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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Annulation du contrat de sous-marins: les motifs réels

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Photo portrait de Loïc Tassé

Loïc Tassé

2021-09-20T09:00:00Z
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Pourquoi Emmanuel Macron crie-t-il au scandale à propos de la vente de sous-marins nucléaires américains à l’Australie ? Parce que les élections présidentielles arrivent dans près de 6 mois et qu’il veut paraître ferme. 

Bien sûr, il y a la manière. Le gouvernement australien a informé tardivement le gouvernement français de l’annulation du contrat d’achat de sous-marins français. Un contrat de 56 milliards d’euros conclu en 2016.

  • Écoutez la chronique de Loïc Tassé avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:

Mais en comparaison des sous-marins américains, les sous-marins français sont moins intéressants pour l’Australie. Non pas parce que les sous-marins français sont de mauvaise qualité ou qu’ils coûtent trop cher.

La raison essentielle est que les sous-marins américains arrivent avec le soutien de la flotte américaine. En comparaison d’elle, la flotte française ne fait pas le poids.

Et puis, la flotte française n’ose pas se frotter à la Chine. Contrairement à la flotte américaine, elle ne cherche pas trop à entrer dans les eaux territoriales revendiquées par la Chine. Cette attitude extrêmement prudente, pour dire le moins, discrédite Paris aux yeux de Canberra.

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Il faut dire aussi qu’en 2016, lorsque le contrat a été conclu, les Américains ne semblaient pas vouloir partager leur technologie de sous-marins nucléaires avec les Australiens. La technologie française était la meilleure offerte sur le marché à ce moment-là.

C’est la montée de la puissance militaire de la Chine et probablement l’arrivée au pouvoir de Joe Biden qui ont incité l’armée américaine à consentir à partager sa technologie de sous-marins nucléaires.

Pas du trumpisme

La manière cavalière de traiter la France dans cette affaire peut rappeler les méthodes de Donald Trump. Le ministre français des Affaires étrangères ne s’est pas gêné pour faire cette comparaison. Mais elle est fausse.

Trump ne sentait aucun besoin de créer des coalitions militaires contre la Chine. Au contraire, sa politique relevait du cowboy solitaire et de l’unilatéralisme.

S’il faut comparer les politiques de Biden avec celle d’un autre président américain, le rapprochement avec Dwight Eisenhower serait plus approprié. Eisenhower avait décidé, en 1958, de partager des secrets militaires sur la fabrication de sous-marins nucléaires avec les Britanniques. Jusqu’à présent, les Britanniques étaient les seuls à avoir reçu des transferts de technologie américaine dans ce domaine.

1958 : c’est aussi l’année du lancement par les Soviétiques du premier satellite artificiel dans l’espace, le Spoutnik, qui faisait brusquement prendre conscience aux dirigeants américains du retard technologique des États-Unis. 

Europe non fiable

Quoi qu’il en soit, la crise de nerfs diplomatique des dirigeants français masque le fond du problème : l’Europe n’est pas un partenaire fiable face à une Chine de plus en plus menaçante. L’Europe manque de cohésion et de moyens.

Inversement, l’Australie a pris des mesures très dures, ces dernières années, pour contrer chez elle l’influence de la Chine.

Les dirigeants du Québec et du Canada feraient bien d’en prendre bonne note.

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