Après Destinées, Leila Thibeault-Louchem a pensé arrêter de jouer parce qu’elle ne se trouvait pas bonne
Daniel Daignault
Depuis 15 ans, Leila Thibeault-Louchem multiplie les rôles à la télévision, alternant avec justesse les personnages dans des drames et des comédies. On la verra d’ailleurs prochainement dans une émission pour enfants! Rencontre avec une comédienne grandement appréciée du public et de ses pairs.
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Leila, cet automne, on a pu te voir dans Aller simple: Survivre et on te voit dans Discussions avec mes parents ainsi que dans Classé secret...
Oui, et la deuxième saison de Classé secret, c’est «écœurant»! Elle est vraiment solide, les gens ne sont pas prêts! C’est une série qui est tripante à tourner, parce qu’on fait des choses qu’on ne fait pas normalement; exécuter des cascades, recourir à une doublure, et même se faire brûler un œil, comme c’est arrivé à mon personnage la saison dernière. C’est vraiment intéressant, parce que jamais dans ma carrière je n’aurais pensé jouer un jour avec un œil de pirate ou une prothèse dans une série extrêmement sérieuse.
On peut dire que tu as démontré ta polyvalence, puisque tu excelles autant dans la comédie (on peut également la voir dans Léo) que dans des rôles dramatiques (elle jouera dans la saison 3 de Portrait-robot)!
C’est gentil, c’est un très beau compliment. Dans la cinquième saison de Léo, qui sortira cet hiver, je joue la blonde de Pouliot (Hubert Proulx). Je suis transformée là-dedans: j’ai des faux seins, des faux cils, et je crie! Je crie vraiment beaucoup! Je suis bien énervée, et je suis aussi la marraine de l’enfant de Chabot. Comme c’est la dernière saison, il y a des épisodes qui traitent des personnages, et Pouliot et moi, on en a un ensemble, ce qui permet de découvrir un petit peu plus ce personnage-là. J’ai super hâte de voir le résultat. Je pense que ça fait deux ans qu’on a tourné ça!
J’imagine que, dans Discussions avec mes parents, tu as établi une belle complicité avec François Morency au fil des ans?
J’ai l’impression que la complicité est arrivée dès l’audition. Je l’ai faite en 2020, et j’étais tellement contente de voir du monde! Je ne m’attendais pas à ce que François soit là. On a eu du fun, on a ri, et quand je suis sortie de là, j’avais le sourire. Je me disais que j’avais tout donné et que si je n’avais pas le rôle, je n’aurais pas de regret parce que je ne pouvais pas faire plus que ça! J’étais contente quand je l’ai décroché, et la complicité entre François et moi n’a jamais disparu.
Dans Classé secret, seras-tu au cœur de l’action?
Oui, et plus que jamais, je vais travailler de près avec Rachel (Mélissa Désormeaux-Poulin). Elle vient me chercher parce que je suis en prison après avoir commis un meurtre à la fin de la première saison. Normalement, mon personnage d’Irène devrait rester longtemps en prison, mais avec plusieurs petits tours de passe-passe, Rachel réussit à me faire sortir parce qu’elle a besoin de mon talent d’espionne. Il faut qu’on me cache, parce que je ne peux pas être vue par des agents de la GRC ou d’un corps policier.
Es-tu en tournage en ce moment?
Oui. Je travaille sur un magazine jeunesse qui va s’appeler L’aventure du Monde des mondes, à Télé-Québec. C’est ma première série pour enfants. J’avais tourné dans L’effet secondaire, dans laquelle j’interprétais une prof. Mais là, le concept avec des gros sketchs et des personnages qui se déguisent en animaux pour faire rire, c’est la première fois et c’est super cool. C’est vraiment chouette comme émission, et ce sera en ondes en janvier. Sinon, je n’ai rien d’autre en vue. C’est tranquille, je n’ai pas d’audition.
Parlons un peu de toi. Les gens croient à tort que tu n’es pas née au Québec...
Je suis née à Montréal et j’ai passé quelques moments de ma vie au Lac-Saint-Jean. Ma mère est québécoise et elle habite au Lac-Saint-Jean. Mon père est tunisien et il habite à trois rues de chez nous, sur le Plateau-Mont-Royal! J’ai une grosse famille: ma mère a huit frères et sept sœurs. C’est une famille typique du Lac-Saint-Jean, alors c’est naturel pour moi d’y aller le plus souvent possible pour les visiter.
