Après 5 ans d’absence, Claudine Mercier est heureuse de sortir de sa retraite
Daniel Daignault
C’est un retour qu’on n’attendait pas, une belle surprise que nous fait Claudine Mercier. Elle sera sur scène cet été, non pas à titre d’humoriste, mais plutôt comme actrice dans la comédie Silence, on tourne!.
Claudine Mercier a décidé de sortir de sa retraite en acceptant de jouer dans Silence, on tourne!. L’artiste, qui coulait des jours heureux avec son amoureux des 33 dernières années sur la Rive-Sud de Montréal, est excitée par ce défi, un projet de groupe qui lui permet de côtoyer des actrices et acteurs expérimentés. «J’avais pris ma retraite depuis mon dernier spectacle, lancé en 2017. J’arrivais à 60 ans et j’étais partie pour faire un autre show quand la pandémie a commencé. Je me disais que ça allait durer au moins un an, et puis je voyais plein d’artistes dont les spectacles étaient reportés. J’ai réalisé qu’au moment où ça repartirait, ça se bousculerait au portillon, et j’ai pensé que c’était le temps d’arrêter, de profiter de la vie avec mon chum. C’est pas mal tout ça qui a pesé dans ma décision. J’étais rendue là.»
Peinture et création jeunesse
Depuis la fin de son dernier spectacle, Claudine a notamment renoué avec l’une de ses passions. «Je me suis garrochée dans la peinture. J’en faisais déjà, mais pendant la pandémie, j’en ai fait pas mal. Une de mes amies tripait sur ce que je créais. Elle a commencé à m’acheter des toiles, à en parler à des amis, et j’en ai vendu par le bouche-à-oreille. J’ai aussi fait beaucoup de dessin, entre autres pour une amie qui écrivait un livre pour enfants. J’ai commencé à faire les illustrations de son ouvrage. Lorsque j’ai montré ça à une de mes meilleures amies, celle-ci m’a proposé d’écrire une pièce de théâtre pour enfants avec elle. C’est un projet qui m’a tenue occupée. La pièce est écrite et j’ai adoré faire ça pour les enfants, parce que c’est un monde où tout est possible!»
Une proposition alléchante
Disons que les projets ne manquaient pas et qu’elle s’amusait beaucoup, même si elle s’est cassé les deux bras, il y a trois ans, à la suite d’une chute, et qu’elle a eu un problème à la mâchoire. Cela dit, elle est en forme. Alors comment et pourquoi a-t-elle décidé de faire un retour au jeu? «J’étais à Piopolis, en train de faire du trekking avec mon chum et ses enfants, et j’ai eu un appel de Manu (Emmanuel Reichenbach), qui a été mon dernier metteur en scène. On a eu beaucoup de plaisir à travailler ensemble, et il m’a demandé si ça me tentait de jouer dans Silence, on tourne!. “Ce serait un beau personnage pour toi, une actrice un peu snob, imbue d’elle-même”, m’a-t-il dit. Je lui ai répondu que j’y penserais. Et c’est drôle, parce qu’au même moment, il arrivait souvent que des gens me reconnaissent dans des sentiers, avec mes grosses joues — j’ai pris 20 livres! —, et malgré que je portais une tuque. Moi, j’étais rendue ailleurs. Je ne me souvenais pas que j’étais connue, surtout qu’on a passé deux ans avec des masques. Je lui ai dit que je n’avais jamais joué au théâtre, mais que j’allais lire la pièce.»
Claudine l’a aimée, trouvait le projet excitant et a décidé de plonger. «C’est une pièce qui a eu des nominations aux Molière, en France, et qui a connu beaucoup de succès. En plus, il y a une super belle gang. C’est Charles Dauphinais, qui a énormément d’expérience en théâtre et en humour, qui fait la mise en scène. Marc St-Martin est très hot, je ris beaucoup à le regarder travailler, sa créativité est riche. J’ai aussi beaucoup de scènes avec Roger Léger, un pro. Louis-Olivier Mauffette, c’est hilarant ce qu’il fait! Le casting est excellent, la pièce est très rythmée, et il y a aussi une participation du public à un moment!»
Claudine se dit surprise de voir les réactions heureuses des gens et des médias depuis qu’il a été annoncé qu’elle jouerait dans cette pièce. «Je ne sais pas quelle sera la suite des choses. Ça fait longtemps que je n’ai pas fait de jeu, mon spectacle s’est terminé environ un an et demi avant la pandémie, et il faut que je réchauffe ma machine! J’étais dans un mood plus relax avec la peinture et le dessin. Je pourrais dire que je me suis réanimée, et j’aime ça parce que j’apprends beaucoup et que je m’amuse. Pour le reste, je fais confiance à la vie. Si c’est ma place d’être comédienne, tant mieux, et si ça ne l’est pas, je ferai autre chose.»
Claudine dit ne pas craindre les réactions des gens qui pourraient lui reprocher de passer de l’humour au jeu. «Il y a eu la polémique des humoristes qui volaient la job des acteurs. Ça, je l’ai beaucoup vécu avec le film Idole instantanée (2005) où, en plus, je jouais quatre personnages différents. Je sais que c’est comme ça, et c’est un peu normal. Il y a beaucoup de jeunes acteurs qui ont du talent, et ce n’est pas évident de percer. Et voilà qu’une ancienne humoriste qui a 61 ans décroche un rôle. Mais c’est la vie et je n’y pense pas trop. Je me concentre sur le travail que j’ai à faire, les choses que je dois corriger. Je ferai de mon mieux.»
La plupart du temps, au cours de sa carrière, Claudine a été habituée à se retrouver seule sur scène, à travailler en solo pour préparer ses spectacles. Comment vit-elle l’expérience d’être entourée de plusieurs personnes? «Ça me rappelle quand j’étudiais en théâtre à l’UQAM, les trips de gang, le plaisir qu’on avait. J’aime beaucoup le travail qui se fait en répétition, le peaufinage, le rythme aussi, répéter et recommencer. Charles m’aide à trouver l’autorité dans mon personnage, parce que je n’ai pas du tout une voix autoritaire. Je ne dégage pas l’autorité. Je dois travailler ça. J’ai du fun à jouer ce personnage, il a de la viande en masse autour de l’os!»
À quand une exposition?
Quant à sa passion pour la peinture, monter une exposition ne semble pas être pour demain. «Je me disais que j’avais besoin de faire mes patentes avant de montrer ça au monde et d'être influencée par le regard de l'autre. Quand je peins, je ne sais même pas ce que je vais faire. Pafois, quelque chose se passe, et souvent, les gens ont un coup de coeur quand ils regardent la toile. Mais à d'autres moments, rien ne se passe», avoue Claudine Mercier pour conclure.
On s’informe sur la pièce à theatregillesvigneault.com, et à silenceontournecomedie.ca pour la tournée 2024.