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Culture

Après 40 ans de carrière, Michel Barrette souhaite ralentir

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Daniel Daignault

2023-07-25T12:00:00Z
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Le prétexte de ma rencontre avec Michel Barrette chez lui, en Beauce, où il vit depuis trois ans, était de discuter de ses 40 ans de carrière. À mon arrivée, il était occupé avec son nouveau «bébé», un pickup de 1950 de style Rat Rod qu’il a ajouté à sa collection et dont il me raconte l’histoire, avant de se faire photographier à l’intérieur de sa nouvelle acquisition!

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Quand on parle avec Michel, on sent que le raconteur n’est jamais loin: anecdotes et histoires de moments clés ou plus touchants qui ont jalonné son parcours s’enchaînent, entraînant un lot de rires. Au sujet de ses quatre décennies de métier, il confie: «Ma plus grande fierté, c’est d’avoir duré. Mes débuts, le succès de Hi! Ha!, les spectacles et les rôles... Chaque fois, les spectateurs ont été présents. Après 40 ans, j’ai pu célébrer le fait d’être encore là.» Parmi tous ses objets de collection, il garde précieusement un billet de la pièce Old Orchard? Connais pas!, présentée au St-Gédéon, il y a 40 ans. «C’était mon premier contrat d’acteur, après avoir fait de l’impro. Je travaillais aussi à la Caisse populaire. On m’avait offert le premier rôle, et ma seule question a été: «C’est à quelle heure le show?» C’était à 20 h. «C’est correct, je finis de travailler à 17 h», leur ai-je dit. Aussi naïf et innocent que ça! Je n’avais pas de plan, j’ai accepté ce contrat, en me disant que plutôt que de faire de l’impro, j’allais jouer au théâtre!»

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Suivre son instinct

Rapidement, Michel a pris goût au jeu de comédien, au point où il a décidé de laisser son emploi.«L’an prochain, tu vas avoir ta Caisse populaire à toi, m’a dit mon patron. Et t’es en train de me dire que tu t’en vas jouer au théâtre, à 10 piasses par show, pour faire 600 piasses dans ton été?» Il me prenait vraiment pour un fou, mais pour moi, c’était clair, même si ça signifiait de renoncer à la sécurité financière que mon poste de directeur de crédit m’apportait.» 

Photo : / SRC
Photo : / SRC

Ayant passé deux ans dans l’armée et deux ans et demi à la Caisse, la future vedette venait de trouver sa voie après avoir fait de l’impro durant trois ans. «Ça a tellement bien marché au théâtre qu’on m’a offert de jouer dans la prochaine pièce, l’été suivant. Et entre les deux saisons, j’ai auditionné aux Lundis des Ha! Ha!, où j’ai fait mes débuts sur scène à Montréal. Puis tout a déboulé.» En faisant son bilan, l’homme avoue: «J’ai eu du succès et aussi des années de vaches maigres, mais je n’ai jamais douté. J’ai travaillé fort, mais je n’arrive pas à croire la chance que j’ai eue.» 

Vivre la bohème

Michel se souvient de ses débuts à Montréal, alors qu’il participait à l’émission Casse-tête. «Au début, quand l’équipe m’a dit de revenir la semaine suivante, je n’avais pas les moyens de retourner à Chicoutimi. J’allais avoir ma paie seulement un mois plus tard. Je n’avais pas d’endroit pour coucher; alors, je vivais au terminus d’autobus à Berri-Demontigny. Le premier soir, quand ils fermaient les portes, j’ai demandé à un employé si je pouvais dormir à l’intérieur. Je lui ai dit que je faisais de la télé et que j’étais prêt à les aider à faire le ménage pour rester là. Ils m’ont permis de coucher sur place, mais ils ne me croyaient pas. Le lendemain, ils ont vu l’émission. Finalement, je suis resté là un mois et demi! Serge Chapleau m’a ensuite invité à vivre chez lui, puis je suis allé chez Jacques Grisé, un des auteurs de l’émission.» 

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Il fallait que Michel croie en lui et aime vraiment ce qu’il faisait, dont des chroniques à la radio avec son personnage de Hi! Ha!. «En 1984, mon fils Olivier est né, et je n’avais pas beaucoup d’argent. Quand j’ai eu mon premier appartement, j’ai payé 400 piasses pour tous les meubles, le set de cuisine et le set de chambre. J’peux-tu te dire que ce n’était pas chic! Je participais aux Lundis des Ha! Ha!, et ça coûtait 1 $ pour le bus jusqu’au Club Soda. Souvent, j’allais cogner chez mes voisins pour qu’ils me prêtent de l’argent. C’était La bohème d’Aznavour!» 

Face à la pression

Michel dit n’avoir ni regrets ni mauvais souvenirs. «J’ai travaillé fort: j’ai fait de l’humour, des séries, une quinzaine de films, de l’animation et de la radio pendant 15 ans. Avec France Castel, on a fait 1075 épisodes de Pour le plaisir, à Radio-Canada. Oui, je l’ai eu le succès, mais j’ai travaillé en c...» À une époque, il travaillait jour et nuit. «On me libérait vers 15 h sur le plateau du film Le bonheur des autres, je montais à Gatineau pour faire mon show, puis je revenais à Montréal. Je dormais dans une roulotte pour les artistes sur le plateau de tournage, et à 5 h du matin, on me réveillait pour le maquillage-coiffure-costumes, et j’en profitais pour apprendre mon texte. J’ai fait ça pendant des semaines! J’ai eu des périodes qui n’avaient pas de maudit bon sens!» Ce qui a fini par faire beaucoup de choses à gérer. 

