Annulations en série: les restaurateurs plongés dans l'incertitude
Olivier Bourque, Jean-Michel Genois Gagnon et Jean-François Racine
À quelques jours de Noël, le variant Omicron torpille la manne des fêtes et fait plonger les restaurateurs dans l’incertitude. Ceux-ci devront couper de moitié la capacité de leurs établissements, ouvrant la porte à de nouveaux licenciements, mais le gouvernement caquiste promet de les aider.
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« Les deux choses qui me déçoivent, c’est qu’on recule. Nous ne nous attendions pas à cela il y a deux jours. [...] Mais au moins, nous restons ouverts », affirme Pierre Martin, copropriétaire de plusieurs restaurants St-Hubert.
L’homme d’affaires prévoit réaliser à nouveau des mises à pied, tout dépendamment de la durée de cette nouvelle mesure.
« Je suis aussi déçu pour nos employés, entre autres, des salles à manger. Nous allons avoir moins de places, il va y avoir moins de gens qui vont travailler », se désole-t-il en entrevue avec Le Journal.
Même ton alarmant du côté de l’Association Restauration Québec qui entrevoit un impact énorme. « C’est un troisième coup dans les jambes pour une industrie qui essaie de se relever », affirme d’un ton grave son porte-parole, Martin Vézina.
Le secteur déjà fortement touché par la pénurie de main-d’œuvre pourrait avoir de la difficulté à retenir son personnel.
« Moi je m’inquiète du message que ça envoie à notre industrie. Même si on passe à travers cet autre cycle, on a une crainte qu’on ne sera pas capable de retrouver notre main-d’œuvre », croit-il.
- Écoutez la chronique d'Anaïs Guertain-Lacroix sur QUB radio:
Annulations en série
En quelques jours, l’espoir des restaurateurs d’un retour à la normale a été réduit à néant et tous ont subi des annulations. C’est le cas au restaurant Tapas & Liège, à Québec.
« Ça va faire mal. Je comprends les gens, mais il y a beaucoup de préparation. Il faut se réorganiser pour faire du take out mais ce n’est pas notre passion. On aime recevoir et avoir une belle salle pleine », a expliqué la propriétaire Vanessa Roberge.
![À Québec, la propriétaire de Tapas & Liège, Vanessa Roberge, est déçue de la décision prise jeudi soir par le gouvernement Legault en lien avec la flambée des cas de COVID-19.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F65568787_16595398a21a3d-1c3f-40fe-a652-1df4f29cd090_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
« On a déjà perdu 15 % de nos restaurants au Québec. Sans véritables mesures, ça va grimper encore plus » a affirmé pour sa part Hugues Philippin, propriétaire du restaurant Chic Alors !, situé dans le secteur de Cap-Rouge.
Perte de la moitié de sa clientèle
Sur le terrain, la nervosité des propriétaires de commerces était palpable alors qu’ils avaient déjà remarqué une baisse d’achalandage.
« L’an passé, on a perdu 50 % de nos clients et j’ai bien peur que ça arrive à nouveau », assure Maria Lee, propriétaire du Fleuriste Jardin d’Anjou, qui peinait à vendre ses bouquets de poinsettias.
Non loin de là, au Petit marché des Halles, le propriétaire Patrick Nolet avait bel et bien ressenti une chute de 20 à 30 % de la fréquentation. « Lundi, c’était très occupé, mais tout de suite à partir de mardi, ç’a commencé à diminuer », dit-il.
D’autres commerçants poussaient tout de même un soupir de soulagement. « Nous sommes heureux que cela reste ouvert, malgré quelques défis », indique Karina Serei, directrice des communications au Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).
Même son de cloche pour le PDG de La Vie en Rose, François Roberge qui affirme qu’une fermeture avant Noël aurait été un « désastre ».
Aide de Québec
Pour la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), la situation est toutefois dramatique. « Le quart des PME craignent de ne pas passer 2022. Le gouvernement du Québec ne doit pas plus attendre », a souligné le vice-président, François Vincent.
Sur Twitter, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a affirmé que certains programmes comme le PACTE et PAUPME sont toujours en vigueur. « On suit la situation de près et on continue de s’adapter. On est en lien avec Ottawa pour coordonner notre soutien aux entreprises », a-t-il écrit.
« Le message que je veux lancer, c’est que plus que jamais il faut encourager nos commerçants locaux, nos restaurateurs, c’est comme cela qu’on pourra également les aider », a pour sa part estimé Karl Blackburn, PDG du Conseil du patronat.