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Culture

Anick Dumontet a fait la paix avec son père avant sa mort

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Michèle Lemieux

2023-07-04T11:00:00Z
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Durant sa jeunesse, Anick Dumontet n’a jamais été très proche de son père, et la séparation de ses parents a accentué cet éloignement. Mais à quelques jours du départ de celui-ci pour un monde meilleur, père et fille ont vécu une réconciliation qui a apaisé les tourments de l’absence. En effet, l’animatrice de Roue de fortune chez vous! a repris contact avec son papa, qui a pu partir en paix. Un événement déterminant qui a ramené Anick à l’essentiel: le devoir d’être heureux.

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Anick, vous avez repris la barre de l’émission Roue de fortune chez vous! pour une 15e année. Êtiez-vous enthousiaste à l’idée de reprendre la route?

Oui, car notre dernière saison normale, c’était en 2019, alors nous étions contents de retourner sur la route. La vie est revenue à la normale, mais dans le milieu de la télé nous sommes restés longtemps à observer des règles strictes. L’été dernier encore, nous n’avions pas de contact avec les gagnants. Nous retournons donc sur la route pour la première fois depuis un moment. Nous sommes allés, aux îles-de-la- Madeleine, où Roue de fortune n’est jamais allée. Personnellement, c’est comme si je sautais dans mes vieilles pantoufles! Tout le monde a le même sentiment: c’est comme si nous avions arrêté hier.

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Le fait de partir à l’extérieur vous force-t-il à revoir la gestion de votre horaire?

Oui, car ça demande plus de temps: aux tournages, il faut ajouter les déplacements. Mais c’est la beauté de la chose. Nous allons partout à travers le Québec, dans des endroits où les équipes de tournage ne vont pas souvent. Les gens sont heureux de nous accueillir. Nous allons à leur rencontre et nous faisons une activité avec chaque gagnant. Je crois que c’est le succès de cette émission. Je suis le contraire d’un huissier: j’apporte juste du grand bonheur. Nous aimons dire que nous sommes la plus belle visite que les gens peuvent avoir dans leur vie: nous débarquons en gang, c’est festif, les gens sont contents, nous ne restons pas pour souper et nous laissons toujours un beau chèque avant de partir! (rires)

Vous semblez privilégier les mandats à long terme.

Oui, ça me plaît. Avoir un peu de sécurité, je trouve ça rassurant. Je suis chanceuse, car j’ai toujours eu de beaux contrats. Travailler dans ce milieu, c’est un acte de foi; nous ne sommes pas en mesure de décider du temps que nos mandats dureront. Roue de fortune, c’est un engagement qui me permet de me réaliser, mais qui me permet aussi d’avoir un bel équilibre entre ma vie familiale et ma vie professionnelle. Mon fils, Simon, n’a que 16 ans après tout. Comme parent, il faut être vigilant et présent. On assure un autre type d’accompagnement avec des ados. Il faut discuter avec eux de ce qu’ils vivent, de ce qu’ils font, etc. Je suis une mère qui s’inquiète très facilement. Je n’ai qu’un enfant; il est comme la prunelle de mes yeux.   

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Vous avez la chance d’avoir un bon garçon, quand même?

Oui, il est très sportif: il est gardien de but dans une équipe de hockey et il étudie en sport-études. Il est aussi très bon en ski. Je l’ai amené à Whistler l’année dernière. Même si on remontait ensemble, je n’ai pas fait cinq minutes de ski avec lui, car il partait skier avec les experts pendant que je faisais du ski avec les «madames»! (rires) L’été, il joue au golf. Il s’est trouvé du travail l’année dernière pour un club de golf: il s’occupe des sacs des membres. Il adore ça! Son travail exige qu’il soit beaucoup à l’extérieur, et il en est heureux. Tant mieux. Ça va bien à l’école aussi. Je pense qu’il étudiera éventuellement en administration ou en finances. Il aime beaucoup la bourse. 

Pouvez-vous encore compter sur votre mère pour vous donner un coup de main?