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Photo : Frederic Auclair / TVA
Photo : Frederic Auclair / TVA

«Si tu savais combien de matins, quand je prenais mon char pour aller travailler, je me suis parqué sur le bord de l’autoroute 20 pour pleurer! Je n’avais plus de vie. Il y avait trop de pression. Il fallait que je sois bon et drôle le soir pour les gens qui avaient payé leurs billets. Je ne pouvais pas faire les choses à moitié. Quand tu joues, il faut être crédible. Les réalisateurs et tes camarades s’attendent à ce que tu saches ton texte et que tu livres la marchandise. Il y a eu des excès; ç’a été le côté négatif.» 

L’amour sur mesure

Fier de sa carrière, Michel vit aussi un grand bonheur avec sa belle Maude. Le couple en est à 21 ans de relation. «C’est la plus belle rencontre de ma vie. Je n’aurais pas pu vivre avec une femme insécure ou une «Germaine» parce que je suis trop comme un chien fou! Si je suis en Californie, ma blonde peut être à New York ou à Paris, avec sa mère ou sa sœur. Personne ne se sent laissé-pour-compte et je ne me sens jamais ingrat de partir. Et on est tellement bien quand on est ensemble. Maude est du genre à me dire: «Mon amour, t’as la face d’un gars qui irait une semaine à Old Orchard...» Et elle m’annonce qu’elle a déjà réservé une maison. Elle veille sur moi et elle veille sur nous en faisant ça.» 

Son nouveau «bébé»

Loin d’envisager la retraite, Michel entend quand même mettre la pédale douce. «Je veux continuer, mais en prenant beaucoup plus de temps pour moi pour nous, et pour mon fils Jonathan. Il a17ans,ilasoncharetparledéjàde son appartement. Il est brillant. Après lafindematournée(L’humourdema vie) cet automne, j’ai l’intention de prendre au moins six mois de congé. Mais tu me connais, je ne peux pas m’empêcher de raconter des affaires...» 

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Quel est donc son nouveau projet? «Il y a 30 ans, j’ai vu Gilles Vigneault assis sur scène à l’Université de Montréal, devant des étudiants, et il répondait à des questions. Il racontait son métier, son enfance, sa vie. C’était drôle, touchant, inspirant et intéressant! Ça m’a marqué. Je l’ai fait quatre fois,encachette,jusqu’àprésent:ilya deux chaises sur scène et ce n’est jamais la même personne qui est avec moi chaque soir. Il y a des questions du public qui me permettent de raconter des choses, mais c’est un discours et une rencontre différents. Les gens pourront envoyer une question ou juste un mot à l’avance et je vais raconter quelque chose.» Michel compte faire au maximum 20 représentations par année de ce concept. 

«Ça s’est booké en l’espace d’une semaine, et on est rendus à 2025. Louis Morissette, Laurent Paquin, Guy A. Lepage veulent y participer. Je commencerai ça à la fin de janvier 2024.» Il est excité à la fois par ce projet et par le fait que les mois et les jours de congé seront plus fréquents. «J’ai eu la chance, plus que ma blonde, de faire le tour du monde. J’ai suivi Jacques Villeneuve en Indy puis en formule 1. J’allais voir le Grand Prix en Hongrie, en Allemagne, à Monaco, en France, mais je restais ensuite deux semaines. Là, je veux faire des voyages avec Maude. J’ai fait 11 fois la Route 66. Elle ne l’a jamais faite et veut vivre cette expérience. On va s’amuser. On va, entre autres, retourner en Irlande, revisiter l’enfance de ma blonde.» 

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Une chance grâce à Claude Dubois

Dans son coin de pays tranquille, le couple nourrit de beaux projets, dont des voyages. Nombre d’événements ont marqué son parcours, dont celui-ci. Un jour, le gérant de Claude Dubois l’appelle. Le chanteur se produit à la Place des Arts, mais comme son entrée sur scène sur sa moto fait beaucoup de bruit, en plus de la musique, et que ça gêne le public d’une pièce de théâtre présentée dans la salle adjacente, on propose à Michel de se produire en première partie de Dubois. Ce sera ainsi moins bruyant. Il doit faire une heure de spectacle. 

Raynald Leblanc / Journal de Mon
Raynald Leblanc / Journal de Mon

«Je n’étais pas connu, même pas assez pour que ce soit Surprise sur prise — ce que je croyais au départ. Je me suis retrouvé là en Hi! Ha! Tremblay, impressionné, à faire la première partie de Claude Dubois! Ç’a été un succès. Raynald Brière, le grand patron de CJMS, était présent et il a dit au producteur Jean-Claude Lespérance qu’il fallait qu’il me voie.» La suite fait partie de l’histoire. «Je suis parti sur la route avec André-Philippe Gagnon, qui triomphait avec We Are the World, et je faisais sa première partie en Hi! Ha!. C’est son succès qui m’a fait connaître à la grandeur de la province.» 

Pour connaître les dates du spectacle L’humour de ma vie, consultez son site michelbarrette.ca.

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