Antoine Bertrand se trouve chanceux de pouvoir prendre des pauses et choisir ses projets
Daniel Daignault
Depuis 22 ans, Bertrand mène une brillante carrière, tant à la télévision qu’au cinéma. Avec la sortie en salle du film La femme cachée et son arrivée dans la quotidienne STAT, le moment était donc bien choisi d’effectuer un survol de ses grands rôles et des projets qui ont fait de lui un incontournable du milieu culturel. Au cours de la conversation, il répète qu’il a été chanceux. Chanceux d’avoir rencontré les bonnes personnes, d’avoir eu de beaux rôles et d’être bien entouré. Rencontre avec un acteur qui a su faire sa marque de la meilleure des façons.
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Dans La femme cachée, tourné à Montréal et dans le sud de la France, et qui arrive sur nos écrans le 9 août, Antoine donne la réplique à l’actrice française Nailia Harzoune, qui incarne sa femme et la mère de leur petite fille. Alors qu’elle attend un deuxième enfant, elle décide de retourner en France avec sa petite famille, dans le quartier où elle a grandi, ce qui amènera son mari à aller de surprise en surprise au sujet de sa compagne. «Tu peux penser tout connaître de l’autre, mais à un moment donné, c’est beaucoup à recevoir, dit-il au sujet de ce que vit l’homme qu’il incarne. Il y a des gens proches de nous qui ont des vies, des passés cachés, et à partir du moment où tu découvres ça, en prenant la perspective de mon personnage, tu as deux choix: ou bien tu restes et tu l’aides, ou tu dis que c’est trop pour toi et tu t’en vas. Et même si tu restes, tu ne sais pas quelle boîte de Pandore tu as ouverte», raconte-t-il.
Trois productions plutôt qu'une
L’an dernier, Antoine a tourné dans une autre production, Mlle Bottine, une adaptation de Bach et Bottine, qui prendra l’affiche le 29 novembre prochain. Plus récemment, il a aussi joué dans Menteuse, d’Émile Gaudreault, la suite de Menteur, qui met en vedette Anne-Élisabeth Bossé et que nous pourrons voir l’été prochain. Au sujet de Mlle Bottine, Antoine confie qu’il aura le temps d’en parler plus abondamment cet automne, mais il se dit très optimiste au sujet de cette production. «Ç’a été l’un des beaux plateaux de tournage de ma vie», confie-t-il. Quant à Menteuse, dont le tournage a été complété en juin, l’acteur ajoute: «On s’est beaucoup fait rire. Le scénario est écoeurant, Anne-Éli est une grande actrice et on s’entend vraiment bien. On a ri entre les prises, elle est formidable. J’avais fait Menteur avec Émile, et je vais toujours lui dire oui parce que c’est quelqu’un qui respecte tellement le travail des acteurs, mais aussi le genre de la comédie. C’est un gars très travaillant, il ne laisse rien au hasard.»
Des pauses pour mieux exceller
Antoine se considère chanceux de pouvoir choisir ses projets et d’alterner temps d’arrêt pour se ressourcer et plateaux de tournage. «Je suis en pause huit mois par année. Je fais deux films par année, c’est deux fois deux mois de tournage, et un peu plus avec la préparation. Mais je ne fais pas brailler mes chums avec mon horaire. Il y a eu des années où j’ai beaucoup travaillé. En fait, lors des 15 premières années de ma carrière, où je jouais au théâtre, je faisais deux séries en même temps et des films. Mais depuis la fin des Pays d’en haut et de Boomerang, je n’avais pas refait de télé. J’ai eu la chance de pouvoir faire du cinéma. Je remercie le Bon Dieu de pouvoir faire ces choix-là, parce que la réalité des comédiens au Québec, c’est qu’il y en a peut-être seulement cinq qui choisissent leurs affaires. Je suis entouré d’amis qui travaillent peu ou pas et qui en prendraient plus. C’est un luxe incroyable pour moi de pouvoir dire que tel projet me tente moins et que je vais laisser la chance à quelqu’un d’autre. J’aime mieux que les gens me disent qu’ils s’ennuient de moi plutôt que de les entendre dire: “Oh non, pas encore lui!” Je me dis que moins j’en fais, plus j’étire ma carrière. » Depuis quelques jours, tous les fans de STAT sont réjouis par l’arrivée d’Antoine dans la quotidienne. Celui qui a commencé les tournages avec fébrilité est heureux d’avoir embarqué dans ce beau projet. «La proposition de l’auteure, Marie-Andrée Labbé, était trop belle pour refuser un tel rôle. C’est une équipe formidable! Ce sont des acteurs généreux qui m’ont accueilli à bras ouverts dès la première journée de tournage.»
D’Europe à Saint-Zénon
Quant à sa carrière en France, Antoine remet les pendules à l’heure. «Quand les gens ne me voient pas et qu’on pense que c’est parce que je suis toujours en France, en fait, je suis plus à Saint-Zénon qu’à Paris! Travailler en Europe, c’est comme la cerise sur le sundae. Quand ça me tente et que les projets sont intéressants, j’y vais. Mon dernier film en France, je l’ai tourné l’an passé, en Thaïlande, et j’ai travaillé un mois là-dessus. That’s it!» Quand on jette un regard sur tous les rôles qu’a défendus Antoine au cours de sa carrière — et elle est très loin d’être terminée puisqu’il n’a que 46 ans —, on réalise que tout ce qu’il a touché a, en majeure partie, été un succès. «C’est la grosse chance que j’ai eue, car au début, tu dis oui à tout parce que tu veux travailler. Tu passes quatre ans à l’école de théâtre à te faire dire que tu ne travailleras pas, mais moi, j’ai été chanceux. J’ai passé une audition pour Virginie quand j’étais encore à l’école; des auditions avaient lieu dans les écoles parce que la production avait besoin de jeunes qui savaient jouer. Moi, à 25 ans, rasé, j’avais l’air d’en avoir 16, sans problème.»
Et maintenant, comment Antoine voit-il la suite des choses pour les années à venir? «C’est sûr que je suis content de refaire de la télé et c’est sûr que je vais refaire du théâtre, car ça me manque. Être un acteur qui travaille, c’est dur à battre comme deal, tant pour l’horaire que pour les conditions de travail. Il y a eu des moments dans ma vie où je me suis dit que je pourrais faire autre chose, tâter la réalisation, par exemple, mais je me suis rapidement demandé après quoi je courais. Jouer, c’est là-dedans que je suis le meilleur, c’est là que je peux être le plus utile à une production. Je suis aussi un rassembleur dans une équipe. Ce sont mes talents forts», ajoute Antoine.
La femme cachée sort en salle le 9 août. STAT, du lundi au jeudi, à 19 h, à Radio-Canada, dès le 9 septembre. Le film Mlle Bottine prendra vie au grand écran le 29 novembre. Menteuse sera présenté au cinéma en 2025.