As-tu toujours voulu être comédienne?
J’ai commencé à faire du théâtre à l’âge de huit ans. J’avais demandé à mes parents de faire partie de la troupe parascolaire, et je n’ai jamais arrêté à partir de ce moment-là. Chaque année, je faisais une ou deux pièces de théâtre, et mes cours de théâtre étaient en fait la seule raison pour laquelle j’allais à l’école. Je n’étais pas très bonne en maths, mais je focussais sur mon idée d’entrer en arts au cégep. Finalement, je suis sortie de l’école de théâtre en 2005.
Quel rôle a été le plus marquant pour toi?
J’ai joué plusieurs personnages, mais je te dirais que le rôle marquant n’est pas encore arrivé. Je me bats encore beaucoup pour le travail; on me dit encore régulièrement que je ne suis pas assez connue pour tenir un rôle principal. Je pense que ce n’est jamais acquis. Il faut toujours travailler. Mon premier gros contrat a été un rôle dans Destinées, en sortant de l’école de théâtre, et ça a duré trois ans. Ça m’a appris le jeu devant la caméra, et ç’a été mon école. Mais mon personnage, Zara, arrivait de Turquie, et elle avait un accent que j’ai dû inventer. Après cette expérience-là, je me suis dit que je n’allais plus faire de rôles avec des accents, parce que je me suis rendu compte que je n’étais pas à l’aise avec ça. Je ne me trouvais pas bonne, et ça m’a marquée. Après Destinées, je me suis dit que je ne ferais plus de télé, seulement du théâtre, jusqu’à ce que je comprenne qu’il fallait juste que ce soit plus proche de moi, plus naturel. Aujourd’hui, je capote sur la télé. C’est vraiment sur un plateau de tournage que je me sens le mieux. Ce téléroman a été une bonne école pour moi, j’ai beaucoup appris. Sinon, si on parle d’un rôle qui m’a donné une certaine crédibilité par rapport au milieu, ce serait celui de Stéphanie dans la série Discussions avec mes parents, qui est diffusée à heure de grande écoute. Il y a aussi la reconnaissance du public (la comédie a remporté le prix Gémeaux du public Fonds Cogeco lors du récent gala). Chaque jour, il y a quelqu’un dans la rue qui me parle de l’émission et de mon personnage.
Tu fais carrière depuis plus de 15 ans et pourtant, on dirait que tu es encore dans la trentaine!
Merci! Mais je te dirais que je me vois vieillir à l’écran et que ce n’est pas facile. Le regard que je porte sur moi-même est mon propre désavantage. Il y a des matins où je suis plus sensible par rapport à ça. Je pense que si je n’étais pas quelqu’un qui travaille dans le domaine de la télévision, je m’en foutrais et je trouverais que mes traits ont toujours été un avantage. Mais de me voir à l’écran, je n’aime pas ça.
Dirais-tu que ta mère est ta plus grande fan?
Oh mon Dieu, oui! Ma mère a un scrapbook. Elle découpe tout et elle voit tout. Parfois, elle m’apprend des choses, elle voit des choses que j’avais oubliées. Elle suit ma carrière de près.
On en sait peu à ton sujet. As-tu des enfants, un chum, un animal de compagnie?
J’ai un chat diabétique que je pique deux fois par jour à l’insuline, et j’ai un chum, que je ne pique pas à l’insuline! (rires) Il s’appelle Jean-René Moisan, et c’est un bon acteur (on peut le voir dans Classé secret ainsi que dans Sorcières).
Mis à part ton métier de comédienne, que fais-tu dans tes temps libres?
Je lis beaucoup, j’écoute de la musique et je regarde mon chum cuisiner! C’est pas mal autour d’un repas et d’un verre de vin que je me définis souvent. (rires) Je fais aussi du sport; j’ai nagé tout l’été et je fais du vélo. J’en profite aussi pour voir mes amis et mes cousines, Ines et Elkahna Talbi, qui sont également dans le milieu. Je suis très proche d’elles. Elles sont les filles de la jumelle de mon père. J’ai habité et voyagé avec mes cousines; je passe ma vie avec elles.
Classé secret, mercredi 21 h, à ADDIK. Discussions avec mes parents, lundi 19 h 30, à Radio-Canada. La saison 5 de Léo sera présentée sur Club illico cet hiver. L’aventure du Monde des mondes sera diffusée à Télé-Québec à compter de janvier. La saison 3 de Portrait-robot sera disponible sur Club illico en 2024.
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