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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Air Canada ouvre la bouche et bat de l'aile

Michael Rousseau
Michael Rousseau Photo Chantal Poirier
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Photo portrait de Denise Bombardier

Denise Bombardier

6 novembre 2021
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Pas question, comme on le fait trop souvent dans les médias, de changer de sujet et de parler d’autre chose que de la sortie déconcertante et insupportable du président d’Air Canada, ci-nommé Michael Rousseau.

Ce descendant de Franco-Canadiens anglicisés en trois générations nous permet de braquer les projecteurs sur les gens d’affaires du Québec, comme on aime les appeler.

D’abord, ne soyons pas étonnés que tous les partis politiques parmi lesquels se trouvent les adversaires les plus acharnés des lois québécoises sur la langue grimpent dans les rideaux depuis 48 heures. Au point où l’on pourrait croire que le PLQ est l’allié inconditionnel de la CAQ en matière de défense du français au Québec.

Monsieur Rousseau n’a parlé qu’en anglais durant ces dernières 14 années au Québec. Concluons qu’il ne fréquente pas les lieux culturels, théâtre, concerts de chanteurs célèbres et toute autre activité socioculturelle en français.

Unilinguisme obligatoire

Mais surtout, peu importe le nombre de francophones qu’il dirige ou rencontre, tous doivent s’adresser à lui dans « sa » langue. C’est le cas des deux francophones, membres du CA d’Air Canada, Jean-Marc Huot, avocat associé du prestigieux bureau Stikeman Elliot, et Madeleine Paquin, présidente et chef de la direction de Logistic.

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Trop de beau monde du milieu des affaires garde actuellement le silence. C’est peu dire que l’on n’apprécie guère les tempêtes linguistiques comme celle déclenchée cette semaine.

Pour sa part, Michel Leblanc, le PDG de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, a défendu ardemment sa décision d’inviter le PDG unilingue d’Air Canada à prendre la parole devant ses membres. D’ailleurs, Michael Rousseau a été très applaudi par l’auditoire en majorité francophone.

Le président d’Air Canada avait aussi déclaré que c’était tout à l’honneur de la ville qu’il ait pu vivre dans la région de Montréal sans apprendre le français. Cette phrase trahit l’incommensurable insensibilité à l’endroit du Québec de la part d’un Franco-Ontarien assimilé dont la mère et l’épouse sont, elles, francophones de souche.

Incohérence

Et voilà que pour faire amende honorable, il s’engage désormais (mais sur quelle base, grands dieux ?) à améliorer (!) son français. Mais comment peut-on améliorer, c’est-à-dire rendre meilleure, une langue que l’on ne possède pas et pour laquelle on ne peut avoir de respect dans les circonstances ?

Nous, Québécois francophones, sommes macro-agressés par des personnes qui en fait nient la légitimité de nos combats pour défendre la langue officielle du Québec dont ils se fichent cordialement. Le président d’Air Canada n’est donc pas le seul dans son camp.

À cet égard, Justin Trudeau, en nommant une gouverneure générale qui ne parle pas le français dans le Canada de deux langues officielles, rejoint l’esprit qui anime le président d’Air Canada.

À vrai dire, lorsqu’elles manquent d’arguments face aux protestations québécoises, des personnalités s’engagent à « parfaire » leur français. Et on semble les croire. On se tait aussi devant le lourd silence des gens d’affaires, empressés d’en finir avec ces « niaiseries » que sont notre langue, notre culture et les valeurs qu’elles incarnent.

Money should talk. Money is the goal

Telles sont les nouvelles devises du Québec en marche vers un enrichissement en anglais.

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L’unilinguisme des grands patrons: un problème? - Pierre-Olivier Zappa

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Le retour de Speak White - Mathieu Bock-Côté

Et si Michael Rousseau savait ce qu'il faisait? - Richard Martineau

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