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Culture

Après le lancement de son livre, Gino Chouinard plonge dans le vide

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Michèle Lemieux

2024-10-06T10:00:00Z
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Quand Gino Chouinard a quitté Salut Bonjour en juin dernier, ç’a été un véritable saut dans le vide. Son départ, qui a suscité une vague d’émotion, s’est cependant révélé salutaire: il a trouvé le moyen non seulement d’aller là où on ne l’attendait pas, notamment en présentant un numéro d’humour à ComediHa!, mais aussi de nous offrir un livre intitulé 3800 matins. Dans cet ouvrage, l’auteur revient sur les moments forts de l’émission matinale et se livre comme jamais sur sa vie de couple avec Isabelle, et sa vie en tant que père de Marilou, 17 ans, et de Nathan, 15 ans. Non, Gino n’a pas fini de nous surprendre!

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Gino, depuis ton départ de Salut Bonjour, as-tu eu l’occasion d’explorer des zones inédites dans ta carrière?

Oui, j’ai présenté un numéro d’humour à ComediHa!. J’ai accepté de le faire parce que j’avais déjà participé à un bien-cuit. Dans un bien-cuit, il y a un contexte, une ambiance. Au début, je voulais m’éloigner de Salut Bonjour, mais, finalement, tout ce qui me venait en tête, c’était des histoires liées à l’émission, à son impact sur ma vie, etc. C’est donc de ça que j’ai parlé dans mon numéro, que des auteurs m’ont aidé à écrire. Je devais le roder, mais j’ai manqué de temps. Je l’ai présenté pour la première fois au Grand Théâtre de Québec devant 2000 personnes...

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Paul Ducharme / TVA
Paul Ducharme / TVA

Tu n’avais donc pas de filet de sécurité?

Non. Une fois sur scène, quand le rideau s’est levé, je me suis senti dans un drôle d’état... Je me suis demandé pourquoi j’avais accepté cette invitation. En fin de compte, je pense que ça s’est bien passé. Les gens semblent avoir apprécié mon numéro. Ça m’a vraiment touché. J’ai aussi renoué avec mes anciennes amours cet été en animant un épisode de Faites comme chez vous, à la radio de Radio-Canada. On m’a fait certaines propositions dans les derniers mois, mais je n’étais pas prêt à les accepter à ce momentlà. Je crois que la vraie pause arrivera dans les prochaines semaines, après le lancement du livre. Je n’ai pas la moindre idée de ce que j’aurai au programme en janvier prochain, mais c’est ce que je souhaitais. Je voulais plonger dans le vide.

En attendant, tu as trouvé le temps d’écrire un livre, 3800 matins.

Oui, avec Nicolas Forget, un collègue de Salut Bonjour. Un jour, mon fils a demandé à l’intelligence artificielle: «Qu’est-ce que mon père, Gino Chouinard, devrait faire après avoir animé Salut Bonjour pendant 17 ans en semaine?» Crois-le ou non, la réponse a été: «Tout d’abord, prendre des vacances, et ensuite, écrire un livre.» (rires)

Incroyable, quand même!

Je n’ai pas pris de vacances, mais j’ai accepté un contrat avec Les Éditions de l’Homme. Quand j’animais Salut Bonjour, je n’avais jamais le temps de prendre du recul. En écrivant le livre, j’ai trouvé intéressant de retourner en arrière, de me souvenir de ce que nous avions fait, l’équipe de l’émission et moi, de l’impact que cela a eu dans ma vie. J’ai pu revivre des événements et y réfléchir différemment, avec mon regard d’aujourd’hui. Écrire ce livre a été la meilleure relecture de mon parcours à Salut Bonjour. Plus j’écrivais, plus je mettais des éléments personnels et de l’émotion dans le texte. C’est ainsi que le livre a pris forme.

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Donne-nous une idée des histoires qui le composent.