Toujours. Encore aujourd’hui, si je ne suis pas là la nuit, c’est elle qui vient dormir à la maison. C’est une mamie aux cheveux blonds, mais elle est comme Ma Dalton. Elle a le même caractère! C’est une «rough and tough»! (rires) Elle a beaucoup d’autorité, même avec un adolescent qui s’obstine!      

Si ma mémoire est bonne, votre mère avait quitté Québec pour vivre près de chez vous quand votre fils est né?

Oui, elle habite encore à cinq minutes de chez nous. Je suis gâtée. Je ne suis jamais inquiète. Je ne veux pas que Simon soupe seul ou qu’il dorme seul. J’aime que ma mère veille sur lui; ça leur donne l’occasion de se parler. Il sait qu’il peut toujours appeler sa grand-mère. Ils s’organisent ensemble. Je les regarde vivre et ça m’amuse: ils ont l’air de deux ados qui s’obstinent. J’ai été élevée à l’époque où on ne pouvait pas répondre à nos parents. Simon est de la génération qui s’exprime, qui doit être entendue, écoutée, respectée. Je les regarde aller et je suis morte de rire!

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Simon est-il toujours en garde partagée?

Oui, son père et moi l’avons chacun une semaine sur deux. Ça va super bien. Nous habitons près l’un de l’autre. Au moment de notre séparation, nous avons décidé de rester dans la même ville. L’été, Simon peut changer de maison à vélo comme bon lui semble. Entre son père et moi, les choses ont toujours été faciles. Nous avons toujours laissé à Simon la possibilité de s’exprimer. Nous sommes à son écoute. Nous nous entendons vraiment bien. Nous voyons beaucoup de gens séparés qui vivent super bien leur relation. Ce n’est plus un enjeu. Quand on n’est plus bien en couple, on ne se sépare pas pour être encore malheureux. Il faut que ça finisse un jour...

Anick, vous avez perdu votre père durant la dernière année. Ç’a été une grande perte?

Oui, il est décédé l’année dernière. Ça faisait longtemps que je n’avais pas de relation avec mon père, car mes parents se sont séparés lorsque j’étais jeune. J’avais 17 ans. Mon père était pilote dans les forces armées, alors il s’absentait régulièrement pour de longues périodes. Je n’ai pas eu une relation proche avec mon père. Je dirais même que je n’ai pas eu de relation du tout. Quand mes parents se sont séparés, ç’a été le divorce du siècle! Lola et Éric, ç’aurait pu être mes parents! (NDLR: La cause judiciaire Lola et Éric a été ultra médiatisée il y a 10 ans.) Ils ont été en cour pendant je ne sais plus combien d’années. Ça leur a coûté une fortune! 

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Ils se chicanaient sans relâche?

Souvent, ils s’écrivaient même des bêtises sur les chèques de pension alimentaire. C’était débile! C’était franchement épouvantable. J’ai pris le parti de ma mère, car je trouvais qu’elle faisait pitié, mais ce n’était pas la chose à faire. Dans un contexte de séparation, plusieurs enfants sont victimes d’aliénation parentale. J’ai compris avec le recul que j’en avais été victime. Ça nous déchire. Ç’a été long pour toute la famille. La rupture avait été difficile pour ma mère, et nous sommes partis vivre dans un appartement. J’ai vu ma mère s’appauvrir dans le cadre de sa séparation, alors j’ai pris son parti. Mais cela a complètement détruit le lien que j’avais avec mon père. 

Un parent reste un parent, quels que soient les reproches qu’on puisse lui faire...

Oui, et c’est pour cette raison que les parents doivent faire preuve d’intelligence lorsqu’ils se séparent. Ça ne donne rien de se chicaner. Ceux qui en souffrent le plus sont les enfants. Lorsque je me suis séparée du père de mon fils, il était hors de question que nous nous déchirions. J’étais déterminée à ce qu’il n’y ait jamais de chicane entre nous. 

Parce vous ne vouliez en aucun cas faire vivre cela à votre fils?

