Amené à jouer des «bums», Olivier Barrette aimerait faire de la comédie
Daniel Daignault
Depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Montréal il y a plus de 10 ans, Olivier Barrette a souvent été appelé à incarner ce qu’il qualifie lui-même de bad boys. Des personnages souvent exigeants à jouer, pas très sympathiques aux yeux des téléspectateurs, comme celui qu’il interprète actuellement dans la série À cœur battant.
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Olivier, à quel moment as-tu tourné les scènes d’À coeur battant?
C’était en juillet dernier. J’étais à Barcelone et je devais aussi revenir pour jouer à La Licorne. J’étais bien content, parce que ça faisait longtemps que je n’avais pas fait de théâtre. Ça s’est passé rapidement pour À cœur battant; je suis sorti de l’avion, et on a tourné deux jours plus tard.
Quel rôle joues-tu?
Tu sais, ce ne sont pas exactement des personnes lumineuses là-dedans, mais ce sont des personnages en trois dimensions qui viennent souvent d’un milieu difficile et qui n’ont pas beaucoup de vocabulaire. Ils ne savent pas s’aimer et font des choix horribles. Alors, je fais l’un de ces écorchés-là.
Quel drame vit ton personnage?
Il a deux enfants, et un troisième arrive. C’était un imprévu pour sa blonde, Laura (Eve Lemieux), et lui. Ça ne leur tentait pas d’avoir un autre enfant. Ils essaient tant bien que mal de négocier l’arrivée de cet enfant, mais ils ne s’entendent pas et s’éloignent de plus en plus l’un de l’autre. Le fardeau devient toujours plus lourd et, inévitablement, la violence augmente. C’est pas jojo. J’ai tourné mes scènes avec Eve Lemieux et Eve Landry, et aussi avec Maxime Mailloux (qui joue le rôle de Fabien Gauthier). Les trois enfants sont vraiment super bons, ça n’a pas de sens! Il fallait qu’on ne soit pas de bons parents avec eux, et ça m’arrachait le cœur. Ils comprennent que c’est un jeu, mais est-ce qu’ils le saisissent vraiment? J’y ai pensé pendant deux semaines, à ce que c’est que de se faire crier après par un monsieur que tu ne connais pas, même si c’est un jeu. C’est étrange. Cela dit, j’étais content, parce que j’ai eu beaucoup de scènes à tourner, on a eu de grosses journées et je suis dans tous les épisodes.
Quel est le nom de ton personnage?
Gaston! Le nom n’a pas de bon sens! (rires) Et son nom de famille est Mathieu. Me semble que Mathieu Gaston, ça va! (rires) Ç’a été super agréable de travailler le personnage avec Louise Archambault ( la réalisatrice). Je pense que la couleur qu’on lui a donnée est intéressante. Je suis assez content de ce que je lisais et de ce qu’on pouvait faire ensemble. C’est un personnage en trois dimensions, et c’est beaucoup grâce à Louise et à Danielle Trottier ( l’autrice) que ç’a été possible d’arriver à ce résultat. Il a un peu d’humour aussi, et c’est bizarre, parce qu’on n’imagine pas que ce genre de bonhomme là puisse en avoir.
As-tu eu une grosse année 2023?
Oui, mais il n’y avait rien de tout ça qui était prévu, ni La Licorne ni À cœur battant. Et normalement, l’hiver, je suis en Espagne.
Qu’est-ce que tu fais là-bas?
Je travaille! Mais là, je suis ici depuis cet été et je joue au Théâtre La Bordée, à Québec, jusqu’au 10 février, après quoi je vais retourner en Espagne, à moins que j’obtienne d’autres rôles à la télé ici.
Parle-moi un peu de ta vie là-bas, ça m’intrigue!
J’ai un petit pied-à-terre là-bas depuis cinq ans. En Espagne, je joue des rôles que je ne fais pas ici, comme des prêtres, des producteurs de musique, alors qu’au Québec, je joue des tueurs d’enfants, des alcooliques, d’autres patentes du genre! Là-bas, il y a tellement de langues possibles; je peux jouer en français, en anglais, en allemand, en espagnol et en catalan. J’avais un ami qui était parti là-bas en résidence d’écriture, et il m’a suggéré d’y aller. C’est drôle parce que tu parles deux mots de catalan, et ils te présentent leur mère! Ça n’a pas de sens! Il y a une productrice qui trouvait bien intéressant qu’un Québécois parle catalan, alors elle m’a ouvert son carnet d’adresses, et je me suis retrouvé à passer une audition pour une station de télé qui est en quelque sorte le Radio-Canada catalan. Quatre mois avant, je ne parlais pas le catalan, et j’ai fait cette audition en faisant un monologue en plus. J’étais confiant, et ensuite, elle m’a demandé quand je déménageais à Barcelone! Ce n’était pas mon plan du tout, mais je lui ai répondu: «Le 15 septembre!»