J’y raconte les bons coups et les moins bons coups, les entrevues marquantes ainsi que les entrevues bouleversantes. J’ai reçu des témoignages extraordinaires au fil du temps. Et Salut Bonjour a été une courroie de transmission fantastique! Certains artistes qui sont venus à l’émission m’ont ensuite remercié de leur avoir permis de vendre des milliers de billets de spectacle ou d’albums. Pourtant, ce n’était pas grâce à moi, c’était grâce au canal Salut Bonjour. Il est aussi question de ma relation avec le public et avec ma famille. La dernière année a été particulièrement mouvementée. J’ai misé sur des trucs que je n’avais pas racontés; par exemple, je ne voulais pas revenir sur les troubles de sommeil ou l’horaire exigeant. Je voulais amener les gens ailleurs. J’explique plus l’envers du décor, les coulisses.

C’est une belle manière de conclure cette aventure.

Effectivement, mais il fallait que ça se fasse rapidement. J’ai dû sacrifier une partie du printemps et de l’été pour terminer le livre, qui a nécessité un travail plus éreintant que je l’aurais cru. Je commence seulement à goûter le résultat. J’ai d’ailleurs conclu ma préface en écrivant: «Advienne que pourra!» Cela représente bien mon départ de Salut Bonjour. C’est aussi le titre que j’ai donné à mon numéro à ComediHa!. (rires)

Quels moments importants te restent en mémoire?

Il y a les confidences de mon équipe, nos fous rires, les entrevues marquantes et les rencontres très touchantes. Dans le livre, je montre aussi l’impact qu’a eu Salut Bonjour dans la vie des gens, en présentant des entrevues qui ont changé le parcours de certaines personnes. Je ne me suis pas censuré. Je me penche également sur le fait que j’étais reconnu pour être un animateur très souriant. C’est vrai que je suis souriant, mais, parfois, j’avais des enjeux personnels avec mes enfants ou dans ma vie de couple. J’ai fait lire ces passages plus personnels à ma blonde. Nous avons enlevé un ou deux trucs qui étaient trop intimes, mais je tenais à démontrer que notre vie de couple, ça n’a pas été tous les jours comme une promenade dans le parc.

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On suppose que ça prenait une compréhension et un respect mutuels.

Oui, et nous y sommes arrivés, mais il a fallu que nous nous donnions des outils, en tant que couple. Nous avons consulté, discuté en profondeur, recommencé à faire des activités ensemble — activités que nous ne faisions plus parce que l’horaire ne nous le permettait pas. Même si Capitaine Sourire était à la télé tous les matins, la vie n’était pas toujours facile. En même temps, Salut Bonjour me permettait d’oublier certaines parties de ma vie personnelle qui étaient parfois intenses. Pendant quelques heures, je vivais du bonheur avec le public à la maison. Mais ça me demandait un effort et, parfois, c’était plus difficile. C’est intéressant que tu aies accepté de parler de cet aspect de ta vie, toi qui es si discret de nature. Je l’ai fait, car un couple sur deux, peut-être plus, traversera des moments difficiles. Nous, nous sommes passés au travers. Je voulais dire aux gens que je n’avais pas été préservé de cela, que je suis passé par là. Isabelle et moi sommes encore ensemble aujourd’hui. Ça envoie un message: oui, ça se peut que ça aille mal, mais ce n’est pas nécessairement la fin. Il y a des solutions. D’ailleurs, dans ce livre, j’aborde l’infertilité et l’adoption de mes enfants. L’adoption a pu répondre à mon besoin d’avoir une famille.

Adopter t’a quand même permis de changer deux vies.

J’avais cette perception au début, puis j’ai compris que c’était en réalité un geste égoïste. Je ne l’ai pas fait pour sauver des enfants, mais parce que j’avais besoin d’eux pour réaliser mon projet de vie.

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Comment entrevois-tu la suite?