Effectivement. Je ne l’aurais jamais accepté. Le bonheur de mon fils était ma priorité. La séparation des biens me laissait indifférente. Je voulais que mon fils soit heureux. Je ne voulais pas de chicane. Quand on y pense, la plupart du temps, 10 ans plus tard, tout cela n’a plus d’importance... Mais c’est alors trop tard pour les enfants qui auront souffert pendant tout ce temps.

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Photo : Julien Faugere / TVA Pu
Photo : Julien Faugere / TVA Pu

Cette bonne entente permet à votre fils d’avoir une belle relation autant avec son père qu’avec sa mère?

Oui. Sincèrement, il faut parfois respirer profondément, mais ça marche. Pour en revenir à mon père, je l’ai perdu l’année dernière. C’était pendant la covid. En février 2022, nous n’avions pas le droit d’entrer dans les hôpitaux. Quand il est entré aux soins palliatifs, c’était la fin. Mon frère a eu le droit d’entrer et je l’ai rejoint.      

Avez-vous eu l’occasion de renouer avec votre père? De faire table rase du passé et de régler vos différends?

Il était trop malade pour que nous puissions vraiment renouer, mais je me suis rendue à son chevet. J’étais avec lui; il était entouré des gens importants pour lui. J’ai pu lui prendre la main, mais il était trop tard... (Anick s’arrête, émue.) Mais je sais qu’il était content. 

Vous pensez qu’il est parti en paix?

Oui. Ça faisait une semaine que nous attendions l’autorisation d’aller à son chevet. On ne nous laissait pas entrer! Imagine les milliers de personnes qui ont perdu un proche sans pouvoir lui faire leurs adieux... C’est fou! Quand je suis allée voir mon père, tout le monde savait qu’il m’attendait. Je me suis rendue à Québec, j’ai passé toute la journée avec lui et, deux jours plus tard, il est décédé. Ça s’est fait naturellement... Je craignais vraiment ce moment; je me demandais ce que j’allais pouvoir lui dire. 

Vous ne l’aviez pas vu depuis longtemps?

Je l’ai revu quand Simon avait environ cinq ans. Donc je ne l’avais pas revu depuis 10 ans. Il était très malade; il avait un problème cardiaque. Quand tu es rendu à la fin, sur ton lit de mort, c’est étrange ce qui se passe... On dirait qu’il n’y a plus de pudeur. Je suis arrivée, je me suis agenouillée à côté de lui et tout est sorti. J’ai fait un monologue de 20 minutes. Tout le monde pleurait. C’était juste vrai. Je n’étais plus fâchée. C’est étrange car, deux mois plus tôt, j’avais eu cette réflexion: je ne voulais plus être fâchée dans la vie. Autant j’ai pu être déçue de ma relation — ou plutôt de ma non-relation — avec mon père, autant je n’éprouvais plus ce sentiment à la fin. J’ai tout dit à mon père: que ce n’était pas grave, que nous n’avions pas su comment faire, que nous avions fait de notre mieux et qu’il pouvait partir en paix. Tous les bons mots me sont venus.

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C’est si facile de renouer avec quelqu’un quand on est dans la vérité, dans l’essentiel.

Oui, et j’ai pu lui dire tout ce que je ressentais avant qu’il parte. Le souhait de mon père, c’était que nous allions répandre ses cendres dans les îles Vierges britanniques, un endroit où il est souvent allé et où il était le plus heureux au monde. Il manœuvrait des voiliers. Nous sommes donc partis en famille et nous avons loué un catamaran, mes deux frères et moi. Ça nous a permis de passer du temps ensemble. Quand est venu le moment de jeter ses cendres dans sa baie préférée, nous avons tous plongé la main dedans pour les répandre dans l’eau. Mon fils y était aussi. Ç’a été un beau moment. On se rend compte que l’essentiel dans la vie, c’est d’être heureux. Les choses simples sont parfaites. C’est comme Roue de fortune: c’est une émission simple, mais elle est parfaite... 

Voyez Roue de fortune chez vous!, du lundi au mercredi, après Sucré salé, sur les ondes de TVA. Anick est ambassadrice d’Opération Enfant Soleil depuis 21 ans et elle est le visage de Neovadiol pour Vichy Canada.

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