Et c’est ce que tu as fait?
Oui, je suis revenu ici pour tourner mes dernières scènes dans O’ (il jouait le rôle de Rémi), puis je suis reparti en Espagne. Je n’ai pas eu le rôle pour lequel j’avais passé une audition, mais j’ai signé avec une agence et, sept jours plus tard, j’avais un rôle dans une série à Madrid. Ça s’est bien passé en arrivant là-bas. Alors, je vais là où il y a du travail qui m’est offert. Pour les rôles que j’ai joués là-bas, personne ne me reconnaissait, mais j’ai fait une grosse pub de Noël il y a deux ans, pour un grand magasin qui a pour nom El Corte Inglés et qui est un peu l’équivalent de La Baie. C’était une grosse affaire, une pub en 3D. Il fallait que je chante, que je patine, j’avais un enfant avec moi et j’étais déguisé en elfe! Et je devais sourire à l’écran, ce que je déteste! À un moment donné, alors que j’étais à Barcelone, mon agente, qui est à Madrid, m’a téléphoné pour me dire: «Olivier, tu mesures quatre étages!» Il y avait une immense photo de moi, déguisé en elfe, affichée pour la campagne de Noël. À ce moment-là, les gens me reconnaissaient, et mes amis m’ont niaisé. (rires)
Tu te plais à Barcelone?
Barcelone est une belle ville, et en plus ce n’est pas cher. Au début, je me tenais seulement avec des Catalans parce que je voulais m’intégrer, mais maintenant, je me tiens avec des expats, des Anglais, des Allemands. Il y a du monde de partout, mais il n’y a pas beaucoup de Québécois. Une journée, tu peux aller à la montagne faire du ski, et le lendemain, aller à la plage. Disons que c’est le meilleur des deux mondes.
On t’aurait dit que tu travaillerais comme acteur à Barcelone et tu ne l’aurais pas cru!
Non, ça n’a aucun rapport. Mais c’est le fun, j’ai des rôles différents là-bas. Ici, c’est plus étoffé. J’aime faire des écorchés, mais j’aimerais aussi jouer des bonhommes plus sobres. La première fois que j’ai souri à l’écran, je pense que c’était dans O’ parce que je faisais un garçon de bonne famille, bienveillant et travaillant. J’aime bien ça, ce genre de personnage là. Mais travailler en Espagne par mes propres moyens, en arrivant là-bas avec ma petite valise et mes connaissances linguistiques, et réussir à obtenir des rôles, ça m’a amené à me dire que je savais peut-être un peu ce que je faisais! Mais c’est sûr que ma priorité, c’est de jouer ici, au Québec.
Voudrais-tu éventuellement faire de la comédie?
Écoute, j’aimerais bien ça, mais on ne me l’a jamais proposé. En sortant de l’école, et sûrement parce que mon père (Michel Barrette) est un humoriste, je me disais que ce serait plus difficile pour moi de faire du drame. Je pensais que j’étais comique, mais j’ai plutôt fait des méchants.
Tu n’as jamais joué avec ton père?
On a fait un peu de scène ensemble, mais on n’a jamais joué tous les deux dans une fiction.
Tu parlais de théâtre tantôt... Tu joues actuellement à Québec?
Oui, à La Bordée, dans la pièce Heimat/ Revenir. C’est l’histoire d’un gars qui fait semblant qu’il habite à Berlin. Il rencontre une fille dans un bus et il l’invite au mariage de son frère. Elle propose de se faire passer pour une Allemande. C’est plein de dédales de mensonges, et c’est aussi une comédie qui se passe à Québec. L’autrice (Mary-Lee Picknell) est aussi dans la pièce, c’est elle qui joue l’Allemande. C’est bien bon, c’est très le fun.
À cœur battant, mardi 20 h, à Radio-Canada. Infos sur la pièce Heimat/Revenir, présentée jusqu’au 10 février: bordee.qc.ca.
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