Je veux avoir du plaisir. C’est ce qui a motivé mes 21 années à Salut Bonjour: je voulais avoir du plaisir. J’ai beaucoup travaillé, mais je n’ai pas eu cette impression. Je ne pense pas avoir choisi ce métier par carence ou dépendance affective. Ce n’était pas ma motivation. Je voulais exercer un métier qui me faisait triper, et j’ai trouvé la relation entre le public et moi fascinante. Pour la suite, ça pourrait être de la radio, de la télé. J’ai le privilège de pouvoir m’arrêter quelques mois, mais je sais pertinemment que plusieurs n’ont pas cette chance.

À travers les années, tu as reçu plusieurs honneurs.

Il y a eu 14 Artis, et aussi la Médaille de la Députée de l’Assemblée nationale. Depuis que j’ai quitté Salut Bonjour, les gens me questionnent sur mes projets. Je souhaite trouver une nouvelle façon d’entrer dans leur maison. J’espère conserver le lien que j’ai avec eux.

Pour ceux qui aimeraient te voir, tu donnes toujours des conférences?

Oui, j’ai du temps pour le faire. Ma conférence Comment ça, impossible? raconte mon parcours. J’ai connu ma part d’embûches. Les gens ne voient que la belle partie, mais il y a eu 10 ou 11 années difficiles avant d’y arriver. J’aurais dû abandonner, mais quelque chose me disait que je devais poursuivre. J’ai fait des petites jobines ici et là, comme des ménages dans des maisons, mais c’était à peine suffisant pour gagner ma vie. Après 10 ans à essayer de travailler dans ce métier, j’allais me réinscrire à l’université dans un autre domaine. J’ai essayé une dernière fois, et ma carrière a finalement démarré pour vrai.

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Tu souhaitais décrocher durant l’été. As-tu réussi à en profiter?

Je suis allé chez ma mère en Estrie à deux ou trois reprises. C’est mon ancrage. J’ai passé une semaine en Gaspésie, en famille, avec mes beauxparents. Je suis allé à la pêche au saumon avec mon fils. Nous n’avons pas attrapé de poisson, mais ç’a été une belle semaine. Après le tourbillon public des derniers mois, j’ai eu besoin de retrouver un peu de calme. Ce voyage en Gaspésie a été magique!

Comment as-tu vécu le fait de voir tout le monde participer à la rentrée, mais pas toi?

Je ne me sentais pas du tout exclu. Ma décision était réfléchie, mûrie. En plus, le livre m’a quand même passablement occupé jusqu’à maintenant. Par contre, j’ai encore le réflexe de vouloir traiter de certains sujets, de vouloir inviter des gens à l’émission. Je dois penser différemment. Les amis du matin me manquent. J’ai réussi à passer à autre chose, à regarder Salut Bonjour comme un téléspectateur. J’y ai été reçu, et je me suis senti comme un invité. C’est la place d’Ève-Marie maintenant. Je ne veux pas jouer les belles-mères qui reviennent dans le portrait pour donner leur opinion. Ève-Marie a pris la relève et elle est extraordinaire! Durant les premières semaines, alors que tout le monde dormait déjà dans la maison, je me couchais à minuit ou à 1 h du matin, et je te jure que je me sentais wild! (rires) Je faisais quelque chose que je n’avais jamais l’occasion de faire avant, et j’ai aimé ça!

C’était aussi la rentrée pour tes enfants. Chacun est heureux dans son domaine?

Oui, Marilou est au cégep en sciences de la nature avec maths fortes. Elle veut ouvrir le plus de portes possible. Elle s’intéresse aux services sociaux, à la santé, au marketing. Nathan est en secondaire 3. Récemment, je suis allé le reconduire à des essais de basketball à 7h du matin. J’ai passé une heure à le regarder jouer, en sirotant mon café. J’ai aimé ça. C’est l’une des récompenses du changement que j’ai fait dans ma vie.

Le livre 3800 matins, publié aux Éditions de l’Homme, est maintenant disponible en librairie. Pour entendre Gino en conférence, on contacte Orizon à orizon.ca.

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