter au Journal sa rencontre avec l’agent Picard, les vidéos des caméras de surveillance du District Saint-Joseph laissant peu de doute sur la violence de l’interpellation.
Quant à l’événement du 20 novembre, une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montrait Jacob Picard menacer un citoyen en lui criant : «Veux-tu que je te gaze mon hostie?» avant de le pousser violemment contre une autopatrouille.
Soulagé
Impliqué dans l’affaire du District Saint-Joseph, Mathieu Gamache s’est dit soulagé de voir que la justice allait trancher le cas du policier Picard.
Rappelons que l’homme se trouvait dans le resto-bar avec des amis lorsque les agents de l’escouade GRIPP du SPVQ sont entrés pour faire des vérifications.
Puisqu’il ne portait pas son masque comme le réclamaient à ce moment les règles de la Santé publique, M. Gamache a été interpellé par l’agent Picard. Selon sa version des faits, il croit que le policier ne l’a pas entendu lorsqu’il a mentionné qu’il allait mettre son masque et c’est à ce moment que tout a basculé.
Les caméras de surveillance de l’endroit montrent l’agent pousser violemment la victime dans un corridor, la tête de Mathieu Gamache heurtant violemment un mur.
«Je suis rassuré et je suis aussi satisfait pour toutes les autres personnes qui ont pu avoir des problèmes avec ce policier-là et qui n’ont pas eu la chance que ce soit filmé, parce qu’il y en a probablement», indique celui qui garde encore des séquelles plus d’un an après l’altercation.
Le résident de Québec souhaite aussi que les conséquences auxquelles fait face l’agent Picard fasse réfléchir ses collègues policiers et la direction du SPVQ.
«Il faut que les policiers se questionnent sur leurs méthodes parce que ça existe la brutalité policière. Et il faut que la ville réfléchisse sur le comportement de ses propres policiers», indique l’homme qui suggère des tests récurrents «pour voir si les agents ont la capacité de gérer certaines situations plus complexes».
Poursuite civile
L’agent Picard était déjà visé par une mise en demeure déposée par sa présumée victime dans l’arrestation violente du District. Mathieu Gamache a mis en demeure la ville de Québec pour 396 000$ et le policier à titre personnel pour 30 000$ en raison des dommages qu’il a subis le soir du 17 octobre 2021.
Son avocat, Me François-David Bernier, a confirmé au Journal qu’une poursuite civile sera officiellement déposée dans les prochaines semaines.
«Comme il y aura procès criminel, il faudra peut-être suspendre comme on ne pourra interroger le policier en raison de son droit au silence en attente de procès, mais c’est certain qu’on va de l’avant», explique l’avocat, qui déplore que son client ait à entamer des procédures malgré le fait que les accusations déposées viennent confirmer en quelque sorte le préjudice subi.
«Le DPCP n’accuse pas pour rien. Mais malgré ça, M. Gamache va être obligé de poursuivre alors que la ville aurait pu s’asseoir avec lui pour régler et éviter les longues procédures», soutient Me Bernier.
La victime a subi une violente commotion cérébrale et a développé des troubles anxieux, problèmes qui lui ont coûté son emploi à la suite de la soirée du 17 octobre 2021. «Le téléphone sonnait et je n’étais plus capable de répondre. Je suis incapable de me concentrer sur rien», confiait au Journal le père de famille en septembre dernier.
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