Alex Nevsky explique pourquoi il a eu besoin d’une pause dans l’oeil public
Samuel Pradier
Le nouvel album instrumental Même l'impossible fleurit est signé de la beauté, un nom original qu'Alex Nevsky a volontairement choisi pour maruqer une rupture avec ses précédents disques pop. Ce projet se veut autonome, et deux carrières semblent désormais s'ouvrir pour le musicien et chanteur à ses heures. Il a accepté de nous parler de son album, des raisons de son nouveau départ et de ses aspirations profondes.
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Pour Alex Nevsky, l’idée de faire un album instrumental n’est pas nouvelle: elle germe dans sa tête depuis de nombreuses années. «J’y pense depuis mon passage à l’École de la chanson. En 2006, je l’avais même écrite dans mes principaux objectifs musicaux. Mais je suis devenu populaire en chanson et j’ai mis ça de côté. Reste qu’en 2008, alors que je faisais les premières parties des shows de Yann Perreau, je faisais déjà une chanson instrumentale au piano. Ça a toujours fait partie de ma vie.»
Le musicien avait toutefois le syndrome de l’imposteur, car il n’a pas de véritable formation en piano. «Je composais, mais il n’y avait que moi qui écoutais ces morceaux, avec ma blonde, ma fille et mes amis proches. En 2019, je suis allé en studio une première fois. Puis, début 2020, j’ai terminé l’album avec un quatuor à cordes. La pandémie — et tout le reste — est alors arrivée et ça m’a finalement laissé beaucoup plus de temps pour enregistrer de nouvelles pièces.» Tous les morceaux qu’on trouve sur Même l’impossible fleurit, l’album signé De la beauté, ont été enregistrés durant la dernière année. «J’étais très excité de sortir mes dernières compositions. C’est donc un long chemin qui m’a mené vers ça, mais j’ai toujours composé depuis que je joue du piano.»
Avant de reconnaître son talent pianistique et d’assumer ses créations, Alex Nevsky a dû franchir certaines étapes. «À partir du moment où j’ai compris que je n’avais pas besoin de jouer beaucoup de notes rapides pour faire passer une émotion, ça m’a libéré. Mais j’avoue que ça me fait très peur. C’est deux fois plus stressant pour moi de sortir ce disque qu’un album de chansons. Je n’ai pas le succès derrière moi, je n’ai pas cette sécurité. Pour moi, c’est plus stressant de montrer une autre partie de qui je suis.»
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LE POIDS DES MOTS
Si la plupart des pièces sont douces et contemplatives, on trouve aussi quelques compositions plus joyeuses. «Par exemple, j’imaginais à la base que La saison des amours serait une chanson pop. J’ai essayé des textes et ça ne fonctionnait pas, ça voulait juste vivre sans le poids des mots. Dans les dernières années, ce qui m’a fait beaucoup de bien est de pouvoir dire plus de choses en en disant finalement beaucoup moins. Je laisse la porte ouverte à toutes les interprétations possibles. La musique porte une émotion, mais ça me convenait davantage de laisser les mots de côté. Il y a aussi la pièce Aronde, plus joyeuse, qui est partie d’un début de chanson que j’avais faite, il y a sept ou huit ans. Libérée du poids des mots, elle s’est transformée. En fait, j’étais vraiment coincé avec les mots; c’est un processus intéressant de faire confiance aux mélodies.»
L’auteur-compositeur reconnaît qu’il a du mal à jouer avec les mots depuis déjà un certain temps. «Sur mon dernier disque, j’ai écrit seulement deux textes tout seul. Ça fait quand même longtemps que j’ai un blocage avec les mots. Je me suis mis une pression afin de raconter un certain genre d’histoire. La moitié de mes albums était basée sur des peines d’amour, mais je n’en vis pas actuellement. Je vis l’amour. Je pense que j’avais besoin de lâcher prise là-dessus.»
