Adopter un lapin à Pâques: une mauvaise idée aux graves conséquences, mettent en garde des refuges

Jérémy Bernier
Des refuges débordés par des lapins qui sont de plus en plus nombreux à être abandonnés dans la nature implorent les familles de réfléchir avant d’adopter impulsivement ces petites bêtes «complexes».
«On a toujours plein d’abandons, mais [dans les semaines après] Pâques, c’est le chaos!» déplore Francesca Lo Dico, du refuge Les Mignons Pompons, à Mascouche.
Presque aussi populaires que le chocolat en ce jour férié, ces petites boules de poils que sont les lapins ont frayé leur chemin dans le cœur des enfants. Et les éleveurs en sont bien conscients.

Durant la période de Pâques, les publicités de bébés lapins sont légion sur les réseaux sociaux.
Mais une fois que ces lapereaux deviennent adultes, de nombreuses familles s’en débarrassent, par manque de temps ou d’argent, constatent tristement des refuges.
«On garde environ 125 lapins, mais si on avait 1000 places, on serait quand même plein. On refuse entre 10 et 15 demandes d’abandon par semaine», déplore Nancy Lachance, propriétaire du Refuge ALSA (Adoption lapins sans abri), à Québec.
Des colonies sauvages
La situation est pire depuis la pandémie, explique la directrice générale de la SPCA de Montréal, Laurence Massé.
Comme la demande pour les chats et les chiens était immense, plusieurs familles se sont tournées vers les lapins.
Leur cycle de reproduction étant beaucoup plus rapide, des éleveurs peu scrupuleux y auraient vu une occasion en or de faire du profit, ajoute-t-on.

«Aujourd’hui, on se retrouve avec des problèmes de colonies de lapins domestiques abandonnés dans plusieurs villes au Québec. On n’arrive pas à régler le problème parce qu’ils se reproduisent à la vitesse de l’éclair», mentionne de son côté Mme Lo Dico.
Depuis quelques années, les villes de Montréal et Victoriaville ont interdit aux éleveurs et aux animaleries de vendre des lapins, ralentissant un peu la problématique.
Un regroupement de refuges a déposé une pétition pour que Québec emboîte le pas l’an dernier.
«Ça ne fait pas partie des priorités de la Ville pour l’instant», a toutefois indiqué le porte-parole de la Ville, Jean-Pascal Lavoie.
Des idées préconçues
Les intervenants contactés par Le Journal assurent qu’un lapin fait un merveilleux animal de compagnie, mais il faut d’abord s’informer.

L’entretien normal de ces petites bêtes peut avoisiner les 1500$ annuellement et ils doivent vivre dans un environnement leur permettant de faire au moins trois bonds sans restriction.
«Il y a beaucoup de gens qui pensent encore qu’un lapin, ça vit en cage, pas très longtemps, que ça aime se faire prendre comme un toutou... Mais ce sont des idées préconçues», mentionne Kathleen Bérubé, du refuge Le Terrier.
Ce sont en fait des bêtes complexes, curieuses et émotives qui ont besoin de temps pour développer une confiance avec l’humain et qui peuvent vivre une douzaine d’années.
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Une reproduction rapide
- Une lapine peut avoir jusqu’à 8 portées par année
- Une lapine peut s’accoupler à nouveau 10 jours après la mise bas de la portée précédente
- La gestation dure de 28 à 35 jours
- Une portée peut compter de 8 à 12 lapereaux en moyenne
- L’espérance de vie des lapins est de 8 à 12 ans en moyenne
Source: Syndicat des producteurs de lapins du Québec et SPCA de Montréal
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