D’ailleurs, depuis que le projet De la beauté a pris forme, les mots reviennent tranquillement. Alex explique cela par le besoin de relâcher la pression. «Je n’avais plus de jus créatif. J’étais brûlé par tout ce qui se passait, mais je me disais qu’il fallait que je continue le cycle. Ça m’a enlevé l’envie de faire ce métier, le fait de me forcer, de ne pas respecter le rythme naturel des choses. Ce n’était plus viable
pour moi.»
Était-il fatigué d’être une personnalité publique, la vedette Alex Nevsky? «Exactement. J’avais vraiment besoin d’une pause. Ma première passion était de faire des chansons, mais je n’avais plus de temps pour ça. Je faisais de la télé, des contrats de pub... Tout pour remplir mon compte en banque, mais rien pour remplir mon cœur. C’est ce que je vis aujourd’hui. J’ai retrouvé les mêmes sentiments qu’à mes débuts: la reconnaissance et la gratitude. J’ai retrouvé ce qui me faisait vraiment vibrer.»
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CHANGEMENT DE VIE
À travers ces changements, Alex Nevsky et sa blonde, Vanessa Pilon, sont partis s’installer à la campagne, avant d’avoir leur petite fille, Claire, qui aura cinq ans en août prochain. «Je suis beaucoup dans la contemplation et dans l’émerveillement depuis que j’habite la campagne. C’est le grand luxe du temps, et ça change tout. En ville, j’avais un autre rythme, je ne prenais pas le temps de me déposer. Aujourd’hui, je prends le temps. Je m’assois au piano et je trouve 15 secondes d’une mélodie. La semaine d’après, j’y ajoute un autre 20 secondes, et tranquillement, petit moment par petit moment, ça devient une pièce.» Surtout, il le fait sans comparer ses compositions à ses chansons pop et sans se demander si elles vont jouer à la radio. «Je suis là, je le fais et il n’y a pas d’attente. Mon rapport à la nature a vraiment contribué à cet état d’esprit.»
La paternité lui a également permis de constater que ses valeurs n’étaient plus alignées sur ce qu’il était devenu. «Ce n’était juste plus viable d’être un personnage, de porter un masque, et à la maison, c’était difficile de l’enlever. J’étais pris dans le tourbillon du succès. Au début de la pandémie, j’ai réalisé que si mes valeurs étaient celles que je pensais, je n’étais clairement pas au bon endroit. C’était le bon moment de remettre tout ça en perspective. J’ai réalisé que je voulais être un père plus présent, et ce n’est pas vrai que ma carrière ou le fait d’être numéro un était si indispensable que ça. Offrir mon temps et être présent, plus patient, sont plus importants.»
UNE NOUVELLE ÈRE
Après cet album instrumental, pour lequel il va partir en tournée à l’automne, Alex Nevsky devine qu’il va vouloir sortir un disque pop. «Je me suis rendu compte que j’avais beaucoup de chansons dans mes cartons, j’en ai accumulé pas mal, mais je ne suis pas encore en mode création.» Il envisage toutefois de continuer à pratiquer son métier différemment. «Je vais le faire en respectant le rythme que j’ai envie d’avoir. C’est aussi une question d’intention. Je peux refaire de gros spectacles ou de grosses émissions de télé si mon intention est de faire du bien aux gens, de partager ma musique, de m’amuser et que ce n’est pas juste pour gagner de l’argent. Il ne faut pas s’éloigner des bonnes raisons pour lesquelles on fait ce métier. La promo, parler de moi, ça ne me dérange pas en ce moment parce que je suis vrai. Je ne le fais pas pour bien paraître, c’est juste l’expression de mon âme et de mon cœur.»
Alex Nevsky présentera De la beauté en spectacles, durant lesquels il va jouer toutes les pièces de l’album Même l’impossible fleurit.
Il sera les 20 et 21 mars, au Ministère, à Montréal, et le 24 mars au Palais Montcalm, à Québec. Pour plus d’informations, visitez son site.